Djibril Sidibé : rencontre du “Troyes”ième type

Depuis un an et demi, le LOSC possède dans ses rangs un défenseur latéral doté d’un talent à la fois précoce et façonnable, qui ne demande qu’à rayonner. Mais au fait, comment Djibril Sidibé en est venu au football pour finalement atterrir chez les Dogues ? C’est ce que LOSC.fr a cherché à savoir…

Il n’a que 21 ans et pourtant, Djibril a déjà tout d’un grand. Les Dieux du foot lui ont surtout offert toute la panoplie du latéral moderne : costaud, habile du droit comme du gauche, doué de la tête. Ce joueur complet, généreux dans l’effort, sait aussi d’où il vient, ce qui renforce encore davantage son talent. Grimper du National à la Ligue 2, puis de la Ligue 1 à la Champions League en 2012, jusqu’à l’Équipe de France Espoirs, n’a rien d’un parcours anodin. Comment est-il parvenu à ce niveau ? LOSC.fr s’est penché sur la question.

Tout démarre à Troyes, où Djibril naît le 29 juillet 1992. C’est là qu’il grandit au sein d’un quartier qu’on ne peut pas considérer comme favorisé. « On vivait à huit à la maison dans un F5 avec mes parents, mes deux frères, Mamadou et Moussa, ainsi que mes trois petites sœurs. » Et c’est au pied d’une des barres d’immeubles du quartier Jules Guesde, en face du bowling des 3 Seines, qu’à 8 ans, ce jeune troyen va découvrir les vertus jouissives du football entre amis, « sur un terrain goudronné, en affrontant des gars de 18 ans, dans une ambiance assez africaine », décrit-il.

Milieu de terrain puis défenseur de l’ATAC

Ce point de départ du contact avec le cuir, son cousin, qui flaire en lui l’âme d’un futur champion, va s’en servir comme une aubaine pour le proposer en test du côté de l’ATAC (l’Association Troyes Aube Champagne a été rebaptisée ESTAC, Espérance Sportive Troyes Aube Champagne, en 2000). Pari réussi puisque voilà Djibril Sidibé intégrant l’école de foot troyenne.

Dès lors, ce footballeur en herbe ne va plus jamais quitter l’univers du ballon rond. Surclassé dans chaque catégorie qu’il côtoie à l’ATAC, de 8 à 17 ans, Djibril va taper dans l’œil des entraîneurs dont il est sous la coupe. Et l’un d’eux va d’ailleurs le repositionner. « J’ai débuté milieu défensif. C’est Nicolas Defrance qui m’a fait reculer d’un cran en “14 ans”. J’ai alors joué arrière central le plus souvent, poste auquel Thierry Bocquet m’a utilisé le plus fréquemment en CFA 2 », déclare-t-il au journal L’Est Éclair en 2010. Mais le stoppeur va peu à peu glisser vers le couloir droit. « Ça m’a plu car j’aime pouvoir me dépenser, monter, descendre, me servir de ma technique tout en faisant le piston. J’avais plus de mal dans l’axe. Il y a des matches où je ne suais même pas et ça me frustrait. »

En gravissant les échelons, Sidibé se fait un nom au sein de l’ESTAC et intègre le groupe Élite à 16 ans, voué à servir la CFA 2. Jusqu’au jour où… « Patrick Rémy, le coach de l’équipe première, m’a appelé pour que je m’entraîne avec les pros à l’été 2009. Mes nouveaux équipiers étaient tous monstrueux ! Moi j’avais la “touffe”, je répétais mes gammes avec les habits de la réserve… Et j’ai passé le cap. »

Après Troyes, Pays-Bas ou plat pays ?

L’aventure avec son club de cœur prend alors tout son sens. En 2009-2010, le Troyen ne joue qu’une fois en National, tandis qu’au terme de l’exercice, l’ESTAC monte en Ligue 2. Mais c’est essentiellement en 2011-2012 où il explose (34 matches). Seulement voilà, durant les dix derniers matches précédant l’accession en L1, le jeune latéral attire les convoitises. Sur les rangs ? Le LOSC, l’Ajax Amsterdam et l’Olympique Lyonnais…

« Dans ma tête, je souhaitais en priorité rester à l’ESTAC, car en tant que pur Troyen, avec la forte aventure vécue au sein de ce super groupe, il y avait un vrai challenge. » Sauf que la réalité économique rattrape le club champenois, contraint de laisser filer sa pépite. « Tout a changé lorsque l’Ajax Amsterdam a proposé une offre plus élevée, explique-t-il. Du coup, j’étais un peu perdu. J’ai compris que je devais partir. » Troublé par ce retournement de situation, le n°25 troyen ne participe pas au dernier match de Ligue 2. « Même si je ne voulais pas partir dans l’absolu, j’ai vite relativisé. Quand je suis revenu du Tournoi de Toulon, j’ai répondu aux sirènes lilloises, en visitant le Domaine de Luchin. Ça m’a rassuré. »

Impressionné par le centre de vie lillois et le Stade Pierre Mauroy, Djibril voit aussi d’un bon œil l’éloignement limité avec son cocon troyen. Le voilà débarquant au LOSC le 24 juillet 2012. Aujourd’hui, la belle histoire se poursuit. Et nul doute que depuis Dramané - son petit village familial situé à l’Ouest du Mali - ou la région Champagne-Ardenne, la fierté doit primer, lorsqu’on évoque un certain Djibril Sidibé. ■