​​Grégory Tafforeau : "Au retour, tout peut s’inverser"

PAR MAXIME POUSSET

Recordman du nombre de matchs européens joués avec le LOSC (42), Grégory Tafforeau sait de quoi il parle, lorsqu’il évoque la perspective d’un match retour de coupe d’Europe. Avant le déplacement des Dogues à Amsterdam, ce jeudi (18h55), l’ancien capitaine lillois livre son sentiment sur la perspective d’un "exploit" losciste. Entretien.

Salut Grégory. Jeudi, le LOSC retrouve l’Ajax. En tant qu’observateur avisé du LOSC, comment abordes-tu ce match retour ?
Il est finalement devenu très simple à aborder, vu le scenario du match aller. Il n’y aura pas à réfléchir. Le LOSC devra retrouver les intentions de jeu qui sont les siennes depuis le début de la saison et qu’on a plutôt vu du côté de l’Ajax jeudi dernier. Avant la rencontre, on s’amusait un peu à comparer ces deux équipes, car elles sont des styles qui se ressemblent. J’étais curieux de voir ce que ça allait donner. Et on a vu qu’en face, c’était très fort. On a eu l’impression que les Néerlandais étaient sur un temps fort qui a duré plus d’une heure.

Que faut-il justement retenir de ce match aller ?
Que ce qui prime avant tout, c’est l’efficacité. Même si c’était un peu sévère pour l’Ajax, le LOSC a su marquer le premier. C’est la preuve qu’on sait se montrer efficace sur la moindre occasion. Malheureusement, nous avons craqué juste après en encaissant deux buts, dont un penalty très sévère. Mais le plus gênant selon moi, c’est ce deuxième but qui complique nos chances de nous qualifier. Ça a été une belle soirée pour l’Ajax, mais je suis persuadé qu’au retour tout peut s’inverser. En tout cas, le LOSC n’aura plus de calcul à faire.

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Qu’est ce que les Lillois devront mieux faire jeudi ?
Tout simplement, ce qu’ils sont habitués à faire en championnat, à savoir étouffer l’adversaire dans son camp, l’empêcher de ressortir. Face au LOSC, on voit souvent des adversaires incapables d’aligner trois passes. Et pour ça, il faut être plus serein dans la maîtrise du ballon, dans le fait de résister au pressing. Et ensuite, il sera aussi question de réaliser plus de différences sur le plan individuel. Surtout devant. Des joueurs en sont capables, notamment sur les côtés.

En quoi le fait que le match sera à huis clos rendra "l’exploit" moins difficile ?
L’Ajax, c’est une grosse ambiance quand le stade est plein. Mais cette fois, il ne le sera pas. Cet avantage de recevoir devant son public n’existe plus quand les matchs sont à huis clos. C’est donc un atout pour le LOSC, à condition de faire ce qu’il faut sur le terrain et de surtout revenir dans le match assez vite. Si tu veux les faire douter, il faut marquer en première période. Ce sera dur, on le sait, ça relèvera de l’exploit, mais ça reste possible, selon moi. En tout cas, j’y crois. Dans la préparation de jeudi, il faut oublier ce match aller. Cette équipe de l’Ajax a aussi des faiblesses, elle commet des erreurs individuelles, elle prend des risques. Il faudra les exploiter.

La victoire à Lorient (1-4) du week-end dernier va-t-elle aider à donner de la confiance ?
C’est un des avantages de jouer tous les trois jours. Quand tu perds, tu t’enlèves immédiatement le mal de tête car tu n’as pas le temps de cogiter, tu rejoues dans la foulée. C’était un déplacement loin d’être évident contre une équipe de Lorient qui restait sur cinq matchs sans défaite. Beaucoup y voyaient le LOSC tomber, mais l’équipe a montré sa force de caractère en signant probablement l’un de ses matchs les plus aboutis de la saison.

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Jeudi, les Lillois auront donc l’obligation de marquer. Comment aborder ce genre de match, toi qui a déjà connu ce cas de figure avec le LOSC, par le passé ?
À moins de réussir à plier la qualification à l’aller, le retour est toujours difficile à aborder, car il y a un calcul à faire. Mais dans le cas présent, Lille n’aura pas à calculer. Quand tu te déplaces, tu as souvent tendance à jouer de façon sécurisée, au moins en début de match. À l’époque, nous n’étions pas vraiment dans la gestion. Nous étions aussi moins armés offensivement que le LOSC l’est cette saison. L’un dans l’autre, je pense que l’exploit est plus faisable pour ce Lille-là à l’Ajax que pour nous à Manchester en 2007, par exemple (défaite 0-1 à domicile à l’aller et défaite 1-0 à l’extérieur au retour).

Que retiens-tu de ces matchs européens, toi qui en a disputé 42 avec le LOSC ?
On adorait ça ! Ce qu’on aimait surtout, c’était de découvrir de nouveaux stades, de pouvoir s’en imprégner la veille lors du dernier entrainement, de prendre nos repères. Nous avons toujours été impatients de vivre ces moments-là qui restent aujourd’hui de super souvenirs. Et le plus dur est toujours de revenir ensuite au championnat, surtout après une défaite européenne. Claude Puel nous disait souvent : « les grandes équipes ne perdent jamais deux fois de suite ». Tu es encore sur ton nuage qu’il faut déjà aller rejouer en championnat, dans des stades parfois plus petits. On a toujours bien su le faire et assurer en Ligue 1, car ça restait la priorité. Nous y étions attendus.

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Quel est ton plus beau souvenir européen ?
Quand je repense à tout ça, je retiens d’abord notre victoire contre Manchester au Stade de France en 2005 (1-0). Ne serait-ce que pour l’ambiance ce soir-là, mais aussi le scénario qui avait tourné dans le bon sens. Ça reste un super souvenir. Sinon, il y a évidemment aussi notre victoire à San Siro l’année d’après contre l’AC Milan (0-2), mais nous avions dû attendre deux ou trois minutes pour connaitre le résultat dans l’autre match pour savoir si nous étions qualifiés. Ce sont vraiment mes deux souvenirs européens les plus marquants.

Avant de se quitter, parle-nous un peu de toi, de tes activités aujourd’hui ?
Depuis cette saison, je suis consultant pour les matchs du LOSC sur la radio France Bleu Nord, aux côtés de Sylvain Charley. J’ai répondu à son invitation avec plaisir et j’ai conscience d’être un privilégié de pouvoir assister à des matchs dans ce contexte où les stades sont vides. À côté de ça, je suis aussi entraîneur au club d’Hellemmes. Ça me prenait pas mal de temps avant l’arrêt des compétitions. Sinon, je suis également restaurateur du côté de Mérignies, une branche qui est elle aussi très touchée par le contexte sanitaire, même si parvenons à faire pas mal de restauration à emporter. La situation actuelle n’est pas facile, il faut positiver, se dire qu’on va bientôt sortir de tout ça et qu’on sera encore plus forts pour repartir.

Merci à Greg Tafforeau pour sa disponibilité.
 


210223Taff.pngGrégory tafforeau

 

Né le 29/09/1976 à Bois-Guillaume
Défenseur latéral gauche

Clubs : Stade Malherbe Caen (1998-2001), LOSC (2001-2009), Stade Malherbe Caen (2009-2011)

Recordman du nombre de matchs européens disputés avec le LOSC (42 matchs en 5 campagnes)