​Milan 2006, Peter Odemwingie se souvient

PAR MAXIME POUSSET

Impossible d’aborder cet AC Milan-LOSC sans donner la parole à Peter Odemwingie, l’homme qui, le 6 décembre 2006, ouvrit le score en faveur des Dogues sur la pelouse de San Siro.  Un match inoubliable pour tous les supporters lillois. Mais aussi pour lui. Interview.

Peter, quand tu penses à cet AC Milan-LOSC 2006, que retiens-tu ?
(sans hésiter) Tout le travail, l’énergie et la solidarité déployée par l’équipe ce jour-là. On a bossé dur, on y a cru très fort, on a tout fait être prêt, que ce soit sur le plan mental, physique, tactique… On avait face à nous une très grande équipe et personne ne pensait qu’on gagnerait. Je revois encore le coach, Claude Puel, sur le banc, avec son body language conquérant, à nous pousser, nous crier dessus. Et la magie a fait le reste, si on peut dire.

Qu'aviez-vous de plus que vos adversaires, ce jour-là ?
Un supplément d'âme. Certains joueurs qui n’étaient pas titulaires à chaque match étaient alignés ce soir-là en raison de blessures et suspensions. Je pense notamment à Nico Plestan et Greg Malicki. Et quand tu vois ces joueurs supposés avoir moins de rythme, mais qui, dès les premières minutes insufflent de l’énergie, encouragent les troupes et démontrent toutes leurs qualités, ça te donne beaucoup d’inspiration.

« On prenait tout simplement plaisir à être là, ensemble, à San Siro, contre l'EQUIPE qui allait devenir quelques mois plus tard la meilleure d’Europe. »


Sur le terrain, vous avez livré une copie parfaite, ce soir-là. Tu te souviens ?
Bien sûr. Je revois encore nos mouvements offensifs avec Kader Keita et Mathieu Bodmer. C’était du très haut niveau, enrobé de beaucoup d’optimisme. On prenait tout simplement plaisir à être là, ensemble, à San Siro, contre l'équipe qui allait devenir quelques mois plus tard la meilleure d’Europe. Nous ne savions pas si nous allions gagner, mais nous voulions faire un match qui allait nous rendre fiers. Personne n’avait peur de perdre. Il y avait une immense grinta, mais aussi de l’audace. Il fallait prendre sa chance, croire en soi. 

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Aviez-vous conscience sur le moment d’écrire l’une des plus belles pages de l’Histoire du LOSC ?
Pas vraiment. Nous étions dans l’instant. Je me rappelle du voyage, de nos fous rires avec le staff, de la bonne humeur, mais aussi de mon échange de maillot avec Pirlo que j’avais ensuite offert à un kiné du club qui était fan du joueur. Je me souviens aussi de Claude Puel qui apparaissait apaisé en interview d’après match, mais qui, derrière ce côté cool, était en fait très fier de nous. Je me souviens enfin de notre joie dans le vestiaire, du retour qui était magnifique. Tout le monde était extrêmement fatigué, mais personne n’a dormi dans l’avion. Et bien sûr, je me rappelle de nos supporters qui nous attendaient à l’aéroport.

À titre personnel, qu’as-tu gardé de cet exploit ?
Beaucoup de fierté. Pour moi qui ai grandi en Russie, un pays dans lequel on ne diffusait que la Série A à la télé à l’époque, l’AC Milan était un club qui comptait beaucoup. J’en étais supporter dans mon enfance. Weah, Van Basten, Baresi… Je les voyais à la télé. Je rêvais de jouer un jour à San Siro. Quand j’étais petit, en Ouzbékistan, on me surnommait même Ruud Gullit, car je suis métisse et que j’avais des tresses (sourire).

Avec le recul, que ressens-tu quand tu repenses à ce but ?
Marquer là-bas, dans ce stade mythique représente aujourd’hui encore l’un des plus grands souvenirs de ma carrière. Il y a quelques années, quand Claude Puel entraînait ici où je vis, en Angleterre (Southampton, puis Leicester), il m’avait envoyé la vidéo de mon but par texto le 6 décembre, la date anniversaire de ce match. Ça m’avais fait très plaisir qu’il y repense. Preuve que ça l’a marqué lui aussi. Comme tous les supporters lillois.

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