​Les Dolignon, Dogues de père… en fille

PAR MAXIME POUSSET ​

On connaissait les frangins Cheyrou, les jumeaux Robail ou les Lechantre père et fils. Ensemble ou à différentes époques, ils ont porté le maillot lillois. Parce que la légende du LOSC ruisselle de belles histoires et alors que les filles retrouvent la compétition en championnat ce dimanche (14h30) à Henin Beaumont, contons aujourd’hui celle de Joël et Camille Dolignon. Le premier a enfilé la tunique des Dogues dans les années 90. La seconde s’époumone dans l’entrejeu de la section féminine. Père et fille, le même sang coule dans leurs veines, le rouge hémoglobine du LOSC.

Un ballon rond dans l’ADN

Joël : « Je suis arrivé au LOSC en 1987. J’y ai effectué toute ma formation avant d’intégrer l’équipe pro avec laquelle je n’ai malheureusement disputé qu’un seul match. C’était à Marseille, en 1993 (défaite 4-1), face à l’équipe sacrée championne d’Europe dix jours plus tard. Suite à de nombreuses blessures, le coach (Henryk Kasperczak) cherchait un joueur assez agressif pour assurer le marquage d’Abedi Pelé…»

Le rédacteur de LOSC.fr : « Pour un baptême, ce fut un baptême… Et que s’est-il passé ensuite ? »

Joël : « Je n’ai pas su m’imposer. Par manque de chance, peut-être, mais aussi parce que je restais trop en retrait. J’aurais dû me montrer davantage. En 1995, j’ai rejoint Roubaix en National, mais après 6 mois, le club a déposé le bilan. J’ai alors signé à Rouen, sauf qu’un an et demi plus tard, rebelote. Nouveau dépôt de bilan (il esquisse un léger sourire de dépit). J’ai donc décidé de rentrer dans la métropole lilloise, pour finir à Tourcoing, puis Marcq en Baroeul. »

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LOSC.fr : « Camille se souvient-elle de son papa footballeur ? »

Joël : (il regarde sa fille avec tendresse) « Non, elle avait 3 ans quand j’ai arrêté. Mais elle a toujours aimé le foot. Dès l’âge de 2 ans, elle adorait prendre le ballon pour shooter dedans. On jouait beaucoup ensemble, on se faisait des passes. On l’a donc inscrite dans un club. Elle était d’ailleurs la seule fille sur le terrain, mais elle s’en sortait très bien. »

Camille : « (affichant un large sourire, puis prenant la parole) C'est vrai que j’ai débuté le foot mixte en club à l’âge de 6 ans, à Lomme, puis Saint-André. À partir de 13 ans, j’ai basculé vers des équipes féminines. C’est aussi à cette époque que j’ai commencé à prendre l’entraînement au sérieux, à vouloir essayer de réaliser une vraie carrière. J’ai donc commencé à Armentières, Hénin-Beaumont, puis Templemars, qui est devenu le LOSC cette saison. »

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Joël : « En France, très peu de footballeuses sont professionnelles, on l’encourage donc à poursuivre ses études. »

Camille : « Faire du foot mon métier reste un rêve, mais j’ai conscience qu’il me faut aussi une formation solide. Depuis l’obtention de mon bac, l’été dernier, je suis étudiante en première année de STAPS, option foot, à Ronchin. Je prépare également le Brevet de Moniteur de Foot. »

Des précieux conseils et un soutien essentiel

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Camille : « Quels joueurs m’inspirent ? (sans hésiter) Eden Hazard. Déjà parce qu’il est formé au LOSC, mais aussi parce que j’aime son style. Je regarde beaucoup la façon dont il se comporte sur le terrain. Dans l’équipe lilloise actuelle, j’observe aussi pas mal le placement de Mounir Obbadi, sa capacité à se projeter vers l’avant… »

Joël : « Quel type de joueuse est Camille ? Elle possède des qualités techniques, de percussion et un bon état d’esprit. C’est important dans un groupe. Après, il y a aussi quelques points faibles (il sourit en la regardant). Elle a parfois tendance à faire une petite touche de trop, ou à manquer de justesse dans la finition. Elle doit insister là-dessus. »

Joël : « De toute façon, on débriefe tous les deux après chaque match, on revient sur ce qui a été (d’un ton taquin)… Et surtout sur ce qui n’a pas été. Je la conseille surtout sur l’aspect psychologique, sur le fait de ne rien lâcher quand ça va moins bien, de toujours rester positive par rapport à la concurrence, aux choix du coach. Car le foot de haut niveau demande un gros mental. Il faut être costaud. Surtout chez les filles, qui possèdent une plus grande sensibilité que les garçons. »

LOSC.fr : (à Camille) « Et tu ne l’envoies jamais balader ? »

151217Dolignon01.jpgCamille : (elle rigole) « Si, parfois quand il est un peu trop "chiant" (elle le regarde en souriant). Mais il fait ça pour mon bien, je le sais. Si je veux progresser, je dois l’écouter. C’est un vrai atout d’avoir un père qui a été footballeur. Son aide est précieuse. »

Joël : « Il nous arrive encore de jouer ensemble. On se rend souvent sur le terrain en synthétique près de chez nous, à Lambersart, pour y faire des frappes, des passes, des petites séances individualisées. Quand elle est en préparation, on va aussi courir tous les deux. Et puis ça me permet de m’entretenir (sourire). »

Le LOSC sur le maillot, le Dogue dans la peau

Camille : « Porter le maillot du LOSC est pour moi une grosse fierté. Je suis abonné au stade depuis des années. Je me souviens encore du jour où on nous a parlé de ce projet de fusion entre le FF Templemars et le LOSC pour la création d’une section féminine. C’était à l’occasion du barbecue de fin de saison dernière. Il n’y avait encore rien d’officiel, mais on était toutes très contentes, moi la première. »

Joël : « C’est assez incroyable, quand on y repense. Depuis toute petite, Camille ne cesse de me dire qu’elle rêve de porter un jour le maillot du LOSC. Et là, comme par hasard, la saison où le club créé sa section féminine avec Templemars, elle fait partie de l’aventure. J’y vois un signe du destin. »

LOSC.fr : « On ne peut pas se quitter sans évoquer ce but face à Hénin-Beaumont (2-0, le 13/09/15), le tout premier de l’histoire du LOSC Féminines… »

Camille : (elle sourit) « Sur le coup, je ne me suis pas rendue compte qu’il était le premier de la saison, ni même de l’histoire. On n’en parlait pas du tout dans le vestiaire. Ce n’est qu’après, quand vous (LOSC.fr et LOSC TV) m’avez posé la question que j’ai réalisé. »

Joël : « De mon côté, j’y ai pensé aussitôt. J’étais en tribune ce jour-là et j’étais très heureux, même ému. Après, ce n’est qu’un but. Camille a écrit la première page, mais j’espère qu’il y en aura encore beaucoup d’autres. »

LOSC.fr : « Et pourquoi pas un but de Camille sur une passe de Joël ? »

Joël : (il se marre) « C’est possible, sous le maillot des Anciens Dogues que je porte à chaque fois avec énormément de fierté. Je vais en parler à Michel Castelain (l’entraîneur de l’équipe). »

Camille : (souriante) « Ce serait une belle expérience. J’aimerais beaucoup… »

Merci à tous les deux pour votre disponibilité.

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Dolignon.jpgJoël Dolignon

43 ans
Né le 20/08/1972 à Saint-Quentin
Milieu de terrain, puis défenseur gauche
Champion de France cadets 1989 avec le LOSC

Clubs : Gauchy, LOSC, Roubaix, Rouen, Tourcoing, Marcq en Baroeul


151217Dolignon04.jpgCamille Dolignon

18 ans
Née le 20/02/1997 à Rouen
Milieu de terrain

Clubs : Lomme, Saint-André, Armentières, Hénin-Beaumont, Templemars, LOSC

 


Au nom du père, du fils… ou du frère

Outre Bruno et Benoît Cheyrou, plusieurs fratries ont un jour défendu les couleurs lilloises. Personne n’a oublié les frères Plancque, Stéphane et Pascal, ni les jumeaux Robail, Mathieu et Samuel. Mais connaissiez-vous Philippe Froger, frangin de Thierry, Grégoire Debuchy, frère de Mathieu, Kylian Hazard, cadet d’Eden, ou encore Mathieu Digne, aîné de Lucas ? Tous n’ont porté la tunique du LOSC qu’avec les équipes jeunes.
 
Parfois, le gène se transmet de père en fils, comme Jean et Pierre Lechantre, Michel et Jean-Michel Vandamme, Albert et Serge Dubreucq, Roger et Patrick Deschodt, ou encore Jean et Thierry Oleksiak. D’autres, comme Nahuel Nogues, descendant de Raoul, mais aussi Grégoire et Paulin Puel, enfants de Claude n’ont fréquenté que le centre de formation lillois.

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