L'interview

Timothy Weah : "Chaque match est une finale"

Pendant cette Coupe du Monde 2022, chaque supporter lillois vibre forcément un peu pour la Team USA de Tim’ Weah. Buteur face au Pays de Galles (1-1) lundi dernier, l’attaquant lillois retrouve la compétition ce vendredi (20h) avec une magnifique affiche face à l’Angleterre. Il s’est confié à nous par téléphone, juste avant de plonger dans ce grand match.

Timo’, revenons un peu sur ce premier match du Mondial face au Pays de Galles (1-1). Avant de parler de ton but, j’aimerais savoir comment tu avais accueilli le fait de débuter la rencontre comme titulaire. Etais-tu surpris ?
Pas vraiment, non. Dès mon arrivée au Qatar, j’ai parlé avec le coach qui m’a dit à quel poste j’allais jouer. Puis durant les différentes séances d’entraînement de la semaine, je voyais que j’allais commencer la rencontre. C’est déjà quelque chose d’incroyable pour moi de disputer une Coupe du Monde, mais débuter le premier match comme titulaire, c’était magnifique.

Sur le terrain, on t’a senti plutôt en jambes, très disponible et percutant. As-tu eu cette même sensation ?
J’étais bien, oui. Très à l’aise physiquement. On est en pleine saison, nous sommes tous déjà dans le rythme. Et je pense que mes deux derniers matchs joués avec le LOSC avant la Coupe du Monde contre Rennes (1-1) et Angers (1-0) m’ont aidé. En étant positionné arrière droit, j’avais dû fournir beaucoup d’efforts, de courses à haute intensité. Je pense que ça m’a bien mis en forme pour ce premier match de Coupe du Monde. J’y ai retrouvé un poste que je connais bien, sur le côté de l’attaque. Je connais le job, ma mission pour l’équipe, à savoir percuter et multiplier les courses dans le dos de la défense.

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Comment sont les conditions de jeu au Qatar ? L’engouement ? Raconte-nous.
Il fait beau et pas trop chaud, franchement. Les conditions pour jouer au foot sont idéales. Je ne m’attendais pas à ça. Contre le Pays de Galles, on a joué à 22 heures (heure locale), il ne faisait donc pas chaud du tout. Les supporters sont très présents, que ce soit au stade ou aux Etats-Unis. On sent beaucoup de passion derrière l’équipe. Ça nous pousse à bien jouer. Quand j’ai vu après le match toutes les vidéos des gens qui sautaient et criaient au moment de mon but, ç’a m’a donné beaucoup de forces.

Justement, ce but, parlons-en. Décris-le-nous.
C’est Christian (Pulisic) qui me met un bon ballon dans le dos de la défense. C’est quelque chose que nous travaillons beaucoup à l’entraînement. Christian est un très bon joueur, il me fait une passe parfaite. Je n’avais plus qu’à la mettre. Mais ce n’était pas non plus si facile, car le gardien (Wayne Hennessey) était très grand et ma position assez centrale. J’hésitais entre le dribbler ou frapper direct. J’ai pris la décision de tenter ma chance en première intention. Il fallait vite choisir.

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Au final, tu frappes en une touche de balle, de l’exter’. Plutôt surprenant (et pas évident) comme geste, non ?
J’aime bien frapper avec l’extérieur du pied. Si tu te souviens bien, j’avais marqué un but un peu similaire à Montpellier il y a deux ans (2-3, 23/12/20). Le gardien ne s’attend jamais à ce que le tireur tente ce geste.

Qu’as-tu ressenti sur le coup ?
Sur le moment, je suis dans le match, je suis surtout content car ce but nous permet de mener 1-0. Content pour l’équipe, pour mon pays. Ce n’est qu’après la rencontre que j’ai réalisé que je viens de marquer en Coupe du Monde. Et pour ça, je dis merci à Dieu. Tous les footballeurs n’ont pas cette chance dans une carrière, dans une vie.

J’imagine que tu as pu débriefer tout ça avec ton papa après le match. Qu’en a-t-il pensé ?
Il était au stade. Il m’a parlé avant le match, m’a dit d’avoir confiance en moi, de faire mon travail du mieux que je pouvais et que tout irait bien. Je l’ai aussi vu après le match. Il était très content et fier, comme ma maman, comme tous les parents à leur place, j’imagine. Je sais qu’il n’a jamais eu l’opportunité de disputer une Coupe du Monde lorsqu’il était joueur. En marquant mon but, c’est comme si c’était lui qui avait marqué, je l’ai senti heureux de vivre ça à travers moi.

Au final vous concédez le nul dans un match que vous avez pourtant globalement dominé. N’étais-tu pas trop déçu après la rencontre ?
Si, forcément. Encaisser ce penalty en fin de rencontre a été difficile à vivre pour toute l’équipe. Mais voilà, c’est le foot. Le Pays de Galles a été meilleur que nous en deuxième période. On devra faire mieux la prochaine fois après la pause. En Coupe du Monde, les matchs ne sont pas pareils qu’en championnat. Physiquement, c’est plus dur, toutes les équipes jouent à fond, comme une finale.

"On l’a vu dans cette Coupe du Monde, toutes les équipes savent jouer, toutes les équipes ont de bons joueurs. Mais il y a aussi des surprises"

 Ce vendredi, vous avez rendez-vous avec une grande affiche contre les Anglais. Comment l’abordez-vous ?
Comme les autres matchs. Ils sont tous importants. Nous les prenons les uns après les autres, étape par étape. On travaille à l’entraînement, on le prépare et on fera tout pour le négocier du mieux qu’on le pourra. L’Angleterre est une très bonne équipe. On le savait déjà avant de les voir battre l’Iran (6-2). Ils ont de grands joueurs. Nous allons devoir être concentrés, défendre comme on sait défendre et attaquer comme on sait attaquer. On l’a vu dans cette Coupe du Monde, toutes les équipes savent jouer, toutes les équipes ont de bons joueurs. Mais il y a aussi des surprises.

Personnellement tu te sens comment ?
J’espère encore marquer, évidemment, mais le plus important sera de gagner. Si c’est un autre qui marque, alors je kifferais le moment de la même façon. Le principal, c’est l’équipe, c’est la victoire. Il n’y a rien de plus important.

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