Rétro Go LOSC ! Mickaël Landreau

Tout au long de l’année Go LOSC !, le magazine officiel du club nordiste, effectue une plongée verticale dans la vie des Dogues pour vous permettre de découvrir la face cachée de vos joueurs favoris. Aujourd’hui, LOSC.fr revient sur l'interview de Mickaël Landreau (parue dans Go LOSC ! n°18).

"À ce poste, tout est question de détails"

Un rapide coup d’œil à son palmarès plante le décor et force le respect. Après 1 ans d’un parcours limpide chez les pros, Mickaël Landreau s’apprête à  souffler sa 500e bougie parmi l’élite. Pour Go LOSC !, l’homme le plus expérimenté de Ligue 1 prend le temps de se retourner sur sa (déjà) spectaculaire carrière. Approche du métier, évolution du poste, ambitions : le Numéro 1 des Dogues plonge dans une interview confessions.

Mickaël, bonjour. Tu es le gardien le plus expérimenté de Ligue 1. Pour durer au plus haut niveau, quelles doivent être les qualités essentielles du dernier rempart ?
Mentalement, le gardien doit être costaud et dégager beaucoup de confiance, histoire de rassurer ses partenaires. Sur le plan technique, il faut posséder une palette de qualités assez complète, de la prise de balle au placement, en passant par l’anticipation. Le poste a tellement évolué ces dernières années que le jeu au pied est lui aussi devenu indispensable.

C’est-à-dire ?
Depuis que la règle interdisant au gardien de saisir le cuir à la main sur une passe d’un partenaire a été adoptée, nous devons jouer 7 à 8 ballons sur 10 au pied. Personnellement, je pense que cette mutation a favorisé mon épanouissement au plus haut niveau. Enfant, j’avais presque plus de facilités à évoluer dans le champ que dans les cages (il se marre).

En parlant de tes qualités, lesquelles ressortent en premier ?
Finalement, mes points forts sont les mêmes qu’à mes débuts : la lecture du jeu et l’anticipation. À l’inverse, j’ai toujours dû travailler davantage certains aspects. Il me faut par exemple compter sur des jambes solides et une condition physique au top pour compenser ma taille (1,84 m). Aujourd’hui, mesurer le mètre 90 correspond mieux aux exigences du poste.

Parmi ton éventail de qualités, ta capacité à arrêter les penalties est souvent mise en avant…
(il coupe) Pour moi, c’est indépendant du poste de gardien car cela intervient sur une phase arrêtée. Bien sûr, c’est toujours un plus et cela me caractérise. Mais il serait réducteur d’attribuer la capacité à stopper les penalties aux qualités propres d’un gardien.

Quel est ton secret ?
(il réfléchit) Je pense qu’il n’y en a pas vraiment. L’idéal, c’est de rester à l’écoute de plusieurs choses : sentir la particularité du tireur, maîtriser l’environnement, l’instant... Il faut allier tout ça à sa lecture du jeu, en essayant de partir au moment parfait et avec explosivité.

On dit souvent du goal qu’il est le chef de la défense. Cette qualité de leader ne s’acquiert-elle qu’avec le temps ?
Disons qu’elle s’accentue avec l’expérience. Pour ma part, j’ai toujours entretenu une certaine complicité avec mes défenseurs, restant entièrement concerné par le jeu et par tout ce qui pouvait se passer autour, notamment les coups de pied arrêtés défensifs.

Finalement, à quoi juge-t-on un bon gardien ?
À sa régularité au plus haut niveau, à ses arrêts décisifs, mais aussi à d’inévitables maladresses et à sa capacité à enchaîner derrière. À ce poste, tout est question de détails. Après, il faut aussi savoir se montrer présent et efficace dans les grands rendez-vous, mais également être solide quand la situation de l’équipe devient plus difficile.

Tu à disputé cette saison ton 500e match en Ligue 1. Quelle est ta recette pour durer au plus haut niveau ?
J’essaye de ne jamais me reposer sur mon vécu, même s’il me permet parfois de mieux aborder certaines échéances. Le jour où on ne souhaite plus progresser, c’est là qu’on régresse. Et cela vaut pour tous les métiers ! À chaque entrainement, je me bats pour donner le meilleur de moi-même et pour continuer à avancer. C’est essentiel.

On doit souvent te poser la question : le record du plus grand nombre de matches en Ligue 1 détenu par Jean-Luc Ettori (602 apparitions), tu y penses ?
(il sourit) Effectivement, les gens m’en parlent de plus en plus. Je ne te cache pas que je l’ai à l’esprit, naturellement, mais il reste encore beaucoup de chemin, non ? Le haut niveau est tellement exigeant que rien n’est jamais arrivé. Je fonctionne étape par étape.

Le métier de gardien de but, c’est aussi parfois celui de doublure. On imagine que dans ce cas, l’approche est différente ?
Elle l’est complètement, d’autant que le rôle de gardien remplaçant est très important dans un groupe. À titre personnel, je n’ai jamais vécu cette situation sur une saison complète, mais assez souvent avec l’équipe de France. L’avantage par rapport à un autre poste, c’est que les règles sont généralement assez claires dès le départ en ce qui concerne la hiérarchie.

Terminons sur la façon dont tu perçois ta « succession ».
La transmission aux jeunes, c’est quelque chose qui compte pour toi ? Complètement. Je pars du principe que le partage est important pour avancer. J’aime écouter, communiquer. Je ne suis pas quelqu’un de fermé. J’essaye de me montrer disponible et de rester juste dans mes conseils. Faut-il encore que le gardien, jeune ou non, ait la volonté d’échanger. Certaines remarques ne sont pas toujours agréables à entendre, c’est clair. Mais il faut parfois savoir accepter les choses qui fâchent pour atteindre le top niveau. J’ai moi même des gens autour de moi qui ne me font pas toujours que des compliments. C’est bien, cela permet de se remettre en question.