Que deviens-tu, Larsen Touré ?

PAR MAXIME POUSSET

Hautement apprécié des supporters lillois, Larsen Touré est un Dogue, un vrai. Formé, puis révélé dans le Nord, cet éternel amoureux du LOSC poursuit une carrière riche qui l’a mené depuis cet été à Ipswich, en D2 anglaise, pour une expérience hors du commun. Il nous en parle.

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4 championnats en 4 ans, un parcours passionnant

« J’ai quitté le LOSC en 2010 pour rejoindre Brest, où j’ai évolué trois ans en Ligue 1, avant de partir au Levski Sofia, le club le plus populaire de Bulgarie. C’était une bonne expérience, ma première à l’étranger. En 2014, je suis ensuite revenu en Ligue 2, à Arles-Avignon. On a vécu une saison compliquée, ponctuée d’une relégation, malgré une grosse équipe sur le papier (Niang, Chimbonda, Givet, Bocaly). Cet été, je me suis retrouvé sans club, à la recherche d’un nouveau défi. C’est là que le challenge d’Ipswich Town (Championship) m’a été proposé… »

Du pont d’Avignon aux Tractor Boys d’Ipswich

« Aujourd’hui, on ne signe plus aussi facilement qu’avant en Angleterre. Si j’ai eu ce contact, c’est grace à mon partenaire, Kevin Bru (avec qui j’ai évolué en Bulgarie et qui avait rejoint Ipswich un an avant moi), ainsi qu’à son frère, Jonathan, qui est aussi son agent. Je voudrais vraiment les remercier. Car jouer dans ce championnat a toujours représenté un rêve, mais plus le temps passait et plus je me disais que ça serait difficile. Après deux mois de recul, je suis vraiment content. La vie ici se passe très bien, nous ne sommes qu’à une heure de Londres, donc pas loin de Lille non plus. Ipswich est une ville sympa, qui est d’ailleurs jumelée avec Arras (sourire). »

This is England !

« Sportivement, le niveau de la Championship est très bon, nettement au-dessus de la Ligue 2. C’est un championnat ouvert, avec de grosses équipes et de grands joueurs. En Angleterre, peu importe ton âge. Tu peux avoir 37 ans, si tu es bon, tu joues. Ici, c'est vraiment le pays du football. À chaque match, on tourne à 25 000 spectateurs. Cette saison, on espère accrocher les play-offs de montée. Nous sommes actuellement à 7 points du leader, Brighton. Entre les coupes et ce championnat à 24 équipes, il y a beaucoup de matchs à jouer. Tous les trois jours en fait. »
 

Comme à PES, mais dans la vraie vie

« Qui dit beaucoup de matchs, dit beaucoup de joueurs. Dans l’effectif, on dénombre par exemple sept attaquants pour trois ou quatre places. Mais le coach (l’Irlandais Mick McCarthy, ancien joueur de l’OL, notamment), fait tourner, privilégie ceux qui sont en forme à l’entraînement. Le rythme est très différent de la France, avec toujours beaucoup de cadence, de jeux, de compétition… Après avoir fait quelques bancs pour observer, j’ai eu pas mal de temps de jeu récemment. En coupe, j’ai notamment affronté Stevenage, l’équipe entraînée par Teddy Sheringham. Teddy Sheringham, quoi ! Je jouais avec lui quand je prenais Manchester à PES (un jeu vidéo de foot). C’est un rêve de gosse qui se réalise. J’en profite à fond. »

Face à Rooney et Martial à Old Trafford

« En parlant de Manchester, j’y ai récemment joué en Capital One Cup (l’équivalent de la Coupe de la Ligue). Là, sur le coup, je me suis dit que j’ai bien fait de travailler comme un dingue. Il y a encore quelques mois, j’évoluais devant 400 spectateurs au Parc des Sports d’Avignon et là, je me retrouve à Old Trafford contre la grosse équipe de MU, avec Rooney, Martial, Depay ou Schweinsteiger. Bon, on s’est incliné 3-0, mais ça reste un bon souvenir. »
 

 

#Oldtrafford #Ronney #ManUtd #itfc

Une photo publiée par Larsen Toure (@larsentoure) le

 

Trop généreux, Larsen !

« Il y a quelques semaines, j’ai vécu une anecdote assez surprenante à Doncaster, en Capital One Cup. Il y avait 1-1 à la fin du temps règlementaire. Dix jours plus tôt, on avait joué en FA Cup et on m’avait prévenu qu’en cas de match nul, il n’y aurait pas de prolongations, mais un replay, un match retour. Du coup, j’ai pensé naïvement qu’il s’agissait de la même coupe, donc à la fin du match, je vais donner mon maillot à un supporter qui, gêné, me le rend en me disant que j’en aurai encore besoin 30 minutes (il se marre). Car dans cette coupe-là, on joue les prolongations en cas de nul. Finalement, on l’emporte 4-1. Une victoire qui nous permet d’ailleurs d’affronter Manchester au tour suivant. Finalement, j’ai quand même offert mon maillot à ce supporter-là, histoire de le remercier. »
 

 

Lille, c’est ma ville

« Mes années lilloises ? Je n’en garde que du positif et la fierté d’avoir pu côtoyer de tels joueurs. Il y avait un bon groupe, la coupe d’Europe, de gros matchs. Il est seulement dommage qu’on ne soit pas entrés au Stade Pierre Mauroy plus tôt, même si je ne regrette pas ces belles années au Stadium. Le LOSC, c’est mon club et Lille, ma ville. J’y suis arrivé à l’âge de 14 ans, tous mes amis vivent là-bas et je reviens dès que j’ai un week-end de libre. Autant dire que j’y suis très attaché. Le LOSC est un club qui compte beaucoup pour moi, que j’adore. »

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Parti juste avant le doublé…

« J’ai quitté Lille en 2010, juste avant le titre (il se marre). Il m’arrive parfois de me dire que j’aurais pu être champion, d’autant que j’avais une prolongation entre les mains. Mais j’ai préféré me lancer un nouveau défi à Brest, où j’ai vécu de grands moments aussi. Mon avis sur le LOSC d’aujourd’hui ? Il a connu pas mal de changements cet été. Il faut se montrer patient avec cette équipe. Quand j’entends dire qu’il est loin, le LOSC de 2011, j’ai juste envie de répondre que cette génération ne s’est pas construite en un jour. Pas mal de joueurs évoluaient ensemble depuis les équipes jeunes. Là, on part sur un nouveau cycle. »

Un grand merci à @Larsentoure pour sa gentillesse et sa disponibilité.