​Parole de supporters : Être Lillois, c’est quoi ?

PAR MAXIME POUSSET
 
Une identité, des valeurs, une passion et beaucoup de fierté. Au fond, c’est quoi être Lillois ? À quelques jours du derby LOSC-RCL au Stade Pierre Mauroy, ce samedi (21h), on a questionné les supporters sur leur identité de Lillois. Les membres des DVE (Dogues Virage Est), mais aussi ceux des Dogues de Paris, ainsi que les Jumeaux humoristes (Lillois), Steeven et Christopher nous donnent leur vision de Lille, du LOSC, mais aussi du derby.

Être Lillois, c’est quoi ?

Dogues Virage Est : « Il n'y a pas de réponse toute faite à cette question. Être Lillois peut s'exprimer de plusieurs de manières : se balader le samedi dans le Vieux Lille, s’offrir un tour de grande roue en décembre, faire son footing à la Citadelle le dimanche matin, arpenter les rues pendant de la Braderie, ou tout simplement avoir passé du temps à un moment de sa vie dans cette superbe ville (la plus belle !), hyper dynamique, étudiante, avec un bassin économique en plein essor, situé au carrefour de l’Europe… Comment ne pas en être fier ? »
 
Dogues de Paris : « Je dirais que c’est partager une passion commune, il y a 10 000 façons de vivre son identité lilloise. Certains de nos membres vont aller très souvent au stade, d’autres iront vivre les matchs dans un bar à Paris, tandis que d’autres auront juste envie de jouer au foot avec notre groupe. Mais on partage tous les mêmes valeurs. Quand on revient à Lille, on s’y sent bien. Tout est plus convivial, chaleureux, humain. C’est avant tout le cœur qui parle. »
 
Les Jumeaux : « Avec notre métier qui nous permet de voyager en France, on constate que beaucoup de gens sont fiers de leur région comme les Bretons, les Corses ou les Basques, notamment. À Lille, on a aussi un petit côté chauvin. On sait que notre région n’est pas la plus belle de France, mais ce n’est pas grave, le plus important, ce sont les gens. Et de ce côté-là, les Lillois sont sympas, généreux et fiers sans être prétentieux. Et puis la ville est belle. À taille humaine, on y mange bien. Gras mais bien. Tous les artistes vous le diront, quand tu viens jouer à Lille, le public est généreux. Il te remercie déjà d’être là, sur scène alors que dans d’autres villes, parfois, c’est "vas-y, fais-nous rire". »

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Des valeurs, oui, mais quelles valeurs ?

Dogues de Paris : « La convivialité et la solidarité en premier lieu. Les Lillois ont cette capacité à être plus ouverts. Dans notre groupe, il y a plusieurs profils, des jeunes étudiants de passage à Paris, aux anciens qui étaient dans les tribunes de Grimonprez-Jooris il y a 30 ans. Nous avons cette capacité à nous mélanger, à être ouverts et à intégrer tout le monde. C’est ça la mentalité lilloise. »
 
Dogues Virage Est : « On parle du Nord comme terre de générosité. Pour nous, c'est une des plus importantes : la générosité dans l'envie, dans l'ambiance que l'on peut mettre en tribune, dans nos actions (pour mémoire 980 repas/petit-déj/panier repas avaient été distribués par les DVE durant le premier confinement) et c'est aussi ce que nous voulons voir des joueurs sur le terrain. Qu’ils soient généreux dans l'effort, qu’ils se battent pour le maillot et qu’ils représentent fièrement ces couleurs. Dans l’Histoire, Lille a toujours eu un côté rebelle. Lille a souvent été assiégé mais s’est toujours défendue : cet esprit se retrouve dans l’histoire de la ville, du club et de notre groupe dont la devise est "rebelle mais fidèle". »
 
Les Jumeaux : « La générosité, aller au combat, l’abnégation, le courage, l’esprit d’équipe. Ce n’est pas pour rien que notre symbole est le Dogue. À Lille, on aime les joueurs qui mouillent le maillot. C’est peut être issu de la mentalité de notre région, de notre ville. On a toujours préféré des Balmont, des André, des Fonte ou même des Mothiba, qui ne lâchent rien, qui envoient des gros tacles virils mais corrects. »

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Comment se transmet la passion ?

Dogues Virage Est : « "Tout petit déjà mon père m'emmenait, à Grimonprez, du Virage Est pour toi mon cœur s'est enflammé, Lille OSC" Un des chants de la Tribune Nord qui donne un élément de réponse. C’est quelque chose qui se cultive avec les amis, la famille, mais je suis convaincu que nous y étions tous piqués avant d'aller au stade. Depuis 20 ans, les plus jeunes viennent davantage à Lille. Il suffit de voir le nombre de maillots du LOSC sur les épaules des gamins dans l’ensemble des clubs amateurs du Nord-Pas-de-Calais. »
 
Les Jumeaux : « Notre père nous emmenait, mon frère et moi à Grimonprez-Jooris. Notre premier match, c’était en 1998, un Lille-Louhans Cuiseaux. Il devait y avoir 5 000 personnes au stade, on pouvait même faire des foot dans la tribune. Ce que j’ai d’abord aimé, c’est l’atmosphère plus que le match. L’odeur de la pelouse, des friteries autour du stade, le long du canal à Vauban… C’est d’abord tout ça qui forge ta passion. Quand j’étais petit, je jouais à Salomé, le village où vivait alors Grégory Wimbée. Avec mes potes, on allait parfois sonner à sa maison, il nous offrait des photos dédicacées, des gants… J’aimais cette simplicité, ce côté humain, simple. »
 
Dogues de Paris : « C’est avant tout l’histoire d’une transmission. On reste pour toujours attaché aux choses vécues quand on était petit, qui nous ont donnés des étoiles dans les yeux. Cela a beau n’être qu’un match de foot tous les week-ends, ce n’est jamais la même chose, tu as toujours envie de revivre de grands moments. Et puis il y a les effets de générations. Dans notre groupe, on essaye de créer une dynamique collective. Les gens sont de passage, puis ont envie de rester avec nous car on vit des moments de sympathie assez forts. »

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Votre plus grande fierté de supporter ?

Dogues de Paris : « De supporter un club qui se développe depuis 25 ans, qui se bat avec ses armes, sans être le plus populaire et soutenu de France, mais qui réussit à atteindre de très hauts niveaux, à réaliser de grandes performances. Aller chercher le titre au PSG, montrer à l’Europe qu’on peut rivaliser avec les meilleurs… Tout ça, nous en sommes fiers. »
 
Dogues Virage Est : « Nous sommes fiers du groupe aujourd'hui et du boulot réalisé par de nombreuses personnes pour arriver à ce résultat dans l’organisation, le matériel, les tifos, les projets sociaux, notre local associatif, l’ambiance, les déplacements… Autant de sujets où nous sommes au rendez-vous. On peut aussi être fier de l’évolution du LOSC depuis le début des années 2000 car il est devenu l’un des plus grands clubs français en termes de palmarès, d’infrastructure, de classement annuel et de participation aux coupes d’Europe. »
 
Les Jumeaux : « Nous sommes fiers de ne pas tomber dans cette facilité de supporter un top club européen, mais de rester fidèles au club de notre ville. Quand tu es de Lille, tu supportes le LOSC, pas un autre club. C’est comme si tu étais Français mais que tu soutenais une autre équipe nationale. Le LOSC n’est pas toujours en haut de l’affiche, mais il réalise régulièrement des performances. Et quand il gagne quelque chose, notre bonheur est décuplé. C’est ça la fierté, celle de mesurer chaque ligne qu’on ajoute à notre palmarès, là ou pour un supporter parisien, par exemple, gagner est devenu la normalité. »

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Le derby, un match à part. Mais pourquoi ?

Dogues Virage Est : « On va peut-être choquer certaines personnes, mais le RCL est indissociable du LOSC. Même si ces dernières années, nous n'y étions plus confrontés, il en va de la suprématie régionale, même si elle n’est plus à prouver depuis un long moment maintenant. Les palmarès des deux clubs parlent d’eux-mêmes. Au-delà de deux villes et deux mentalités totalement différentes, c'est l'essence même du derby, un rapport de force pour montrer notre suprématie régionale qui se joue. Les jeunes qui nous ont rejoints en tribune et qui n'avaient pas connu de derby sont bien mis au courant et les joueurs doivent l'être également. C’est le match le plus important de la saison qu'il ne faut surtout pas perdre. Victoire obligatoire le 16 avril ! »
 
Dogues de Paris : « D’abord parce que ça fait super longtemps qu’on n’a pas vécu le derby dans des conditions normales. On n’a pas pu assister au 7-0 de la saison dernière. C’est extrêmement frustrant. Je pense qu’il y a eu aussi un effet de génération. Les plus jeunes n’ont pas connu les derniers derbies. C’est important pour la culture collective de les faire perdurer. Que Lens soit revenu en Ligue 1, on va dire que c’est très bien, pour rattraper le temps perdu. Sur ces matchs, il n’y a pas le choix, un jeu de chambrage se met en place. On compte donc sur les joueurs pour nous faire passer une bonne semaine. »
 
Les Jumeaux : « Il y a évidemment une dimension de suprématie régionale. On veut montrer que nous sommes toujours les leaders de la région. C’est le cas aujourd’hui, mais ça ne l’a pas toujours été. Quand j’étais plus jeune, j’étais en sport études foot à Billy-Montigny entouré de Lensois. Le RCL sortait d’un titre de champion, venait de battre Arsenal pendant que nous étions englués en D2. Je peux vous dire que je me suis fait énormément chambrer à cette époque. 25 ans plus tard, je n’ai plus de nouvelles de ces mêmes potes. Ah si, un peu au match aller. J’aime bien chambrer, ça fait partie du jeu. Cette saison, il y a un vrai enjeu sportif car les clubs sont proches au classement avec une place européenne au bout. »

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Supporters lillois, samedi, mettez le feu !

Dogues de Paris : « Il n’y a pas besoin de dire quoi que ce soit aux supporters. Ce match est automatiquement au-dessus des autres dans la liste de ceux qu’on a envie de gagner. Ce n’est même pas tant pour avancer au classement, mais c’est une histoire de supériorité, de prouver que le plus grand club de la région, c’est le LOSC. »

Les Jumeaux : « On ne sera malheureusement pas au stade samedi, on joue au même moment, à Troyes. Si j’avais un message aux supporters lillois ? De leur dire de montrer à nos joueurs ce à quoi ressemble une atmosphère de derby. J’ai adoré l’ambiance face à Chelsea, j’avais rarement vu quelque chose d’aussi intense à Lille. En tant que supporter, j’aimerais forcément voir ça à chaque match. »
 
Dogues Virage Est : « Il n'y aura pas grand-chose à dire. Chaque Lillois avait déjà coché ce match dans l'agenda. La tribune sera pleine et il faut clairement que le stade réponde présent. Contre Chelsea, on a su montrer que l'on pouvait faire de grandes choses. Il faut le même état d’esprit samedi prochain. On appelle tous les supporters des autres tribunes à apporter leurs maillots, écharpes, drapeaux et à porter haut nos couleurs. Reposez votre voix avant de façon à pouvoir tout donner pendant 90 minutes ! Il est temps de reprendre le chemin de l’Histoire : Lille dominant la région ! Allez le LOSC ! »

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