Matthieu Chalmé : "Je me suis régalé pendant cinq ans !"

Bordelais et Lillois à la fois, Matthieu Chalmé nous livre ses souvenirs d’ancien Dogue avant #FCGBLOSC.

Il est arrivé à 22 ans, sur la pointe des pieds, dans la peau d’un jeune joueur de CFA. Cinq ans plus tard, c’est avec 178 matchs chez les pros (dont 33 en coupe d’Europe) et un statut d’incontournable de Ligue 1 à son poste que Matthieu Chalmé a quitté le LOSC pour rentrer chez lui, à Bordeaux. À aujourd’hui 34 ans et à deux jours de #FCGBLOSC, il se souvient de ces années lilloises inoubliables.

Matthieu, bonjour. Tout d’abord, comment vas-tu ?
Plutôt bien, merci. Je me trouve actuellement dans une grande période de réflexion sur la suite à donner à ma carrière de joueur. Il y a des chances pour que je décide d’arrêter bientôt et de passer à autre chose. Je continue quand même de m’entraîner avec la réserve des Girondins de Bordeaux, dans l’espoir de trouver un dernier challenge intéressant. Je ne suis pas nostalgique, même si je sais que ce métier va sûrement me manquer.

Un métier que tu as découvert au LOSC, où tu es arrivé en 2002. Tu nous racontes tes débuts chez les pros ?
À l’époque, je jouais à Libourne-Saint-Seurin, en CFA. Nous avions réussi l’exploit de sortir le LOSC en 1/32e de finale de la Coupe de France (2-0 en décembre 2001). En fin de saison, trois clubs me proposaient de signer pro. Il y avait Lille, mais aussi Bordeaux où j’avais réalisé ma formation. J’ai rencontré Elie Baup et Pierre Dréossi dans la même journée. J’ai finalement choisi le LOSC qui m’offrait le plan de carrière le plus adapté. Avec ma femme, nous avons alors pris notre voiture, quitté la Gironde pour la première fois de notre vie et roulé 800 kilomètres vers le Nord.

Une véritable plongée vers l’inconnue, donc…
Un peu, oui. Nous sommes arrivés dans une superbe ville, avec des gens adorables. Je peux le dire : on s’est régalé pendant ces cinq années. Mes deux enfants sont nés dans le Nord.  Sur le plan sportif, j’ai immédiatement accroché à la mentalité. Même si j’avais connu le centre de formation bordelais et que je m’entraînais souvent avec les pros, j’arrivais du monde amateur dans un club qui venait de changer de coach. Claude Puel remplaçait Vahid Halilhodzic. Ce n’était pas simple, mais j’ai rapidement compris que ce club était idéal pour ma progression.

Comment expliques-tu ton adaptation aussi rapide à la Ligue 1 ?
La première saison (2002-2003), j’ai participé à vingt matchs de Ligue 1, dont huit titularisations, sans compter la Coupe Intertoto. C’était déjà énorme, je ne m’attendais pas à jouer autant. Claude Puel aime les gros bosseurs. Nous avons des valeurs similaires. Sur le terrain, l’une de mes principales caractéristiques est de me battre énormément. J’ai toujours aimé ça. Le fait de beaucoup travailler à l’entraînement m’a permis d’entrer dans l’équipe dès ma première saison. Je devais simplement élever mon niveau de jeu. Et de ce point de vue, les anciens m’ont pas mal aidé et encadré.

« Si on nous avait dit à l’avance qu’on se hisserait un jour parmi les seize meilleures équipes d’Europe… »

Quelle image forte gardes-tu de ces débuts dans le grand bain ?
Tout joueur de foot a forcément en tête son premier match chez les pros. Le hasard des choses a fait que c’était à domicile face à Bordeaux (03/08/02, 0-3). J’ai eu la chance de disputer 20 minutes. Malgré la défaite, cela reste quelque chose de fort. Ensuite, si on nous avait dit à l’avance qu’on se hisserait parmi les seize meilleures équipes d’Europe, disputant un 1/8e de finale de Champions League contre Manchester United (0-1, 0-1, les 20/02/07 et 07/03/07) après s’être qualifiés contre l’AC Milan (0-2, le 06/12/06) à San Siro, personne ne l’aurait cru. Ce fut une émotion unique comme seul le sport peut en offrir.

Revenons sur ce fameux match aller contre les Red Devils et ce but de Giggs sur un coup-franc trop vite joué. Comment l’avez-vous vécu sur le coup ? Manque d’expérience ou injustice ?
Sur le moment, on crie forcément à l’injustice, on se dit que l’arbitre aurait dû siffler. Puis on se dit que c’est ça l’expérience… et le talent. Parce que ce coup-franc, Giggs l’a vite frappé, mais il l’a surtout marqué. Ces matchs étaient accrochés, ils se sont joués sur des détails qu’on ne connaissait pas. Malgré tout, il y avait un monde d’écart. On n’a pas été ridicules, car avouons-le, on a toujours cette appréhension de prendre une volée. Ça restera quand même un bon souvenir qui nous a permis de gagner en expérience.

Cette année, le LOSC fête ses 70 ans. Quel regard portes-tu sur l’évolution du club ?
J’ai toujours gardé un œil attentif sur la façon dont le club grandissait. Tout s’est construit dans la continuité. Au moment du départ de Claude Puel, j’étais persuadé que le club traverserait une période de moins bien. Mais je me suis trompé. Le LOSC a continué à franchir des paliers jusqu’à être sacré champion en 2011. Il recrute, forme et révèle régulièrement de bons joueurs qui deviennent internationaux. Aujourd’hui, la conjoncture économique fait que la situation est compliquée pour tout le monde, mais les Dogues sont toujours au rendez-vous.

Pour finir, quelle place garde le LOSC dans ton cœur aujourd’hui ?
Il est et restera un club particulier. C’est toujours un plaisir de revenir à Lille, de retrouver d’anciens collègues et de se remémorer le bon vieux temps.

Merci Matthieu. #FCGBLOSC, (probablement) le dernier au Stade Jacques Chaban Delmas, c’est ce dimanche (14h), à suivre sur beIN SPORTS.

Mathieu Chalmé

Né le 07/10/1980 à Bruges (33)
Défenseur latéral droit

Clubs : Girondins de Bordeaux (1997-2000), FC Libourne Saint-Seurin (2000-2002), LOSC (2002-2007), Girondins de Bordeaux (2007-2014), AC Ajaccio, p. (2012-2013), Girondins de Bordeaux (2013-2014)

Palmarès : Champion de France (2009) ; Vainqueur de la Coupe de la Ligue (2009) ; Vainqueur du Trophée des Champions (2008, 2009)