"Jorko" Ikoné, le petit gaucher qui Bondy

PAR MAXIME POUSSET

Des terrains du 93 à ceux de Ligue 1, il n'a pas changé, il reste le même, humble et travailleur, souriant et chambreur. Lui, c'est Jonathan Ikoné. Mais ici comme à Bondy, on l'appelle "Jorko", le petit gaucher qui aime dribbler, le petit gaucher qui aime les passes dé'.

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Jonathan, on voulait savoir : le foot et toi, ça a commencé comment ?
181001Ikone2.pngTrès tôt, en fait. J’ai débuté derrière chez moi sur un petit terrain en sable, à Bondy Nord. Mes deux grands frères étaient déjà footballeurs, tout comme mon père qui a évolué à un bon niveau en RD Congo. Il avait une bonne patte gauche. Il me voyait donc toucher mes premiers ballons par la fenêtre de l’appart’ et a décidé de m’inscrire à l’AS Bondy, à l’âge de 6 ans.

On t’en parle souvent, mais là, dans ta toute première équipe, il y avait un certain…
Kylian Mbappé, oui. On a joué ensemble jusqu’à ce que je parte au PSG en 2010. Et son père, Wilfried Mbappé, était notre entraîneur. Il nous suivait chaque saison, des débutants aux benjamins. Kylian était déjà au-dessus du lot, il était même surclassé. On se parle souvent, lui et moi. Et je ne suis pas surpris de le voir à ce niveau. Depuis tout petit, il fait des exploits sur le terrain. Il est juste dans la continuité de ce qu’il faisait en débutants, finalement.

À 12 ans, tu signes au PSG. Comment vit-on ça quand on se retrouve dans l’un des plus grands clubs français à cet âge ?
181001Ikone.pngSans trop se poser de question. C’est vrai que tu joues avec le maillot du PSG sur les épaules, mais tu sais très bien que tu n’es pas arrivé, que tu n’es qu’au centre de formation. J’ai donc gardé les pieds sur terre en franchissant les étapes les unes après les autres. Mentalement, je suis toujours resté le même. Et quand j’étais moins bien, ma famille savait me le rappeler. C’est comme pour un transfert, on écoute ce qui se dit, on regarde, mais la décision finale se prend toujours en famille.

En 2015, tu remportes l’Euro avec l’Équipe de France U17. Un souvenir forcément mémorable, on imagine.
Oui, c’est même probablement le meilleur de ma carrière, jusqu’à présent. Franchement, on avait très faim pendant cette compétition. Personne n’a rien lâché jusqu’à la dernière minute. On était la meilleure équipe, on a même encaissé qu’un seul but, terminant meilleure défense, meilleure attaque et notre attaquant, Odsonne Édouard, a fi ni meilleur joueur et meilleur buteur de l’Euro ! On n’a pas rigolé, quoi. Nous étions venus avec de grosses ambitions et nous les avons accomplies.

En quoi est-il particulier pour toi, ce maillot des Bleus ?
Je ne saurais pas le dire, c’est difficile à expliquer. On défend les couleurs de notre pays, c’est spécial, il y a du monde derrière. On se doit de faire honneur, de se dépouiller. Je le porte depuis les U16. Quand je vais en sélection, j’y vais pour tout donner. À chaque fois.

En parlant de moment fort, que retiens-tu de tes premiers pas en pros, à 18 ans ?
Ça reste un souvenir marquant, d’autant que j’ai eu la chance de les faire… en Champions League (Ludogorets-PSG, 3-1, le 28/09/16). Quand le coach (Unai Emery) m’a appelé en me faisant signe que j’allais entrer (à la 88ème), j’étais choqué, je n’y croyais pas. Je n’ai joué que quelques minutes, mais j’ai réussi à faire une passe dé’ pour Serge Aurier. Bon, il a raté, il n’a pas marqué, mais pour moi ça reste une passe dé’ quand même (sourire). D’ailleurs, le coach me l’a dit à la fin du match.

Quand tu étais jeune, quel était ton modèle sur le terrain ?
(sans hésiter) Franck Ribéry. J’adore son style, sa faculté à dribbler, à éliminer en un contre un dans les petits espaces, que ce soit à droite ou à gauche. Je regardais toutes ses vidéos sur YouTube lorsque j’évoluais dans un registre d’excentré. J’étais surtout attiré par le dribble. Mais en grandissant, et après avoir été replacé en 10, je me suis mis à m’intéresser plutôt aux passeurs, comme Özil. Aujourd’hui, je dribble moins, j’essaye d’épurer mon jeu et de progresser dans la belle passe, la dernière passe.

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