Philippe Bergeroo : ''Gravé en moi''

Tout au long de l’année, le magazine officiel du club nordiste effectue une plongée verticale dans la vie des anciens Dogues pour vous permettre de rester en contact de joueurs qui ont marqué de leur empreinte leur passage au sein du club nordiste. Aujourd’hui, LOSC.fr vous offre une interview de Philippe Bergeroo, parue dans Go LOSC ! n°10.

Souvenirs, souvenirs… Dernier Lillois à avoir défendu le maillot tricolore, Philippe Bergeroo possède une sacrée carte de visite : champion du monde 98 dans le staff d’Aimé Jacquet, l’ex-Dogue est l’un des techniciens les plus reconnus du foot français, aujourd’hui sélectionneur de l’équipe de France des moins de 18 ans. Pour Go LOSC !, l’ancien portier émérite des Dogues jette un coup d’œil dans le rétro et se remémore ses cinq saisons passées au LOSC. Il nous parle d’un temps que les moins de vingt ans…


Comment se porte l’ancien gardien de but lillois ?

Pas mal du tout, merci. Il faut dire que ça remonte à… (il se coupe). Oui, ça doit bien faire 25 ans que j’ai quitté le Nord.

Quels souvenirs gardez-vous de votre arrivée au LOSC en 1978 ?

Bien qu’originaire du Sud, on m’avait affirmé que mes valeurs correspondaient à celles du Nord. Je suis quelqu’un de calme, de travailleur et de fidèle en amitié. A Lille, j’ai été servi, en côtoyant des gens formidables. J’ai aussi eu le privilège d’évoluer sous les ordres de José Arribas, un monument. C’était une vraie chance. J’en avais d’ailleurs profité pour noter soigneusement le contenu de toutes ses séances d’entraînement…

Ah bon ? A l’époque, vous envisagiez déjà de vous reconvertir comme entraîneur ?

Oui. La fibre a toujours été en moi. Ce métier de technicien, je l’ai découvert au contact de Charly Samoy (alors entraîneur des gardiens du LOSC, NDLR), un homme droit, très exigeant. Il m’avait même promis qu’il m’offrirait son maillot de l’équipe de France B le jour où, par mon travail, je le mériterais.

Eh alors ? Avez-vous eu un jour la chance de le recevoir ?

Bien sûr ! (fièrement) Environ un an et demi ou deux après mon arrivée. Mais pour ça, j’ai dû bosser dur (rires).

Le travail a payé, puisque c’est au LOSC que vous avez connu votre première cape en Bleu (il en compte 3 en tout, NDLR).

C’est exact, quelle mémoire ! C’était face aux USA au Parc des Princes (3-0, le 10 octobre 1979), j’étais entré en jeu à la pause. Je me souviens qu’à l’époque, cette sélection avait été largement médiatisée : il faut dire que la dernière apparition d’un joueur lillois en Bleu remontait à loin. D’ailleurs, je ne suis pas certain qu’il y en ait eu beaucoup depuis…

Vous avez raison : saviez-vous que le dernier Dogue à avoir étrenné le maillot de l’Equipe de France A s’appelait Philippe Bergeroo ?

Non, je ne le savais pas (étonné). Mais j’en suis sûr : je ne vais pas tarder à avoir un successeur (récemment sélectionnés, Adil Rami et Rio Mavuba ne sont pas entrés en jeu). Je ne voudrais pas qu’on ne me remette cette distinction de dernier international lillois à titre posthume (il éclate de rire). Pour en revenir à cette sélection en Bleu, ce fut un bonheur immense, d’autant plus que deux jours avant la rencontre, mon fils Pierre est né… à Lille. Il a un nom et un accent occitan, mais c’est un Ch’ti et j’en suis très fier.

Si vous ne deviez en garder qu’un, quel souvenir symboliserait le mieux vos cinq saisons lilloises ?

(sans hésiter) Ce match exceptionnel face à l’AS Saint-Etienne de Curkovic, Piazza et Rocheteau (3-0, le 7 avril 1979 à Grimonprez- Jooris, NDLR). Ce soir-là, nous étions en état de grâce. Le match aurait pu durer trois jours, les Verts n’auraient jamais marqué ! C’est le genre de rencontre que l’on ne connaît qu’une fois dans une carrière. Aujourd’hui encore, les gens m’en parlent…

Revenez-vous souvent à Lille ? à ce propos, vous êtes le bienvenu au Domaine de Luchin…

Merci, je note l’invitation avec plaisir. De toute façon, j’essayerai d’assister à une rencontre du LOSC cette saison, car vous savez, j’ai encore besoin de me baigner dans cette ambiance si particulière. Les supporters ont toujours été adorables avec moi. Lorsque je suis revenu avec le TFC, ou plus tard comme entraîneur du PSG par exemple, j’ai reçu des applaudissements en rafales. Je l’avoue : ma période lilloise est gravée en moi.

Surtout que le public lillois est fidèle, il n’oublie jamais de saluer ses anciens joueurs. Vous confirmez ?

La fidélité, c’est le mot juste. Tiens, encore un exemple : quelques jours après ce fameux match contre l’ASSE, j’ai reçu une lettre d’un vendeur de bicyclettes. Connaissant ma passion pour le cyclisme, il voulait m’offrir un vélo sur mesure ! Il y a aussi ce fromager qui, après un match, m’a tendu une boule de Mimolette (célèbre fromage lillois, NDLR), ou encore cette femme qui avait tricoté des chandails pour mes enfants. C’est une réalité, les gens du Nord ont le coeur sur la main. Pour ça, je leur adresse un grand coup de chapeau.

Je suppose qu’en tant que sélectionneur des moins de 18 ans français, vous observez de près la formation lilloise…

Oui, d’autant qu’un joueur du LOSC, le jeune Arnaud Souquet, fait partie de mon groupe. C’est un garçon combatif et prometteur. Mais ne brûlons pas les étapes : à l’image de ses partenaires, il doit encore mûrir.

Pour finir, vous n’avez pas pu passer à côté : le LOSC entrera bientôt dans son Grand Stade Lille Métropole. Que pensez-vous d’un tel projet ?

C’est une bonne chose que le LOSC puisse voir son travail récompenser par la construction d’une enceinte de cette envergure. J’espère que les tribunes seront proches de la pelouse. C’était le cas à Grimonprez-Jooris et croyez-moi, il n’y avait rien de tel pour le spectacle !

Merci beaucoup Philippe Bergeroo, ce fut un plaisir.