Naïm Sliti avance pas à pas

PROPOS RECUEILLIS PAR FRÉDÉRIC COUDRAIS
 
Buteur pour la première fois de sa jeune carrière en Ligue 1 et auteur de deux passes décisives contre le SM Caen (4‑2), Naïm Sliti analyse avec beaucoup d’humilité cette nouvelle étape dans sa progression. Toujours en apprentissage au plus haut niveau, le milieu de terrain tunisien ne veut pas brûler les étapes, il ne se projette pas plus loin que le prochain match. Entretien.
 

Naïm, bonjour. Pour commencer, comment te sens-tu dans ta nouvelle vie lilloise ?
Mon intégration s’est très bien passée, même si avec le déficit de résultat, ce n’était pas facile. Voilà, c’est comme ça, il faut passer par ce genre de période pour se construire. Et le Nord me plait également, c’est d’ailleurs beaucoup plus calme qu’en région parisienne. Ça me convient parfaitement. J’ai découvert avec plaisir la ville de Lille avec ma femme et mon fils.
 
Avec du recul, que retiens-tu de ton baptême du feu en L1 (LOSC-TFC, 1-2, le 20/09) ?
Je suis entré en jeu pour la dernière demi-heure, sans réaliser une bonne prestation à mon goût. Mais je garde le positif de cette soirée, à savoir ma première à ce niveau. C’est une étape  importante dans une carrière de débuter en Ligue 1, surtout dans un club comme le LOSC, avec un stade exceptionnel, des infrastructures d’entraînement de haut niveau. Tout est à notre disposition ici pour qu’on puisse s’épanouir au quotidien.
 
Et comment as-tu vécu ce moment ?
Tu y penses plus en amont car quand tu t’échauffes, tu es déjà dans ton match. C’est mon mode de fonctionnement, je ne prête plus attention au reste dès que je suis sur le terrain. Maintenant, au moment de rentrer dans ce Stade Pierre Mauroy pour la première fois, beaucoup d’images ont défi lé. Je me suis dit que j’allais franchir une étape en découvrant l’élite. J’ai aussi conscience que ce n’est que le début, il reste beaucoup de travail à accomplir.

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Ta première titularisation intervient ensuite mi-octobre à Guingamp (1-0)…
Quand on démarre une rencontre, on le vit différemment. Entre temps, il y a eu une coupure internationale. Et il fallait que je me mette dans le rythme. C’était un peu compliqué au début car physiquement, je n’étais pas prêt. Le coach Antonetti y est allé doucement avec moi pour que je prenne mes marques. À partir du match de Guingamp (1-0), il m’a lancé dans le grand bain et derrière, j’ai pu enchaîner contre Bastia (2-1), avec cette fois-ci la victoire au bout.
 
Puis vient cette rencontre contre Caen (4-2)…
On me parle beaucoup de mon premier but, mais j’ai aussi fait ma première passe décisive. Pour moi, elle est encore plus importante car elle nous permet d’ouvrir le score et de débloquer la situation. On s’est alors un peu plus lâché. Je suis donc plus content pour cette offrande,  même si les observateurs retiennent davantage le but.
 
Tu ressens quoi quand le ballon termine au fond des filets ?
Déjà, je tiens à souligner que mon but intervient à la sortie d’une belle passe de Rony (Lopes), que je remercie. Et il nous permet de faire le break au meilleur des instants. Alors sur le coup, je suis surtout content pour l’équipe car nous avons tellement souffert ces derniers temps. On a montré de belles choses sur cette partie, il faut continuer sur cette voie pour remonter la pente petit à petit. Il ne faut pas s’arrêter sur cette performance. On doit gagner en constance dans nos prestations. En tout cas, comme l’a dit Patrick Collot, c’est une belle bouffée  d’oxygène.

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Malgré votre position au classement (19e au coup d’envoi), on a le sentiment que vous avez pris du plaisir sur le terrain. Tu confirmes ?
Oui, complètement. Surtout dans notre situation… Car généralement, sur ce genre de match, c’est relativement fermé. Et là, on a gagné en prenant effectivement beaucoup de plaisir au niveau du jeu. Il ne faut pas s’enflammer pour autant et garder la tête sur les épaules. Le fait d’ouvrir rapidement le score nous a décrispés, c’est ce qui nous a manqué lors de nos précédentes sorties. Ça permet d’oser davantage. Mais je le répète, ce n’est qu’une étape, il faut travailler toujours et encore.
 

“J’ai pleinement conscience que tout va très vite dans un sens comme dans l’autre”

 
De quelle manière imagines-tu la suite ?
Toujours avec beaucoup d’humilité. Je suis en apprentissage. Je prends les matchs un par un, comme ils viennent et sans me projeter plus loin. J’ai pleinement conscience que tout va très vite dans un sens comme dans l’autre. Par exemple, à Nantes (0-0), je suis remplaçant et je ne rentre pas. Je ne vais pas te cacher que je commençais un peu à douter dans ma tête. Trois jours plus tard, je joue, je marque et donne deux passes décisives. On verra la suite. C’est de cette manière que j’avance. Je pense uniquement au présent et à ce qui vient.
 
Comment aborder la réception de Montpellier ce samedi ?
Il faudra mettre les mêmes ingrédients, c’est certain, comme à chaque match. Les Montpelliérains sont dans la même zone que nous au classement, il faut donc prendre des points face à un concurrent direct. À domicile, on doit essayer de gagner chaque match, en y mettant de la combativité, de la solidarité et en étant efficace comme nous avons su le faire contre les Caennais. Il reste trois matchs de championnat avant la trêve hivernale, on se doit d’engranger un maximum de points.