Le rêve éveillé d’Hamza Mendyl

PAR MAXIME POUSSET

Et vous, vous êtes-vous demandé dans quel état d’esprit vous auriez été si vous aviez disputé une Coupe du Monde à l’âge de 20 ans ? Ce rêve éveillé, c’est celui d’Hamza Mendyl, international marocain appelé pour participer au sommet du football mondial, du 14 juin au 15 juillet prochain en Russie. À deux semaines de l’événement, il nous a confié ses impressions.

DOMAINE DE LUCHIN, JEUDI 17 MAI 2018. « J’avoue, je fais un peu le "mec" en ce moment. » Le sourire est sincère et la vantardise totalement feinte. Avant de faire ses valises pour la Coupe du Monde 2018, Hamza Mendyl pourrait pourtant fanfaronner, lui le seul Lillois à participer au Mondial et donc à représenter le LOSC en Russie. Il a pourtant fait preuve d’humilité et d’enthousiasme au moment d’évoquer ce qui représente assurément pour lui le moment le plus fort de sa jeune (et prometteuse) carrière. « Mes coéquipiers sont contents pour moi. Ils m’ont tous demandé d’en profiter, de tout donner. Alors c’est ce que je vais faire. »
 

Plus qu’un maillot, un rêve de gosse

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 J’ai toujours rêvé de jouer pour le Maroc, même si mon père est Ivoirien. Je suis né et j’ai grandi à Casablanca. C’est mon pays, je regardais l’équipe nationale à la télé quand j’étais petit. J’avais 7 ans en 2004, pendant la CAN, quand le Maroc a perdu en finale contre la Tunisie (2-1). Mais je me souviens qu’on avait vécu le match avec le drapeau marocain maquillé sur notre visage. Après la victoire en demi-finale (contre le Mali, 4-0), on avait klaxonné dans la rue, dans la voiture de mon oncle. C’était l’époque des Youssouf Hadji, des Jaouad Zaïri, des Abdeslam Ouaddou. À ce moment-là, je jouais au Wydad Casablanca, j’étais tout jeune, mais je me suis dit que je voulais devenir footballeur et qu’un jour, je porterais le maillot du Maroc. »
 

« J’étais choqué ! »

« Ma première sélection avec les A ? C’était en 2016 (le 4 septembre), contre Sao Tomé-et-Principe. Je venais juste d’arriver au LOSC, j’avais 18 ans. Un jour, ma mère, qui vit avec mon père en France, à Paris, m’appelle pour me dire que ma famille au Maroc venait de la joindre pour lui annoncer que j’étais sélectionné. Je n’y ai pas cru alors je suis directement allé voir sur Facebook et là j’ai vu mon nom dans la liste. J’étais surpris, choqué même. Je n’avais joué qu’avec les U20. En fait, le coach, Hervé Renard, m’avait vu pendant un de ces matchs, contre le Qatar. J’étais capitaine et ce jour-là, j’avais été bon. Il m’a remarqué et m’a directement appelé chez les A. Sans passer par les Espoirs. »
 

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Obbadi et Boufal en grands frères

« Pour mon premier rassemblement avec les A, j’étais très timide, trop surpris de jouer avec ces joueurs-là, dont certains sont dans de très grands clubs. Heureusement que je pouvais compter sur Sofiane (Boufal) et Mounir (Obbadi) que je connaissais du LOSC. Ils m’ont permis de bien m’adapter, de m’intégrer, ils m’ont beaucoup parlé. Et puis en sélection, on parle Arabe, c’est plus facile pour moi, car je suis plus à l’aise qu’en Français, que je ne parlais qu’à l’école ainsi qu’avec mon père. Depuis tout petit, c’est l’Arabe que j’utilise au quotidien avec ma grand-mère. J’ai longtemps vécu chez elle, à Casablanca. » 
 

Roi des selfies avec les Marocains

« Ce qui a le plus changé pour moi après cette première sélection, c’est que je suis maintenant reconnu par les Marocains. Quand j’arrive à l’aéroport, ou quand je me promène en ville, beaucoup de gens viennent me voir, ce qui n’est pas le cas ici en France. Même en déplacement avec le LOSC, il y a toujours des Marocains qui me demandent une photo, un autographe. Au départ, ça me faisait peur, je ne savais pas trop comment le gérer. Puis je m’y suis habitué. Ils me disent de bien me préparer pour faire une grosse Coupe du Monde, de ne pas laisser marquer Cristiano Ronaldo… » 
 

CR7 au marquage ?

« Ce que ça me fait de penser que je serai peut-être au marquage de Cristiano Ronaldo ? (il rigole, les yeux dans le vague) Déjà, je n’arrive pas à l’imaginer. Je n’ai pas peur, mais ça me fait bizarre car c’est un très grand joueur que je regarde depuis que je suis tout petit. Ce sera déjà spécial de me retrouver sur le terrain avec lui. Après, pendant le match, il ne faut plus penser à ça, à ce qu’il représentait quand j’étais petit. Si je dois défendre sur lui, j’essayerai de l’arrêter, je ferai de mon max’ et on verra. »
 
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Prêt pour la grande aventure

« Je suis très impatient, j’ai hâte d’y être. J’ai 20 ans, je vais jouer une Coupe du Monde. C’est une chance, j’en ai conscience. On me dit toujours que dans le monde professionnel, il n’y a pas d’âge pour vivre des expériences. Alors j’en profite, je me dis que c’est super de vivre ça à mon âge, que beaucoup de grands joueurs ne joueront peut-être jamais cette compétition. C’est un rêve depuis tout petit. Je vais le réaliser. Mais je n’y vais pas pour regarder. Il faut jouer et être bon. En tout cas pour l’instant je me sens bien, en rythme, en confiance. Ça m’a fait du bien d’enchaîner les matchs avec le LOSC en cette fin de saison. »
 

 

Un groupe... costaud

« Notre groupe (B) est très dur avec beaucoup de talents. Même l’Iran, qui est supposé être le moins « gros » du groupe est une très belle équipe, qui a récemment battu l’Algérie (1-2). Après, on connait tous l’Espagne, qui reste sur un carton contre l’Argentine (6-1). Et puis le Portugal sera aussi très costaud. J’espère qu’on va bien représenter notre pays et faire une grosse Coupe du Monde. Il ne faudra pas perdre contre l’Iran pour commencer. Puis enchaîner face au Portugal avant de conclure la phase de poules contre l’Espagne, l’un des favoris. Et qui sait ? Peut-être qu’en phase finale on affrontera la France. Ce serait une belle histoire… »

Merci Hamza pour ta disponibilité. On est tous avec toi !