Wimbée-Pichot : Le LOSC au cœur, le Dogue comme valeur

Ils sont nés, ont grandi et ont été formés loin du Nord, loin du LOSC. Pourtant, Grégory Wimbée et Stéphane Pichot ont épousé les valeurs du Dogue. Ce même Dogue qu’ils avaient brodé sur leur maillot de joueur et qu’ils portent aujourd’hui avec fierté sur leur survêt’ de coach. Avant la reprise de la Champions League, ce mercredi (21h) face à Séville, ces deux légendes du LOSC européen d’hier devenus entraîneurs au centre de formation, nous parlent des valeurs du club de leur cœur. Entretien croisé.

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Lettres capitales, valeurs centrales

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Stéphane Pichot : « Depuis quelques mois, le LOSC a affiché les valeurs du club dans la cour du Domaine de Luchin, dans ce cadre magnifique où nous avons la chance de travailler. Chaque jeune joueur, mais aussi chaque membre du groupe pro peut s’en imprégner au quotidien. Pour moi, elles sont importantes et font écho à ce que j’ai ressenti quand je suis arrivé dans la région en 2000. Elles doivent représenter les bases pour tout footballeur qui sort d’ici et qui se doit représenter et honorer ces valeurs, peu importe où il ira par la suite. Elles font partie de l’identité de la région et du LOSC, nous devons les garder. Si elles sont affichées en grand, en très grand face à nous chaque jour, c’est bien pour que personne ne puisse les oublier. »

Grégory Wimbée : « Pourquoi le Dogue ? Il y a plusieurs versions à l’Histoire et je pense que Patrick Robert, le Président de LOSC Association est le mieux placé pour en parler. L’explication la plus commune reste qu’un journaliste parisien, il y a longtemps, avait qualifié les joueurs lillois de Dogues car ils n’abandonnaient jamais sur le terrain, à l’image d’un chien qui ne lâche pas sa proie une fois qu’elle est attrapée. J’aime beaucoup cette vision, car elle symbolise la réalité, selon moi. Fernando D’Amico, avec qui j’ai joué ici, a toujours répété cette phrase : "Il ne faut pas lâcher". C’est aussi l’une des grandes valeurs qui caractérise le LOSC. On le voit chez des garçon comme Benjamin André qui défend cette caractéristique de façon exemplaire. »
 

Humilité, abnégation, travail acharné… La philosophie lilloise

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Stéphane Pichot : « Il y a une vraie philosophie lilloise, qu’elle soit humaine ou footballistique, sur laquelle nous travaillons chaque jour dans tous les exercices et tactiques que nous mettons en place. Les jeunes qui sortent d'ici doivent vraiment transmettre cette identité, l’embrasser. Nous parlons d'humilité, d'abnégation et de travail acharné. Chaque joueur doit garder ça en tête. Quand on rejoint un club, on doit prendre conscience qu’il a un passé, un présent et un avenir. Il faut donc inculquer à chacun cette histoire passée ainsi que le projet d’avenir. »

Grégory Wimbée : « Je voudrais rebondir sur un mot très important écrit ici, celui de l’humilité. Je pense que c'est le premier que les jeunes joueurs doivent apprendre et appliquer. Sans vouloir qu’ils se sentent petit, je pense que nous devons tous faire preuve d'humilité. Nous savons d'où nous venons, où nous voulons aller et ce que nous devons faire pour y arriver. On sait aussi que les joueurs ne réussiront pas tous une carrière professionnelle. Mais il est important qu’à travers leur développement, nous les aidions à atteindre des clubs de National, National 2 ou National 3 dans la région, afin de porter ces valeurs au-delà du club. »
 

Un sens de l’accueil au service d’un projet de formation

Grégory Wimbée : « Nous entendons beaucoup parler d'hospitalité des gens du Nord. Est-ce un mythe ou une réalité ? Je suis originaire de l’Est de la France, qui est également une région accueillante. C'est vrai que quand tu arrives dans le Nord, même si mes premiers mois sont parfois difficiles, tu constates vite que les gens viennent vers toi, ils frappent à ta porte, se présentent, t’invitent, ont toujours un mot gentil quand ils te croisent dans la rue… Ce sont des petits détails, des choses qui peuvent paraître futiles, mais elles sont importantes. Elles te permettent de te sentir chez toi. Les gens ont parfois tendance à utiliser des mots à la mode, pas toujours sincères, comme celui de dire qu’on est une famille. Mais pour ma part, je l’ai réellement vérifié quand je suis arrivé ici en 1998. On recevait beaucoup d’amour de la part du public, des salariés du club. Nous le rendions sur le terrain car nous étions une vraie famille. Plus de 200 personnes travaillent aujourd’hui au LOSC : des joueurs, des entraîneurs, des administratifs… À mon époque, nous étions une trentaine. Il était donc plus facile d’être proche les uns les autres qu’aujourd’hui. Mais un esprit de famille perdure au LOSC, comme dans de nombreux clubs, d’ailleurs. »

Stéphane Pichot : « Malgré tout, je ne pense pas que ce soit partout pareil. Évidemment, Lille est une grande ville avec un vivier de footballeurs très important. Il y a donc naturellement ici des joueurs de qualité, les meilleurs de la région. De par son territoire, sa géographique et tous les pays et grandes métropoles qui l'entoure, il est naturel qu’une métropole comme Lille puisse s’appuyer sur un développement de qualité. Mais il faut donner envie aux joueurs de venir au LOSC, tout en veillant à bien les choisir, à bien les former. Ma mission, comme tous les éducateurs du club, est de travailler à remettre la formation lilloise sur le devant de la scène, comme c’était le cas il y a quelques années. L’objectif consiste donc à ce que plusieurs joueurs issus de la région, du club, intègrent l’équipe première dans les prochaines années. Nous savons que c'est un long chemin, que ce n'est pas quelque chose qui peut être fait du jour au lendemain. N’imaginons pas que dans un an, six ou sept joueurs feront le grand saut dans le groupe pro. Non, cela prendra quelques années. On m'a demandé de revenir pour cette mission et j’y travaille dur car c'est le souhait de la direction et le souhait du club. »

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Un passé de joueur précieux pour l’avenir

Grégory Wimbée : « Il est vrai que mon expérience d’ancien joueur peut aider de temps en temps à obtenir un peu de respect de la part des plus jeunes. Mais je ne suis plus joueur, je suis entraîneur. Je n’oublie pas que si je fais n’importe quoi à l’entraînement, ce respect sera vite perdu. Je dois donc avant tout être bon dans mon métier actuel. Maintenant, il est clair que d’avoir connu certaines choses dans ma carrière, comme celle d’être 17ème de deuxième division, puis de jouer la Champions League deux ans plus tard me permet d’expliquer que je ne suis pas devenu bon d’un seul coup. Simplement que nous sommes devenus bons tous ensemble. Et cela a été rendu possible grâce à beaucoup d'efforts, de sueur, de travail. »

Stéphane Pichot : « Le fait que le LOSC soit champion de France en titre est à la fois un élément plus simple, mais en même temps plus difficile pour un jeune joueur. Il est plus facile de progresser dans un groupe pro qui a été champion, car le niveau y est très élevé. Mais c’est aussi paradoxalement plus difficile, en tant qu’entraîneur, d’y amener des joueurs, car justement, le niveau y est très élevé. Mon travail consiste en partie à leur comprendre aux garçons qu’il y a encore beaucoup de travail à accomplir pour arriver à ce niveau. Ils doivent réussir à se rendre compte par eux même que l’écart est encore grand, qu'on n'obtient rien de gratuit et que pour percer chez les pros, il faut le mériter, il faut être professionnel du matin au soir. Avec des exigences importantes. Nous savons que seuls les meilleurs y parviendront. »

Grégory Wimbée : « Rien n’est jamais donné. C’est-à-dire qu’il faut travailler pour obtenir les choses. Dans le football, vous ne pouvez pas accomplir quoi que ce soit tout seul, vous aurez toujours besoin des autres. Et ça, c’est une vraie valeur du Nord, de Lille, celle de savoir dire : "Laisse-moi te prendre la main, laisse-moi t'emmener avec moi". C'est quelque chose que vous pourriez dire à vos amis comme à vos partenaires sur le terrain. "Je suis prêt à mourir pour vous et vous devez être prêt à mourir pour moi. Vous devez être prêt à vous sacrifier pour l’équipe.". C’est ainsi que vous gravissez les échelons et c’est ainsi que vous réalisez des choses que vous n’avez pas toujours cru possibles. »

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STÉPHANE PICHOT

Né le 2 septembre 1976 à Ernée (Mayenne)
Défenseur latéral droit, puis entraîneur

Carrière de joueur
France_7.png CS St-Pierre-des-Landes
France_7.png Ernéenne Foot
France_7.png Stade lavallois (1996-2000)
France_7.pngLOSC (2000-2004)
France_7.png Paris Saint-Germain (2004-2006)
France_7.png FC Sochaux-Montbéliard (2006-2009)
France_7.png RC Strasbourg (2009-2011)
Belgique_0.png Royal Mouscron-Peruwelz (2011-2014)

 

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GrÉgory wimbÉe

Né le 19 août 1971 à Essey-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle)
Gardien, puis entraîneur des gardiens

Carrière de joueur
France_7.png AS Nancy-Lorraine (1990-1992)
France_7.png OF Charleville (1992-1994)
France_7.png AS Nancy-Lorraine (1994-1997)
France_7.png AS Cannes (1997-1998)
France_7.pngLOSC (1998-2004)
France_7.png FC Metz (2004-2006)
France_7.png Grenoble Foot 38 (2006-2009)
France_7.png Valenciennes FC (2009-2011)