Michel Seydoux : dix ans de LOSC, dix ans de passion

Pour célébrer sa dixième année de présidence à la tête du LOSC, Michel Seydoux, le Président Directeur Général du club lillois, a reçu LOSC.fr et LOSC TV dans son bureau du Domaine de Luchin. Il nous livre ses plus beaux souvenirs et quelques anecdotes d’une décennie chargée en émotions.

 

Président, bonjour. Depuis votre prise de fonction le 24 avril 2002, si vous deviez retenir un match ?
Je vais citer une grande soirée européenne, car elle constitue le premier succès important du LOSC et restera dans les annales. Je veux évidemment parler de la victoire à San Siro contre l’AC Milan (0-2) en 2006. On obtient ce soir-là une qualification pour les huitièmes de finale de la Champions League, en marquant deux buts dans l’un des temples du football alors que nous sommes le petit poucet de la compétition. Dans notre histoire, c’est un tournant car on change alors de catégorie.
 
Une rencontre ?
En l’espace de dix ans, j’ai rencontré de nombreuses personnes et il est difficile d’en sortir une du lot. Mais j’ai beaucoup apprécié Pierre Mauroy par exemple. On sent tout l’amour qu’il porte à sa Métropole, sa ville de Lille et ses habitants. Ce n’est peut-être pas un grand fan de foot, mais ce qu’il a fait pour ce sport et pour le LOSC est remarquable.

"Le moment qui restera gravé à vie dans ma mémoire, ce sont ces instants de communion avec les Lillois après notre doublé historique Coupe-Championnat de France."


Une anecdote ?
Je pourrais vous en citer pleins ! Malgré tout, je vais en retenir une car je la trouve amusante, même si ce n’est pas vraiment une anecdote. C’est l’histoire de la vraie fausse arrivée de Park au LOSC l’été dernier. Avec le recul, on peut considérer la fin comme étant drôle, même si on ne l’avait pas forcément trouvé marrante sur le moment (il sourit).

Un souvenir de rêve ?
Le moment qui restera gravé à vie dans ma mémoire, ce sont ces instants de communion avec les Lillois après notre doublé historique Coupe-Championnat de France. Et une première fois, cela a toujours une saveur particulière. Forcément, j’ambitionne à l’avenir de parader à nouveau dans les rues de Lille à bord d’un bus à impériale…

Une émotion ?
La tristesse éprouvée lorsque je me suis rendu à la mairie de Linselles, puis à l’enterrement des deux enfants tragiquement disparus en 2009 après LOSC-OL au Stade de France. J’ai ressenti une émotion très personnelle. J’ai surtout pu mesurer la peine d’un père face à un tel drame.

Une colère ?
J’ai l’impression de gérer avec une certaine intelligence mon self-control, ce qui est assez compliqué dans ce métier-là. Il faut savoir que la colère est généralement très mauvaise conseillère. Cela peut traduire une certaine forme de jalousie ou de tristesse, mais je considère que ce n’est pas digne d’un grand responsable, quel qu’il soit.

Une joie ?
La première qui me vient à l’esprit, c’est juste après le coup franc victorieux de Ludo Obraniak contre le PSG (1-0), lors de cette inoubliable finale de la Coupe de France. Je savais à cet instant du match qu’on remporterait sans doute le premier trophée de l’histoire moderne du LOSC.

Un but ?
Beaucoup sont importants dans la construction de notre histoire, mais le plus spectaculaire reste celui d’Eden Hazard l’an dernier au Vélodrome devant l’OM (1-2), un concurrent direct  à l’époque. Ce but est venu de nulle part et deviendra un élément moteur dans notre conquête du titre de champion.

Une année ?
La première (2002) car ce fut la plus dure. Elle a représenté pour moi un apprentissage, je n’avais pas encore d’expérience dans le milieu du foot, même si j’en possédais une en tant que gestionnaire. Il a fallu gérer une période de transition délicate après les excellentes performances du duo Graille-Halilhodzic.

Un chiffre ?
Je vais commencer par en citer un qui nous concerne actuellement : 62, comme 62 points et 62 buts en championnat. Il me plaît, je trouve ça assez drôle. Après, c’est vrai que 189 matchs toutes compétitions confondues au Stadium, ce n’est pas mal non plus ! Il faut avouer que, finalement, ce stade nous aura porté bonheur. Nous sommes d’ailleurs en train de vivre une saison quasi complète à guichets fermés, ce qui est formidable. Cet été, on va le quitter et tourner la page. Quoi qu’il en soit, il restera à jamais gravé dans l’histoire de notre club. Et aujourd’hui, malgré des conditions compliquées, je n’ai pas peur de dire qu’il y existe l’une des plus belles ambiances de France, grâce à un public exceptionnel.

Une fierté ?
Elle est collective : c’est celle du travail accompli depuis une décennie. Nous avons su mener à bien notre projet, à l’aide de tous les acteurs du club.

Un regret ?
Je n’en ai pas car je ne suis pas du genre à regretter. Même les erreurs, je fais en sorte de les rendre positives. La seule chose contre laquelle on ne peut pas lutter est celle du temps qui passe (le Président sourit).

"Ne pas parler d’Eden Hazard me semble impossible. Nous avons eu la chance de voir évoluer ce joueur pas mal de temps chez nous, alors qu’il possède un énorme talent."


Un joueur ?
Ne pas parler d’Eden Hazard me semble impossible. Nous avons eu la chance de voir évoluer ce joueur pas mal de temps chez nous, alors qu’il possède un énorme talent. Ne pas pouvoir le conserver, c’est évidemment triste. Mais comme on l’aime, on espère qu’il deviendra Ballon d’Or. En règle générale, je ressens beaucoup de fierté quand je vois nos anciens joueurs évoluer dans de bonnes équipes. Je peux vous citer Éric Abidal, pour qui j’ai une pensée toute particulière dans l’épreuve qu’il traverse, mais aussi Yohan Cabaye, Adil Rami ou Mathieu Delpierre. Cela démontre que la formation du LOSC est reconnue.

Une déception ?
Celle que je n’arriverai sans doute jamais à digérer, c’est le passage de la deuxième à la quatrième place au classement à Lorient (2-1, 15/05/10), lors de notre dernier match de la saison 2009-2010.

Un lieu ?
Le Domaine de Luchin ! Cela correspond à ma vision de la beauté d’un endroit, de l’intelligence de son agencement, de l’environnement dans lequel il est implanté : bref, c’est la maison du LOSC. Et elle respecte les grands fondamentaux qui animent mon côté artistique.

Un stade ?
Le Grand Stade Lille Métropole, forcément. D’une part car je l’attends. D’autre part, il représente dix ans de rêve, de projet, de papiers froissés, de plans déchirés, de lieu à trouver… Croyez-moi qu’en août prochain, nous savourerons cette chance de nous y installer. Je n’aurai sans doute pas tous mes repères au départ, mais faites-moi confiance pour m’y retrouver rapidement. Ce sera le début d’une nouvelle aventure à laquelle je crois dur comme fer pour les dix prochaines années. Le jour de l’inauguration sera en tout cas inouï. Espérons que ce stade devienne un temple du football.

Un événement ?
La signature du permis de construire de notre future enceinte. Si elle n’avait pas eu lieu, nous n’aurions certainement pas connu une telle dynamique. Or, force est de constater qu’à chaque fois que nous avons bien travaillé, nous avons avancé et les choses se sont réalisées. Ce fut un moment clé de l’histoire du club, qui est intervenu en plein milieu de mes dix ans de présidence.

Une image ?
Les yeux qui pleurent et la "banane" des supporters lors de notre doublé Coupe-Championnat de France l’an dernier. Je me rappelle du sourire d’un monsieur assez âgé qui donnait l’impression de revivre grâce à cela. Il n’y a rien de plus extraordinaire.

Pour finir, si vous deviez émettre un nouveau rêve ?
La continuité du projet du LOSC. J’ai toujours gardé cette ambition de soulever le plus de trophées possibles. Je garderai quoi qu’il arrive, jusqu’à mes derniers jours, une énorme pensée pour le club, comme tous ceux qui y sont passés et qui ont œuvré pour qu’il devienne ce qu’il est aujourd’hui. Si dans vingt ans, d’autres trophées sont de nouveau remportés, je serai aussi ému qu’aujourd’hui…

Merci Président.