Johnny Ecker sous un autre angle

PAR MAXIME POUSSET

Trois années à Lille (98 matchs), autant à Marseille (73 apparitions). Une participation à la Champions League de chaque côté et des souvenirs en rafale. Dogue puis Olympien dans les années 2000, Johnny Ecker a écrit l’histoire dans un camp comme dans l’autre. À aujourd’hui 44 ans, l’ancien latéral gauche observe avec intérêt ses deux anciens clubs s’affronter.

Johnny, bonjour. Tu as porté le maillot lillois pendant trois années (1999-2002), probablement les trois plus belles des années 2000. Tu confirmes ?
(sourire) Je ne sais pas si elles furent les meilleures, mais il est clair qu’on a vécu trois saisons exceptionnelles avec d’abord la montée en Ligue 1 en 1999-2000, puis la troisième place qui nous a permis d’accrocher le tour préliminaire de la Champions League en 2000-2001 et enfin cette fameuse qualification contre Parme (0-2, 1-0) suivie du parcours européen en 2001-2002. De belles émotions, donc.

Comment expliques-tu une telle progression en si peu de temps ?
J’arriverais de Nîmes et j’ai trouvé à Lille un groupe exceptionnel de solidarité, avec un coach et un staff très compétents. Pas besoin de rappeler son nom, il s’agissait de Vahid Halilhodzic. Même si on en avait déjà, il nous a apporté ses valeurs. Alors bien sûr, il y avait aussi des joueurs de ballon dans cette équipe. Mais avec cette force de caractère associée à un brin de chance, nous avons réussi de grands exploits.

Qu’aviez-vous de plus que les autres ?
Nous étions des joueurs moyens de Ligue 2, nous sommes devenus des joueurs moyens de Ligue 1 grâce à cette rage, à cette envie, à cette exigence, à cette passion de jouer tous ensemble, de donner le maximum. Il existait un vrai feeling. Nous étions 28 joueurs, on n’en lassait jamais un en rade. C’était une bande de copains, finalement. J’ai beau réfléchir, je n’ai jamais retrouvé cet état d’esprit ailleurs.

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En 2017, peut-on imaginer voir un club passer de la Ligue 2 à la Champions League en un an ?
C’est difficile à envisager, c’est vrai. Et puis le football a évolué depuis. La cohésion de groupe est parfois plus difficile à trouver car l’instabilité est plus grande. Ça fait partie du jeu de voir ses joueurs qui flambent être convoités, puis partir dans de plus grands clubs. Nous l’étions aussi à l’époque, mais nous avons quand même terminé l’aventure ensemble.

Ce cycle s’achève en 2002 avec le remplacement d’Halilhodzic par Puel. À l’instar de Cygan (Arsenal), Bakari (Lens) ou Cheyrou (Liverpool), tu quittes aussi le LOSC, direction l’OM. On imagine que tu y réalises-là un rêve de gosse…
Oui. Honnêtement, jamais je n’aurais pensé un jour pouvoir jouer à l’OM. J’étais libre, je sortais de trois belles saisons et j’ai eu la chance d’avoir une dizaine de propositions. L’OM est arrivé au dernier moment. Pour moi qui est originaire du sud et qui a toujours été supporter olympien, c’était un rêve. Et je ne regrette pas de l’avoir réalisé. Je me suis toujours dit que j’étais un joueur moyen. Le fait d’avoir pu évoluer à Marseille dans ma carrière est quelque chose de magnifique. Je ne l’ai pas usurpé. J’ai beaucoup travaillé pour ça et c’est arrivé.

Comme au LOSC, tu y évolues trois ans (2002-2005). Et comme au LOSC, tu y disputes la Champions League…
Là encore, nous sommes passés par le tour préliminaire et là encore, nous avons été reversés en Coupe de l’UEFA (l’ancêtre de l’Europa League). À Lille, on s’incline sans perdre contre Dortmund (1-1, 0-0), après avoir éliminé la Fiorentina (0-1, 0-2). Tandis qu’à Marseille, cette année-là (2003-2004), nous allons jusqu’en finale contre Valence (2-0) après avoir éliminé Liverpool, l’Inter et Newcastle, notamment. Ça en fait des souvenirs, des flashs merveilleux, intenses qui me reviennent sur l’ensemble de ma carrière.

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Aujourd’hui, le LOSC et l’OM s’apprêtent à se retrouver pour un rendez-vous très attendu. Ce match t’intéresse-t-il ?
(il coupe) Oui bien sûr. Vous savez, je continue de suivre les résultats du LOSC et de l’OM. Je suis plus souvent au Vélodrome qu’au Stade Pierre Mauroy car je vis dans le sud, mais je garde un œil sur l’actu’. Les Lillois ont connu pas mal de changements ces derniers temps, ils ne vivent pas une saison évidente tandis que l’OM aimerait se mêler à la course pour l’Europe.

Sur quoi va se jouer ce match à ton avis ?
Les deux équipes sont capables de d’imposer leur force à domicile, mais aussi d’aller réaliser un coup à l’extérieur. Ils ont tous les deux besoin de points pour accomplir leur objectif respectif. Il y a de bons joueurs offensifs de chaque côté. Je pense donc qu’on va assister à un match assez ouvert avec pas mal de buts. Que le meilleur gagne !

Pour beaucoup de supporters lillois, le nom de Johnny Ecker fait immédiatement référence à un coup-franc. Tu vois duquel on parle ?
(il sourit) Oui, oui, je vois très bien, tu penses à Parme. Ça reste un moment inoubliable, car au-delà de ce genre de but que tu n’inscris qu’une fois dans toute ta carrière, tu aides ton équipe à se qualifier pour la Champions League. Mais il faut aussi savoir que sans un très grand Greg’ Wimbée au retour, mon but n’aurait pas servi à grand-chose. On a beaucoup souffert et on s’y attendait. Mais on a fait preuve d’une énorme force collective. On en revient toujours au même. C’est d’ailleurs ce que j’essaye d’inculquer chaque jour à mes jeunes. Si on veut réaliser quelque chose de grand, il faut d’abord une cohésion de groupe.
 

En parlant de tes jeunes joueurs, la dernière fois qu’on a pris de tes nouvelles, en février 2014, tu étais éducateur sportif pour les jeunes de Beaucaire. C’est toujours le cas ?

Ça a bien changé depuis… Je suis toujours chez moi, à Beaucaire mais j’ai créé mon club de football après être parti fâché du Stade Beaucairois. Je suis donc maintenant Président de l’Espoir Football Club Beaucairois (EFCB), le deuxième club de la ville. La première année, en 2015-2016, nous étions 150 licenciés. Nous sommes aujourd’hui 250. On bosse bien. Depuis l’année dernière, nous avons un partenariat avec le Montpellier HSC. On devrait d’ailleurs bientôt y faire signer quatre de nos jeunes.

Merci Johnny pour ta disponibilité. Bonne saison à toi et à l’EFCB. ;-)

Malheureusement, Johnny Ecker n’aura pas la chance de vivre #LOSCOM en live, vendredi. Tandis que vous serez à coup sûr dans les tribunes du Stade Pierre Mauroy. Quoi ? Comment ça vous n’avez pas encore vos billets ? Ne cherchez plus, ils sont là.
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Lille-Marseille, c’est (seulement) 5h en TGV

Amalfitano et Civelli partis, Sliti reste le seul Dogue de l’effectif à avoir porté le maillot de l’OM (chez les U13). Mais quand on scrute l’histoire, (très) nombreux sont les joueurs à avoir défendu les deux tuniques. Si Passi et son adjoint Fernandez étaient Marseillais il y a encore six mois, Garcia et son staff (Bompard, Fichaux, Le Gall) ainsi que Payet ont gardé leur petit accent lillois. Pêle-mêle, citons également Angloma, Becanovic, Bonnart, Brisson, Brunel, les frères Cheyrou, Decroix, Domergue, Ecker, Elana, Galtier, Moussilou, N’Diaye, Nouma, Olarevic, Pardo,  Pedretti, Abedi Pelé, Piette, Reuzeau ou encore Ribéry.

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