​"Tout ça n’a fait que renforcer ma passion pour le LOSC"

PAR MAXIME POUSSET

Et eux, supporters lillois, comment-ont-ils vécu 2020 ? Entre frustrations intenses et joies immenses, ils nous racontent cette année singulière. À l’heure de refermer 2020, remontons-en le fil en trois actes, avec Kevin, Louise et Christophe, trois fervents amoureux du LOSC comme témoins.

TROISIEME PARTIE : Octobre 2020 : reconfinés, frustrés… Mais impressionnés.

Un derby, ça ne se vit pas, mais ça se gagne. À huis clos

Kevin : « La plus grosse frustration ressentie durant cette première partie de saison est sans doute celle d’avoir raté le derby. Ce match, on en parlait depuis des années. Et au moment de le retrouver, on nous empêche de le voir ! Je l’ai donc regardé chez moi, avec ma femme. C’était fou ! 4-0, un match parfaitement maîtrisé d’un bout à l’autre avec sur chaque but, ce mélange de joie et de déception de ne pas y être. On sentait aussi chez les joueurs la frustration de ne pas partager ça avec leurs supporters. »

Louise : « Ne m’en parlez pas… On leur colle 4-0, mais à huis-clos. On rate ce match qu’on voulait tous voir. Toute la journée, la pression monte, avec limite cette boule au ventre qui grossit à mesure que les heures passent. Puis dès que le coup d’envoi, très vite, on ressent cette sensation que rien ne peut nous arriver. On était au-dessus. J’ai vécu le derby avec mes amis habituels du stade, mais à la maison. Nous étions cinq, on a essayé de reproduire l’ambiance des tribunes chez nous (sourire). C’était tellement dur. Je pense même que j’étais moins frustrée qu’il n’y ait pas de match du tout que de les voir à la télé sans public. »

Christophe : « Ce n’est pas de la déception, c’est juste de la rage ! Le derby, on l’attend depuis 2015. Ce genre de match ne se regarde pas à la télé, il se vit au stade. J’ai des souvenirs de derbies à Grimonprez-Jooris, de bons moments de chambrages avec des potes lensois. C’est ça le foot. Et ça m’a manqué. Ce soir-là, on leur a fait comprendre ce qu’était le haut de tableau de Ligue 1. On a mis les choses au clair. C’était certainement l’un de nos matchs les plus aboutis de la saison. »

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Reconfinés… Et dégoutés

Kevin : « J’ai vécu le reconfinement de novembre comme un coup de massue. Pour les mêmes raisons que lors du premier, à savoir devoir me priver de ma famille, mes amis, mais aussi du LOSC. J’aimerais vraiment retrouver le stade en 2021. Déjà pour remercier l’équipe suite à ce beau parcours européen, mais aussi pour l’accompagner sur une fin de saison qui va être incroyable, tellement le haut de tableau est dense. »

Louise : « Quand le reconfinement est annoncé, je l’accueille sans trop de surprise. On le sentait venir, avec le couvre-feu. J’ai déménagé à ce moment-là et j’ai eu beaucoup de (télé)travail. Le rythme était beaucoup plus soutenu que lors du premier confinement. On a senti qu’il fallait vite que ça dépote, qu’il n’y avait plus ce temps de latence. Moralement, c’était plus difficile aussi. Il faisait gris, la nuit tombait tôt, on pouvait moins être dehors… Mais bon, cette fois on avait du foot à regarder à la télé. Et ça, ça change tout. »

Christophe : « Quand la "sanction" du reconfinement tombe, c’est difficile car on comprend qu’on ne verra plus de matchs en 2020. On nous autorise à aller dans les magasins, à prendre les transports en commun, mais pas de venir au stade avec un masque et toutes les mesures barrières. C’est incompréhensible. J’étais présent contre Metz et la personne la plus proche de moi en tribune était à quatre sièges. À titre personnel, j’ai mieux vécu ce deuxième confinement, même si ça me manque beaucoup de pouvoir faire du sport. Je m’entrainais quatre fois par semaine. Et là, j’ai été obligé d’arrêter le water-polo et le CrossFit, tout en ne pouvant rouler à vélo qu’à un kilomètre autour de chez moi. »

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Un fantastique parcours européen vécu à distance

Louise : « Qu’est-ce que j’aurais aimé aller à Milan ! C’est hyper frustrant pour moi, parce que déjà l’année dernière, je devais aller à Chelsea, mais j’ai dû annuler à la dernière minute à cause d’un problème de santé. J’ai encore ma place… Mais pas utilisée. Et cette année, je rate Milan, l’un des plus beaux matchs de l’histoire européenne du LOSC. C’était un immense plaisir mêlé à une grand frustration devant ma télé. J’espère maintenant qu’on pourra aller à Amsterdam. Tout cela me fait d’ailleurs un peu perdre la notion de matchs à domicile ou à l’extérieur. Il m’arrive de connaître l’adversaire, mais de ne plus savoir ou ça se joue. »

Christophe : « J’étais complétement dégouté de ne pas avoir pu vivre cette campagne européenne. Je sais qu’à Lille, nous ne sommes sans doute pas les meilleurs supporters d’Europe, mais quand on est à fond derrière notre équipe, on pousse très fort. Je suis sûr que des joueurs comme Yilmaz ont besoin de cette ferveur du public, qu’ils s’en nourrissent. J’étais prêt à aller à Glasgow, partir en voiture avec des potes et passer quelques jours là-bas. Mais très vite, on a compris que ça ne serait pas possible. Je suis fier qu’on ait réussi à mettre 0-3 à Milan, mais déçu d’avoir perdu contre le dernier du groupe. On rate la première place pour ça. Mais je suis quand même content de tirer l’Ajax en 1/16èmes. On peut passer ! »

Kevin : « Contre Milan (0-3, le 5 novembre), je crois que tout Paris a su que je supportais le LOSC, tellement j’ai crié sur chaque but. Yusuf (Yazici) était au-dessus de tout. C’était vraiment magnifique, du vrai football plaisir. On n’a qu’une seule hâte : revivre ça dans les stades. J’espère qu’on pourra assister aux 1/16èmes. J’aurais bien aimé aller à San Siro, évidemment, mais aussi de voir le LOSC-Milan ici, à Lille. »

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Et au final, qu’est ce qui a changé ?

Christophe : « On a changé notre matière de vivre les matchs avec les potes. Désormais, ça passe par des échanges sur WhatsApp. Certains annoncent les buts avant qu’ils n’aient été diffusés chez d’autres. C’est rigolo. Je regarde maintenant les matchs tout seul à la maison, ou avec mon fils quand ils ne sont pas trop tard. Je pense que tout cette période n’aura finalement fait que renforcer ma passion pour le LOSC. Et c’est pareil pour mes amis. Certains ne venaient pas au stade de façon très régulière. Aujourd’hui, je les sens de plus à plus à fond. Tout ça a créé une vraie émulation. »

Kevin : « Cette période n’a rien changé à ma façon de supporter mon équipe. C’est juste qu’on ne peut plus interagir de la même façon. On se dit que ce n’est qu’une passade. On a hâte que ça reprenne comme avant. Qu’importe les distances sociales et les masques, on veut retourner au stade. Et avec le vaccin, je suis optimiste sur le fait que dans quelques mois, ce sera bon. Je m’accroche à ça. J’ai besoin du LOSC, j’ai besoin d’aller au stade. C’est inexplicable. Le foot, ça se vit en live, c’est la clé de tout. Malgré la situation, je sens que la passion et la ferveur autour du LOSC continuent de monter en puissance. »

Louise : « Je suis maintenant une supportrice différente de celle que j’étais en 2019. Je suis plus active, j’ai envie de ressentir les choses de façon encore plus intense qu’avant, parce qu’on sait maintenant que tout peut s’arrêter. C’est finalement la grande leçon de cette période : il faut savourer encore plus fort toutes ces petites choses de la vie qu’on peut nous retirer d’un instant à l’autre. »

Un grand merci à tous les trois.
 


Lire la première partie : Mars 2020, saison arrêtée, Lillois frustrés… Et confinés

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Lire la deuxième partie : Mai 2020, déconfinés et enthousiastes avant le mercato d’été

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