​Wolfsburg-LOSC 2014 : Vincent Enyeama se souvient

PAR MAXIME POUSSET

Il y a 7 ans, le 2 octobre 2014, la route du LOSC croisait celle du VfL Wolfsburg pour la toute première fois dans l’histoire européenne. Ce soir-là à la Volkswagen Arena, les Dogues accrochaient un nul de haute volée (1-1) face aux De Bruyne, Luiz Gustavo, Perišić et autre Bendtner. Héros de ce match, Vincent Enyeama n’a rien oublié de cette soirée d’Europa League, tout comme de ses années lilloises. Souvenirs.

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Comment vas-tu, Vincent ?
Icon_win_011114_02_03.pngTrès bien. J’ai la santé, la famille et la joie. Nous vivons toujours dans la métropole lilloise où nous nous sentons très bien. La région est magnifique. Le Nigéria reste mon pays, j’y retourne régulièrement, d’autant que j’ai des affaires là-bas, mais la France est mon autre pays et Lille, ma ville. J’ai la nationalité française maintenant. Pour ce qui est du foot, j’ai été bénévole au club de Croix pendant plusieurs mois, j’ai pris beaucoup de plaisir à apporter mon expérience aux jeunes footballeurs. Ça m’a donné envie de passer mes diplômes d’entraineur.

Si je te dis Wolfsburg 2014, quels souvenirs gardes-tu ?
Je me souviens d’un gros match face à une très bonne équipe. Ce soir-là, j’ai fait pas mal d’arrêts, j’étais comme un fou dans le but. On arrivait à tenir la victoire (ndlr : suite à une ouverture du score de Divock Origi sur penalty), le match était presque terminé, mais j’ai pris ce but incroyable sur lequel je ne pouvais vraiment rien faire (ndlr : une reprise de volée de De Bruyne en lucarne). C’était difficile à accepter sur le coup, car on avait fait le plus dur, mais c’est le football.

Peut-on dire que ta prestation à Wolfsburg ce soir-là restera ta plus aboutie sous le maillot lillois ?
(sans hésiter) Non. Vraiment. Des matchs comme ça, j’en ai fait d’autres. Et même certains beaucoup mieux que celui-là. Je pense à Paris, Monaco, Lyon ou même Krasnodar. Ça fait partie de mes meilleurs souvenirs au LOSC, c’est certain, mais il y en a eu beaucoup d’autres. C’est du passé maintenant. Ce sont des souvenirs. Comme on dit chez moi : « that’s the only picture we have ».

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Quand tu repenses à tes années lilloises, que gardes-tu en mémoire ?
Que de bonnes choses. C’est vrai que j’aurais aimé connaître une autre fin ici, que tout ne s’est pas terminé comme prévu, mais c’est ainsi, c’est le football. Je préfère ne retenir que les bons souvenirs. J’ai vécu au LOSC des moments magnifiques, amazing, parmi les meilleurs de ma carrière. L’équipe, les dirigeants, les joueurs, tout était très bien, l’histoire était belle.

Icon_gad300611_01_11.jpgTu es arrivé au LOSC en 2011 en provenance de l’Hapoël Tel-Aviv (Israël). Comment avais-tu alors vécu ce grand virage dans un nouveau pays, sous le maillot du club qui était alors champion de France en titre ?
Je me suis très vite intégré. Mon demi-frère (Aniekan) vivait déjà ici depuis quelques années. Il était lui aussi footballeur (à Dunkerque, Wasquehal, Grande-Synthe, notamment). On était tout le temps ensemble, on passait nos journées en famille, ça m’a beaucoup aidé. C’était génial de l’avoir ici avec moi. Ça m’a permis de tout de suite apprécier cette région où je me suis aujourd’hui établi.

Finalement tu joues très peu durant ta première saison au LOSC (3 matchs, dont aucun en L1). Si bien qu’en 2012-2013, tu es prêté (Maccabi Tel-Aviv). Comment l’as-tu vécu ?
Ça a été un moment difficile pour moi, car ça n’entrait pas dans mes plans. J’avais été recruté pour être mis en concurrence avec Mickaël Landreau. Mon objectif était donc de gagner ma place, j’avais confiance en moi, mais je n’ai pas eu la possibilité de m’exprimer. Je tiens à préciser que tout se passait bien dans le groupe, que ce soit avec Rudi Garcia ou les autres membres du vestiaire, mais moi, j’avais besoin de jouer. J’avais toujours été titulaire au cours de ma carrière et là, je me retrouvais numéro 2 pour la première fois. Ce n’était pas facile à vivre, mais ça fait partie de mon expérience, de mon histoire. Ça m’a permis de grandir en tant que joueur et en tant qu’homme.

En 2013-2014 te voilà de retour au LOSC. Et cette fois, tu gagnes ta place de titulaire. Le grand show "Vinpee" peut alors commencer !
(il se marre). Oui et ça a duré quatre ans (2013-2017). Quatre magnifiques saisons qui n’ont d’ailleurs pas toujours été faciles sur le terrain. Mais j’ai toujours essayé de donner mon maximum. J’ai connu de belles périodes. Je repense forcément à cette série de clean sheets, à ce record d’invincibilité qu’on était sur le point de battre… (ndlr : entre la 6ème et la 16ème journée de L1 2013-2014, la défense lilloise n’encaisse pas de but pendant 11 matchs, soit 1 061 minutes. Seul Gaëtan Huard fait mieux dans l’Histoire du championnat de France).

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Ce record, justement, comment l’as-tu vécu à l’époque ?  
Sans aucune pression. Tu me connais. Les statistiques, je laisse ça aux autres, aux journalistes. Moi, je ne m’y intéresse pas, je dirais même que je m’en fous. Je passais ma journée tranquille, j’abordais le match de la même façon, avec la seule envie de le gagner. Que je reste sur 10 clean sheets ou 100 buts encaissés, c’est pareil, je me plaçais dans les mêmes dispositions, celles pour réaliser un bon match. Il ne faut plus penser au passé, mais toujours se concentrer sur la prochaine échéance.

La pression n’a-t-elle aucune prise sur toi…
Non, vraiment. Tu sais, avant d’arriver au LOSC, j’étais déjà titulaire en sélection nationale. Et au Nigéria, je peux dire que ce n’est pas la même ambiance qu’ici. La pression, c’est donc déjà quelque chose que je connaissais depuis longtemps. C’était même plutôt facile à Lille sur ce point-là, les gens n’étaient pas sur moi en permanence comme à une certaine époque dans mon pays où je devais passer ma journée avec des policiers, sinon c’était invivable. Ce feeling, je le connais.

Ils étaient comment les supporters lillois avec toi, justement ?
Très sympa et respectueux. C’était toujours un plaisir pour moi de signer un autographe ou de faire une photo dans la rue. Mais je ne vivais pas pour ça, je ne recherchais pas la notoriété. Ce n’était pas ça ma vie. Moi, je passe ma journée tranquillement avec ma famille.

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Gardes-tu un œil sur le LOSC aujourd’hui ?
Très franchement, j’ai un peu arrêté de suivre le foot depuis que je ne suis plus en activité. Je me tiens informé évidemment, je regarde parfois les résumés des matchs, avec mes enfants, car ils aiment bien le LOSC. Je sais qu’il y a actuellement une grande équipe à Lille, qu’elle fait de belles choses. Les joueurs méritent ce titre, je leur souhaite d’être tout en haut chaque saison. Mais pour le reste, j’ai vraiment basculé dans ma nouvelle vie, vers de nouveaux loisirs.

Quels sont-ils ?
Je joue beaucoup au golf. Pour garder la forme et éviter de prendre du poids (sourire). J’y joue tous les matins, que ce soit à Brigode, à Ronchin, à Bondues ou à Inesis. Parfois aussi à Mérignies, mais le parcours est encore trop difficile pour mon niveau actuel. Peut-être qu’un jour je serais comme Peter Odemwingie, qui est maintenant passé professionnel au golf, avec un index de zéro. Mais ce n’est pas mon but. Mon objectif est surtout de prendre du plaisir.


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Vincent enyeama

Né le 29 août 1982 à Aba (Nigéria) - Gardien de but

Carrière de joueur : Ibom Stars, NIG (1999-2001), Enyimba, NIG (2001-2005), Iwuanyanwu, NIG (2005), Bnei Yehoudah, ISR (2005-2007), Hapoël Tel-Aviv, ISR (2007-2011), LOSC (2011-2012), Maccabi Tel-Aviv, ISR (2012-2013, prêt), LOSC (2013-2018)

Palmarès : Vainqueur de Champions League africaine (2003 et 2004), vainqueur de la Supercoupe de la CAF (2004), champion d’Israël (2010 et 2013), vainqueur de la Coupe d’Israël (2010 et 2011), vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations 2013

Vincent Enyeama a notamment participé à 5 éditions de la Coupe d’Afrique des Nations et trois de la Coupe du Monde. Il est par ailleurs le recordman du nombre de sélections en équipe du Nigéria (101).