Focus sur Hélène Defrance, diététicienne et médaillée olympique

PAR MAXIME POUSSET

Il y a 5 ans, elle participait à la moisson de médailles tricolores aux Jeux Olympiques de Rio 2016. Depuis novembre dernier, Hélène Defrance, 35 ans, est venue enrichir la cellule de Haute Performance du LOSC de son expertise de diététicienne. Partons à la découverte de cette ancienne athlète en voile olympique et de son rôle clé au cœur du groupe pro.

Icon_gep_180816_53_11.pngPeux-tu te présenter à tous les supporters lillois ?
Je m’appelle Hélène, je suis originaire de région parisienne, mais j’ai longtemps vécu à Marseille où j’ai effectué ma carrière sportive au sein du pôle France de voile olympique. En parallèle à mon parcours d’athlète, j’ai énormément étudié la nutrition, d’abord pour moi, afin de devenir plus performante dans mon sport, mais aussi finalement pour mon projet d’après carrière. Plus ma carrière avançait et plus mon projet de reconversion se dessinait dans le sport professionnel, un environnement dans lequel j’ai toujours voulu travailler.

Tu as donc mené des études en nutrition en parallèle à tes échéances de sportive de haut niveau…
Oui, ma formation s’est étalée tout au long de ma carrière. J’ai commencé à étudier vers 22 ans et j’ai pris ma retraite sportive à l’âge de 30 ans. Entre temps, je n’ai jamais cessé de me former à la nutrition, bâtissant ce projet de reconversion en parallèle de ma préparation et des compétitions, quand je le pouvais. Je savais que mon sport ne représenterait pas toute ma vie. Je l’ai toujours perçu comme une étape.

Une étape couronnée de succès puisque tu possèdes un joli palmarès dans ta discipline, avec notamment une médaille de bronze aux Jeux Olympiques de Rio 2016. Comment l’as-tu vécue ?
Comme un énorme accomplissement. Décrocher une médaille olympique, mais aussi un titre de championne du monde représentait un objectif, un rêve depuis l’âge de 10 ans. J’ai réussi à les réaliser aux côtés de ma coéquipière (Camille Lecointre) dans notre catégorie du 470 féminin (ndlr : il s’agit d’un dériveur monocoque en double) en remportant les championnats du monde en 2016, puis en décrochant une médaille de bronze à Rio la même année. J’aurais très bien pu aller encore plus loin, chercher à atteindre l’or, devenir double ou même triple championne du monde, mais mon projet professionnel commençait à prendre plus de place dans ma tête et m’appelait davantage que de repartir sur une préparation olympique. J’ai donc décidé d’arrêter ma carrière après ces J.O.

Aujourd’hui, 5 ans après, qu’en gardes-tu ?
Quelque chose de toujours très intense. J’y repense souvent, presque tous les jours. La voile représente 20 ans de ma vie, des souvenirs inoubliables, des expériences incroyables. Comme les footballeurs que je côtoie aujourd’hui et qui s’éclatent dans leur passion, dans leur sport, je m’épanouissais dans le mien. Mais c’était aussi beaucoup d’exigence, de rigueur, d’incertitudes, de concurrence, de surpassement de soi. Tout sauf du confort.

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Toute jeune retraité de 30 ans, tu te retrouves alors propulsée dans ce nouveau métier de diététicienne dans un club de football. Tu nous racontes ton parcours ?
Quelques mois après la fin de ma carrière sportive, j’ai été contactée par l’Olympique de Marseille qui recherchait une diététicienne. Tout a donc parfaitement coïncidé. J’y ai vécu ma première grosse expérience dans mon nouveau métier. Je le découvrais à cette nouvelle échelle, dans l’environnement totalement nouveau pour moi qu’était le sport collectif. Le foot possède ses particularités, mais l’enjeu reste le même que pour tous les athlètes, à savoir la performance. Le fait d’avoir été moi-même sportive de haut niveau m’a beaucoup aidé et m’aide encore beaucoup dans l’approche de mon métier. Mon challenge consistait donc à transférer mon expérience personnelle et mon expertise en nutrition. En trois saisons (dont deux aux côtés de Rudi Garcia), j’ai beaucoup appris de ce sport et je suis parvenue à développer une expertise dans mon domaine.

Fin 2021, tu rejoins le LOSC pour une nouvelle aventure…
Au LOSC, on m’a présenté un projet qui m’a beaucoup plu, avec une recherche constante de performance, une grande exigence, une rigueur au quotidien. Tout le monde s’attache à optimiser le moindre détail. Je me suis énormément retrouvé dans cette vision, aussi bien avec Martin Buchheit, le Responsable de la Performance qu’avec Olivier Létang, le Président : performance, rigueur, recherche d’optimisation, du détail, exigence… L’objectif était d’apporter quelque chose de plus, tout en restant dans la continuité du travail qui avait été fait auparavant. À titre personnel, mes trois ans d’expérience à l’OM m’ont justement permis d’atteindre une meilleure capacité à délivrer mon expertise. 

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Peux-tu justement nous présenter ta mission ?
Elle est multiple. Il s’agit d’abord de bien connaître chaque joueur à l’échelle individuelle. Cette connaissance, la plus fine possible, permet ainsi de mieux cerner les habitudes et préférences de chacun, de façon à être capable de les accompagner au mieux dans leur optimisation. Une grosse partie de mon travail consiste aussi en une collaboration avec les cuisiniers pour la construction des menus, la qualité des aliments, que ce soit au quotidien au Domaine de Luchin, mais aussi en déplacements. Je suis également en charge des stratégies d’hydratation et de récupération lors des entrainements, des séances en salle ou en matchs. Cela concerne les boissons d’effort, de récupération, mais aussi les compléments nutritionnels personnalisés pour tous les joueurs…

Veiller à la meilleure nutrition des sportifs revient-il finalement à surveiller, pour ne pas dire "fliquer" leur alimentation ?
Non, je n’ai pas cette approche, au contraire. Il faut être à la fois capable d’intéresser le joueur, de créer avec lui une relation d’échange, d’aller dans son intérêt, de lui apporter des choses à son rythme. C’est assez subtil, mais il ne s’agit pas de flicage. Je suis simplement là pour enrichir leurs connaissances en termes de nutrition. J’étudie cette discipline depuis quinze ans, je peux donc leur apporter une expertise qu’ils n’ont pas. Toute ma mission consiste à ce que cette culture fasse partie intégrante de leur environnement et devienne naturelle pour eux.

Au quotidien, comment se matérialise votre organisation au sein de la cellule de Haute Performance du LOSC ?
Il s’agit vraiment d'un travail collaboratif avec Martin Buchheit. C’est quelqu’un qui possède une grande expérience du terrain, mais aussi une grande culture scientifique. Nous échangeons souvent sur pas mal de sujets, avec toujours cette volonté de pousser notre stratégie de nutrition et de performance. J’apprends énormément avec lui. Le Président est également très présent et j’apprécie beaucoup travailler à ses côtés. Nous réfléchissons sans cesse à optimiser le moindre détail. Ça va être par exemple, si on joue tel jour et qu’on rejoue tel jour, de créer un menu et des boissons sur mesure et cohérents, avant, pendant et après l’effort. Les joueurs prennent leurs repas du matin et du midi au Domaine de Luchin, mais ils peuvent par exemple bénéficier d’un système de take away (repas à emporter) individualisé et spécialement calibré pour eux, pour leur repas du soir. Tout cela va ainsi contribuer à ce que l’organisme encaisse mieux la charge de travail et donc de bénéficier de la fraicheur attendue au match suivant.

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