Rony Lopes, l’aigle déjà fort

PAR JONATHAN MARTIN

S’il a su déployer ses ailes de Benfica à Manchester City - deux clubs frappés d’un aigle sur leur blason - de 2006 à 2014, c’est pour mieux atterrir au LOSC l’été dernier. Avec un talent pareil, on oublierait presque que Rony Lopes n’a que 19 ans et qu’il achève seulement sa première saison au plus haut niveau professionnel. Entretien avec ce milieu de terrain d’exception.

Rony, bonjour. Pour commencer, tu étais de retour en L1 face à Bordeaux (2-0, le 19/04) suite à ton carton rouge reçu à Saint-Étienne (2-0, le 22/03). Comment l’as-tu vécu ?
Ça s’est bien passé, même si j’ai manqué deux matchs à cause de ma suspension. Et avec la trêve internationale, ça m’a fait presque un mois d’absence sur les terrains de Ligue 1. J’ai donc senti une petite perte d’intensité dans les courses et l’endurance, car rien ne remplace la compétition. Mais comme je me suis bien entretenu durant cette période, j’ai vite pu revenir à 100% de mes capacités.

Il paraît que tu restes même après les entraînements pour continuer à t’exercer…
C’est vrai ! (il sourit) Il m’arrive une à deux fois par semaine de m’entraîner seul sur les pelouses de Luchin. J’essaie de travailler les coups-francs et toutes sortes d’exercices de ce genre. Ce que je veux, c’est pouvoir reproduire ce que je bosse dur à l’entraînement, en améliorant chaque geste. Le but est de devenir encore plus rapide et précis lors des phases de jeu qui se produisent en match.

Revenons à cette victoire face aux Girondins. Vous avez expérimenté une tactique avec Sofiane Boufal et toi tournant autour de Nolan Roux. Qu’en retiens-tu ?
Que du positif. On a bien démarré cette rencontre, en réalisant de très belles premières minutes. Avec Idrissa (Gueye) et Sofiane (Boufal), on a réussi à jouer à une touche de balle et je pense que c’est le chemin à prendre en football lorsqu’on veut déstabiliser un adversaire. On se rend le match plus facile. Le vrai attaquant, c’était Nolan (Roux). Du coup, Sofiane et moi étions un peu en électron libre. Ça tombe bien car j’adore pouvoir me sentir libre sur le plan offensif.

« Avec Idrissa et Sofiane, on a réussi à jouer à une touche de balle et je pense que c’est le chemin à prendre en football lorsqu’on veut déstabiliser un adversaire. »

Plus généralement, toi qui es à 3 buts et 2 passes décisives, comment juges-tu ta saison ?
Disons qu’au regard du poste que j’occupe dans mon équipe, je me dois d’augmenter ces statistiques. Maintenant, c’est aussi ma première saison à ce niveau et elle a été plutôt entrecoupée par les blessures ou dernièrement, par ma suspension. Je suis en apprentissage. Toutes ces épreuves me permettent aussi d’apprendre, pour ne pas les réitérer dans le futur. À la limite, j’ai envie de dire que j’ai connu tous les risques du métier de footballeur en une saison! Mais je suis venu au LOSC pour cela: progresser, me confronter aux joutes du championnat français et de ce point de vue, ce n’est pas trop mal, je pense. Je sens une confiance énorme qui émane du coach, de mes partenaires et des supporters. Tout ce qu’il faut pour qu’un joueur s’épanouisse et réussisse.

Passons au derby du Nord que tu vas découvrir. Comment l’imagines-tu ?
Par malchance, j’étais blessé lors du match aller au Stade de France (1-1). Pour autant, je sais qu’il y a une grosse attente autour de cette rencontre. J’ai pu constater que les supporters se donnaient à fond pour leur équipe. C’est l’un des derbies les plus reconnus en France. Après, il faut l’aborder comme tout joueur professionnel que nous sommes. On attend beaucoup d’ambiance. On fait ce métier pour vivre ce genre d’émotions. Et même si au classement, Lens se trouve dans une situation difficile, tout s’efface dans un derby. Chaque équipe veut l’emporter !

En ce qui concerne les derbies, toi qui viens de Manchester City, tu dois en connaître un rayon, non ?
Ah oui, celui contre Manchester United est complètement fou ! Bon, je n’ai pas encore eu la chance d’en disputer un, par contre j’ai eu l’occasion d’en voir un tant que spectateur. Il n’y a pas de mots assez forts pour décrire l’ambiance qui règne le jour de ce derby. C’est énorme d’avoir deux formations aussi performantes dans une seule et même ville. Il faut le vivre pour se rendre compte de l’environnement incroyable qui existe autour de ce match. Il est impossible de rentrer sur le terrain sans motivation tellement les supporters vous en donnent ! Le dernier que j’ai vu en vrai, c’était à l’Etihad Stadium. Van Persie avait offert la victoire à United (2-3, le 09/12/2012).

Quant à ceux que tu as vécus entre le SL Benfica et le Sporting Lisbonne, qu’en retires-tu ?
Je dirais que c’est différent, rien que par le fait qu’il n’y a pas mieux que le football anglais selon moi. Mais au-delà de ça, le vrai match qu’on peut comparer à un derby au Portugal, c’est Benfica-Porto. Il existe une vraie rivalité entre les deux clubs, un peu comme les PSG-OM en France. Après, j’ai joué des Benfica-Sporting, donc je peux d’autant mieux en parler. J’ai d’ailleurs vécu la meilleure saison de ma carrière l’année où nous avons tout remporté chez les moins de 15 ans du Benfica. Et il s’avère que j’avais fini meilleur joueur de la Ligue. Pour l’anecdote, juste avant de rencontrer le Sporting, on venait de gagner le championnat. Du coup, je me suis retrouvé à jouer ce derby les cheveux teints en rouge. Nous l’avons emporté (3-1) et j’avais réussi à marquer. J’en garde un excellent souvenir.

Merci à Rony Lopes pour sa disponibilité.