L'avant-match

Racing Club de France-LOSC, une affiche de légende

Ce dimanche (17h30) à Chambly, les Dogues du LOSC iront défier les Pingouins du Racing Club de France Football. Mais derrière ce 1/16ème de finale de Coupe de France se cache un duel mythique entre deux places fortes du football d’après-guerre. Un joli clin d’œil, alors que s’ouvre l’année des 80 ans du Club.

Un club historique au palmarès solide

Le Racing Club de France, dont la section football existe depuis 1896 est l’un des plus anciens clubs de l’Hexagone. Les « ciels et blancs », pionniers du football professionnel, faisaient partie de la poule A du championnat de France 1932-1933, en compagnie d’un certain Olympique Lillois, à jamais premier champion de France de D1.

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En 1933, le Racing a participé au tout premier championnat de France professionnel de l'Histoire, remporté par l'Olympique Lillois, l'un des ancêtres du LOSC.

Champion de France à son tour en 1936, puis vice-champion à deux reprises dans les années 1960, le club s’est surtout distingué en Coupe de France. Si le LOSC régna en maitre, sur la compétition après-guerre, remportant cinq trophées en moins d’une décennie (1946-1947-1948-1953-1955), le club parisien fut l’autre épouvantail du moment (cinq trophées également : 1936-1939-1940-1945-1949).

Contrairement aux Lillois, les Racingmen n’ont toutefois plus ajouté de trophée à leur armoire depuis cette période faste. Malgré une dernière présence en finale en 1990, soldée par une défaite en prolongations face à Montpellier, au Parc des Princes.

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Programme de match de la rencontre Olympique Lillois-Racing CP en 1932-1933 (extrait du livre "Lille, capitale du football français")

 

Rival (et bête noire) du LOSC d’après-guerre

Fondé à l’automne 1944 de la fusion entre l’Olympique Lillois et le Sporting Club de Fives, le LOSC débuta logiquement son aventure avec la Coupe de France lors de l’édition 1944-1945. Sur ses 37 premiers matchs dans la compétition, seules 3 défaites seront à déplorer… toutes face au Racing Club de Paris.

Réguliers dans leurs performances en Coupe, les Dogues atteindront par ailleurs la finale à 5 reprises consécutives entre 1945 et 1949, laissant la trace d’un fabuleux triplé (1946-1947-1948), mais devant s’incliner par deux fois en finale face au Racing, défaite 3-0 en 1945, puis 5-2 en 1949.

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RC Paris-LOSC, 1948-1949

 

Le pingouin pour emblème après une victoire face à Lille ?

Lors de l’édition 1938-1939, le RC Paris va se défaire de 3 clubs de l’actuelle métropole lilloise. D’abord le RC Roubaix en quarts, puis le SC Fives en demie, et enfin l’Olympique Lillois en finale.

Scène cocasse pour les 52 431 spectateurs présents pour la finale, au Stade olympique Yves-du-Manoir de Colombes le 14 mai 1939 : les joueurs du RC Paris effectueront un tour d’honneur, accompagnés d’un pingouin provenant du zoo de Vincennes.

Et pour cause, l’animal était devenu, depuis le milieu des années 1930, le surnom de la section football du club parisien, à priori par rivalité avec sa section rugby, qui elle pouvait utiliser ses bras.

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Luis Fernandez, joueur du Matra Racing de 1986 à 1989, avec le pingouin, symbole du club.

 

Une dizaine de noms différents et deux apogées

Initialement fondé par des étudiants du Lycée Condorcet à Paris, le club est actuellement basé à Colombes (Hauts-de-Seine). Titulaire du statut professionnel sur deux périodes distinctes : 1932-1967 et 1982-1990, le Racing Club de France a constamment changé de nom au cours de son histoire, au gré des fusions, jonglant entre le niveau professionnel et amateur.

aRacing Club de France (1896-1932, 1970-1981, 2005-2007)
Racing Club de Paris (1932-1966, 1981-1987, 1999-2005)
Racing Club de Paris Sedan (1966-1970)
Matra Racing (1987-1989)
Racing Paris 1 (1989-1991)
Racing 92 (1991-1995)
RC France 92 (1995-1999)
RC France football 92 (2007-2009)
RC France football-Levallois 92 (2009-2012)
RC France football Colombes 92 (2012-2018)
Racing Club de France Football (depuis 2018)

D’abord concurrent du Red-Star au sein de la capitale française, le RC Paris a ensuite tenté de rivaliser avec le Paris Saint-Germain dans les années 1980, sous l'impulsion de l'homme d'affaires Jean-Luc Lagardère.

Le club fut renommé Matra Racing (1987-1989, du nom de l’entreprise Lagardère) et accueillit plusieurs stars de l’époque (Luis Fernandez, David Ginola, Maxime Bossis, Rabah Madjer, Enzo Francescoli…). Le projet s’arrête finalement en avril 1989. C’est la fin du Matra, qui devient Racing Paris 1.

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27/07/1988 : Le Matra Racing de Pascal Olmeta (père du jeune gardien lillois, Lisandru Olmeta) face à Sochaux

Finalement, la finale de Coupe de France, atteinte en mai 1990 constituera un baroud d’honneur pour ce club évoluant depuis dans le monde amateur. Actuellement en National 2 (équivalent de la quatrième division nationale), le Racing évoluait encore en DH en 2017 (sixième division).

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Le ballon dans les pieds du Lillois Erwin Vandenbergh face au Matra Racing.

 

Le LOSC ne reverra pas Colombes

L’histoire aurait été belle et le clin d’œil plein de symbole. Les deux rivaux d’hier s’affrontant en Coupe de France à Colombes, l’année des 80 ans du LOSC. Malheureusement, le stade Yves-du-Manoir de Colombes, qui accueille traditionnellement le Racing, est actuellement en travaux pour recevoir des épreuves de hockey sur gazon des prochains Jeux Olympiques de Paris 2024. Même si l’antre du Racing n’a plus sa capacité d’antan (jusqu’à 60 000 places entre 1938 et 1970), le LOSC aurait foulé une pelouse témoin de ses plus grands exploits de l'après-guerre.

Car le LOSC a évolué à Colombes à plus de quinze reprises. Tout d’abord pour ses 7 finales de Coupe de France d’après-guerre, mais aussi pour plusieurs matchs sur terrain neutre, ancienne formule de cette compétition.

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8 mai 1955 : Le LOSC affronte le RC Strasbourg (4-0) en demi-finale de la Coupe de France au Stade Yves-du-Manoir de Colombes

 

Les Dogues à Colombes :

6 mai 1945, Finale CDF : RC Paris 3-0 LOSC
27 avril 1946, Demie CDF : LOSC 7-1 Stade Clermontois
6 mai 1946, Finale CDF : LOSC 4-2 Red Star Olympique
11 mai 1947, Finale CDF : LOSC 2-0 RC Strasbourg
21 mars 1948, Quarts CDF : LOSC 3-3 RC Paris
10 mai 1948, Finale CDF : LOSC 3-2 RC Lens
20 mars 1949, Quarts CDF : LOSC 2-1 OGC Nice
8 mai 1949, Finale CDF : RC Paris 5-2 LOSC
19 mars 1950, Quarts CDF : RC Paris 2-0 LOSC
6 avril 1952, Demie CDF : G. Bordeaux 2-1 LOSC
29 mars 1953, Quarts CDF : LOSC 4-2 OGC Nice
31 mai 1953, Finale CDF : LOSC 2-1 FC Nancy
8 mai 1955, Demie CDF : LOSC 4-0 RC Strasbourg
29 mai 1955, Finale CDF : LOSC 5-2 G. Bordeaux
1 juillet 1989, amical : LOSC 1-1 Racing Paris'1