Retro Go LOSC ! : Interview croisée Chedjou-Eto'o

Tout au long de l’année Go LOSC !, le magazine officiel du club nordiste, effectue une plongée verticale dans la vie des Dogues pour vous permettre de découvrir la face cachée de vos joueurs favoris. Aujourd’hui, LOSC.fr revient sur l'interview croisée entre Aurélien Chedjou et Samuel Eto'o (parue dans Go LOSC ! n°15), effectuée depuis l'Afrique du Sud, où les deux Lions Indomptables ont disputé ensemble, la dernière Coupe du Monde.

Des Lions ascendants Indomptables

De Douala à Yaoundé, côté ballon rond, Samuel Eto’o règne avec sagesse et bienveillance sur sa horde de félins indomptables. À ses côtés dans la savane du Roi Lion, Aurélien Chedjou ne manque pas de rugir lorsqu’il s’agit de défendre la verte tunique du Cameroun. En direct de l’Afrique du Sud où ils disputaient ensemble le dernier Mondial, les deux fauves ont narré à Go LOSC ! “l’Histoire de la Vie“… la leur.

Chedjou : « Allez, on se lance. Dis-moi, Samuel, j’imagine que pour toi aussi, la déception est grande après nos deux défaites synonymes d’élimination de la Coupe du monde ? (l’entretien a été réalisé avant Cameroun-Pays-Bas, 1-2) »

Eto’o : « Je ne te le fais pas dire, d’autant qu’avec ce groupe, il y avait vraiment quelque chose de beau à réaliser. (d’une voix calme et posée) Pensons maintenant à l’avenir et à avancer ensemble. Les qualifications pour la prochaine CAN arrivent bientôt, il faudra être prêt. Et toi, à titre personnel, comment s’est déroulée ta première Coupe du monde ? »

Chedjou : « Comme pour toi, la frustration l’emporte sur le reste. Mais comme tu l’as dit, pensons désormais au futur. Personnellement, je me suis rapidement intégré au groupe. Il faut dire que je connais pas mal de joueurs dans l’équipe, comme Jean II Makoun, par exemple. »

Eto’o : « Jean II compte parmi les cadres maintenant. Tu ne vas pas me démentir si j’affirme que - comme toi -, j’entretiens d’excellentes relations avec lui. La sélection a toujours fonctionné ainsi : les anciens aidant les plus jeunes à s’épanouir. »

Chedjou : « Tout à fait ! À ce propos, je me souviens de ton soutien à mon arrivée en Espagne, en 2000. Nous étions plusieurs jeunes Camerounais issus de la Kadji Sport Academy à nous engager avec Villarreal. Notre ancien Président, Monsieur Gilbert Kadji, t’avait appelé pour t’indiquer que des petits frères débarquaient en Liga. Sans hésiter, tu nous as pris sous ton aile pour éviter que nous nous perdions en chemin. »

Eto’o : « Aujourd’hui, la “Kadji“ n’est plus seulement une porte d’entrée de jeunes joueurs camerounais vers l’Europe, c’est aussi une école formant les Lions Indomptables de demain. Je suis fier d’être passé par là, comme environ 60% de la sélection nationale actuelle. »

Chedjou : « C’est d’ailleurs là-bas que je t’ai vu pour la première fois. Tout gamin, j’étais encore pensionnaire quand tu es venu nous rendre visite. À l’époque, tu venais d’arriver au Real Madrid, tu étais déjà la voie à suivre pour nous tous, l’exemple parfait du joueur qui croyait en lui dur comme fer et qui, sans prétention, savait qu’avec le travail, il allait y arriver. »

Eto’o : « La première fois que l’on a vraiment fait connaissance, c’était en 2004, du côté d’Auxerre, n’est-ce pas ? »

Chedjou : « Oui, je passais un essai à l’AJA et parmi les prétendants, il y avait ton petit frère, David (ancien joueur de Sedan). Je venais d’arriver de Pau et j’avais un avion à prendre à l’aéroport de Roissy. Tu m’y as gentiment conduit en voiture. Ce fut un plaisir de discuter avec toi. À cette époque, je devais évoluer un cran plus haut sur le terrain, il me semble… »

Eto’o : « Et pas qu’un peu ! Te voir aujourd’hui au poste de défenseur central me surprend presque. Par le passé, on t’appelait Zidane, c’est dire si ton registre était plus offensif. Tu as tellement de qualités que tu peux te permettre de jouer à plusieurs postes. Je voulais te le dire : je suis fier de toi. Tu t’es toujours battu pour te faire un nom dans ce monde et aujourd’hui, ton travail porte ses fruits. J’espère que tu auras une longue et belle carrière. »

"Je suis fier de toi. Tu t’es toujours battu pour te faire un nom dans ce monde et aujourd’hui, ton travail porte ses fruits. J’espère que tu auras une longue et belle carrière."
Samuel Eto'o

Chedjou : (quelque peu gêné) « Merci. Quant à toi, inutile de te dire que tu t’es encore bonifié dans ton jeu tout en rupture. Quand on voit ton gabarit et la façon dont tu trimbales tes adversaires, ça force le respect. Balle au pied, tu es un poison pour toutes les défenses. D’ailleurs, à ce propos, quels conseils donnerais-tu aux jeunes footballeurs qui rêvent de devenir un redoutable buteur, comme toi ?»

Eto’o : « Plus qu’un grand attaquant, devenir un bon joueur nécessite avant tout du travail. Il faut se donner les moyens de réaliser ses rêves. De nos jours, certains jeunes sont d’abord animés par la récompense financière. C’est une erreur. Le plus important est de prendre du plaisir dans son métier. Avouons-le, nous avons la chance de pratiquer le plus beau métier du monde. Gardons ça en tête tous les jours. »

Chedjou : « Parmi tous les joueurs que tu as côtoyés dans ta carrière, lequel t’as le plus impressionné ? »

Eto’o (il réfléchit longuement) : « Il y en a des tas, de Zidane à Ronaldinho en passant par Messi ou Xavi. En équipe nationale aussi, j’ai beaucoup appris auprès de Patrick Mboma, par exemple. En parlant de bons joueurs, on m’a parlé d’Eden Hazard, le petit Belge du LOSC. Je n’ai pas encore eu la chance de le voir à l’oeuvre, mais visiblement, il a beaucoup de talent. »

Chedjou : « Je te le confirme ! Au fait, Samuel, que penses-tu du LOSC ? »

Eto’o : « Pour moi, le LOSC figure parmi les meilleurs clubs français. En plus, il a souvent compté des joueurs camerounais dans ses rangs. J’aime beaucoup Lille, c’est une très jolie ville. J’ai même effectué un crochet par le Stadium, il y a quelques années, pour un match des Dogues auquel j’avais été invité par Jean II Makoun. Ce jour-là, je m’en souviens encore, il faisait très froid… (il se marre) »

Chedjou (l’air amusé) : « Dans le futur, nous évoluerons peutêtre ensemble sous le maillot des Dogues, qui sait ? J’ai déjà la chance de te côtoyer en sélection, alors pourquoi ne pas nous retrouver au LOSC, dans le Grand Stade Lille Métropole ? »

Eto’o (sérieux) : « En football plus qu’ailleurs, il ne faut jamais dire jamais. Tu m’as parlé de ce futur stade. C’est une très bonne nouvelle pour le club qui va encore grandir et attirer d’autres grands joueurs. Dis-moi, Aurélien, quels sont tes objectifs avec le LOSC la saison prochaine ? »

Chedjou : (il s’adresse directement au rédacteur de Go LOSC !) « Ça, tu peux l’écrire noir sur blanc : mon but, c’est de participer à l’UEFA Champions League. J’ai très envie d’y goûter. Et vu notre montée en puissance actuelle, j’espère que c’est pour bientôt. »

Eto’o : « C’est noté ! En sélection, en coupe d’Europe ou au pays, du côté de Douala, on n’a pas fini de se croiser... »

Chedjou : « C’est certain. Bon, on doit filer. Merci Samuel pour ta disponibilité. »