Amandine Henry : "Après Portland, pourquoi pas le LOSC ?"

PAR FRÉDÉRIC COUDRAIS

Amandine Henry (26 ans) a tout gagné cette saison avec l’Olympique Lyonnais : le championnat, la Coupe de France et la Champions League. Celle qui compte 49 sélections en Équipe de France et un palmarès hors norme (3 C1, 9 titres de champion de France, 5 Coupes de France) s’apprête pourtant à quitter la France après 9 riches années à l’OL. Et en plus d’être une véritable star du football féminin, la native de Lille est aussi supportrice du LOSC ! La future joueuse de Portland a accepté le jeu de l’interview pour LOSC.fr afin d’évoquer notamment… la section féminine du LOSC. Entretien.

Amandine, bonjour. Tu viens de vivre une (nouvelle) saison exceptionnelle avec l’OL…
Oui, on termine sur un triplé, je suis forcément contente de l’issue. Tout n’a pas été facile durant cet exercice 2015-2016 car il a fallu jongler entre les différentes compétitions, l’enchaînement des matchs. Et d’un point de vue personnel, je finie de la meilleure des manières mon aventure lyonnaise, un club où j’évolue depuis neuf ans. Je suis contente de conclure cette collaboration sur une bonne note. Je ne pouvais pas rêver mieux.

Après neuf ans à l’OL, tu apprêtes à vivre une nouvelle aventure aux USA avec Portland. Tu nous expliques ?
J’ai eu la chance de faire le plein de titres avec Lyon et je pense que le moment était venu pour moi de partir pour découvrir autre chose. Je vais donc démarrer un nouveau chapitre de ma carrière aux Etats-Unis, à Portland où je me suis engagée pour deux saisons. Je vais apprendre une nouvelle culture, découvrir un nouveau championnat, de nouvelles partenaires. J’en suis vraiment très heureuse.
 


Comment abordes-tu ce challenge américain ?
Au bout de neuf ans, quand on a tout gagné, on se dit qu’on a fait le tour de la question. Dans notre championnat, quand on a rencontré les trois-quatre concurrents directs, la saison est presque terminée… Ce que je recherche, c’est l’adrénaline, l’ambiance. C’est ce qui me manquait un petit peu aussi. Ne pas savoir si on va gagner ou perdre chaque week-end, on va dire que c’est plus attrayant.

Tu es native de Lille et donc supportrice du LOSC, n’est-ce pas ?
Bien sûr. J’essaye de les suivre au maximum, même si c’est plus difficile depuis que je suis à Lyon. Auparavant, depuis toute petite, mon père m’emmenait souvent voir des matchs, quasiment à chaque fois en fait. J’étais à fond derrière le LOSC. Il y a eu des supers joueurs dans cette équipe lilloise et même s’ils partent au fur et à mesure, l’équipe reste compétitive chaque année. Le LOSC a su garder une belle ligne de conduite et je trouve que c’est un bon club.

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Es-tu déjà venue au Stade Pierre Mauroy ?
Non, je n’en ai pas encore eu l’occasion, car le plus souvent, je joue moi aussi le week-end.

Tu es la bienvenue…
C’est gentil, merci. Je prends note de l’invitation. En revanche, j’allais au Stadium et à Grimonprez Jooris. J’étais une vraie supportrice du LOSC (rires). J’étais à fond derrière l’équipe, je prenais également mon vélo au Bois de Boulogne pour aller voir leurs entraînements. Bon, ça commence à dater car ensuite je suis partie à l’OL et j’avais moins l’occasion de les voir. Mais mon père vient tout le temps au stade et j’aimerais le découvrir prochainement…

Et que penses-tu de la création de la section féminine ?
J’ai suivi tout cela à distance, mais avec la plus grande attention. D’autant que je connais quelques filles de l’effectif comme Rachel Saidi ou bien encore Sarah Clay. Ça me fait plaisir de les retrouver dans la même équipe, à défendre ce blason du LOSC.

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Ton avis sur leur parcours cette saison ?
J’ai regardé ça de loin, l’objectif maintien a été rempli. Maintenant, ce n’est pas facile quand on crée une équipe dans une structure pro, il faut du temps pour que la mayonnaise prenne. Ce n’est pas simple, d’autant qu’il faut aussi assumer le fait de passer de Templemars à Lille, de défendre ce maillot du LOSC, ce qui met une pression supplémentaire sur les épaules des filles. Les autres équipes se motivent encore plus au moment de rencontrer ce genre de formation. Pour une première saison, c’est encourageant. Il faut maintenant poursuivre sur cette même voie pour grandir. Je leur souhaite à terme d’aller en D1.

"Venir à Lille ? Oui, je m’imagine bien un jour porter ce maillot du LOSC. Pourquoi pas ?"

En tout cas, on imagine que tu es contente que le football féminin prenne de l’ampleur à Lille…
Je dirais même enfin une section féminine au LOSC (elle se marre) ! Car jusque-là, aucun club professionnel de ma région n’avait lancé son équipe féminine. J’espérais toujours pouvoir revenir un jour dans le Nord pour y jouer. Voilà, même si pour l’instant, je me suis engagée sur un nouveau challenge. Pourquoi ne pas finir ma carrière au LOSC ? Cela serait vraiment sympa. Et puis aussi de les voir évoluer en D1.

Te voir porter ce maillot du LOSC, c’est possible ?
Déjà, je ne suis plus à Lyon, je ne pourrais donc pas jouer contre le LOSC (rire). Maintenant, je n’ai signé que deux ans aux Etats-Unis, on ne sait pas de quoi sera fait la suite. Venir à Lille ? Oui, je m’imagine bien un jour porter ce maillot du LOSC. Pourquoi pas ? J’aimerais bien, oui, d’autant que toute ma famille vit encore dans le Nord.

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Tu représentes le Nord avec fierté à travers le foot féminin…
Oui, j’essaye de donner la plus belle image de ma région, de la représenter fièrement, avec les Bleus, Lyon ou prochainement à Portland. On est d’ailleurs souvent quatre-cinq filles de la région en Équipe de France. On arrive aussi à vivre de notre sport. J’espère qu’il y en aura d’autres par la suite car c’est génial de pouvoir s’épanouir de sa passion. On n’est pas à plaindre et certains se lèvent tous les jours à six heures du matin pour aller à l’usine, pendant qu’on chausse des crampons pour aller faire ce qu’on aime.

Et prochainement place aux Jeux Olympiques de Rio qui se dérouleront en août. Un autre beau défi en perspective ?
C’est quelque chose de magnifique pour nous de les jouer, mais ça serait encore plus grand si on revenait avec une médaille. C’est notre objectif, d’autant que ça se jouera au Brésil, sur une terre de football. Je pense que ça va être un beau spectacle et au-delà du foot, il y aura tous les autres athlètes du groupe France. Ça va être beau à vivre.

Pour finir que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Justement, une médaille aux Jeux Olympiques, j’aimerais bien (sourire) pour commencer. Et ensuite deux belles années à Portland, j’espère.

Merci Amandine Henry et bonne chance pour ce nouveau challenge à Portland.