Rachid Chihab : "Objectifs atteints"

Quatre jours après un dernier match nul face à Compiègne au Stadium (3-3), Rachid Chihab dresse le bilan de la réserve du LOSC lors de cette saison 2011-2012 et se projette déjà sur l’exercice à venir. L’entraîneur de la CFA nordiste en profite également pour glisser un mot sur ses anciens protégés : Lucas Digne, Gianni Bruno et… Eden Hazard.

Rachid, bonjour. Au bout de 34 journées dans ce groupe A de CFA, l’équipe lilloise termine à la dixième place au classement (82 points). Ton sentiment ?
Ce fut une saison assez positive. D’une part, l’objectif "maintien" a été rempli. D’autre part, nous avons su amener des joueurs le plus haut possible. Après, en tant que compétiteur et éternel insatisfait, cette dixième place ne me convient que moyennement : il y avait encore mieux à faire en termes de jeu, d’efficacité, de constance et donc largement la place de figurer parmi les trois premiers de notre poule.

Malgré tout, l’amélioration semble nette par rapport à la saison passée…
C’est vrai que nous sommes restés sur un exercice 2010-2011 marquant (les Dogues, d’abord relégués en CFA2, ont été repêchés en CFA par la suite). On a tout remis à plat l’été dernier, en reconstruisant un groupe doté d’une nouvelle mentalité et d’un bon état d’esprit. À partir de cet instant, un collectif s’est mis en place et cela s’est ressenti dans notre jeu.

Globalement, quelles satisfactions retires-tu de cette année ?
Sur le plan humain, j’ai eu à faire à des garçons qui ont toujours voulu s’inscrire dans le projet, la logique et les valeurs du club. En termes de travail, de respect, on avait un groupe intéressant. Il y a d’ailleurs peut-être un ou deux joueurs qui rejoindront les pros bientôt, preuve que tout ce qui a contribué à leur émergence paye.

Y a-t-il aussi quelques regrets ?
Bien sûr ! (il sourit) Disons que nous avons le défaut de nos qualités : les joueurs sont jeunes, enthousiastes, mais en manque d’expérience et de maturité. Ils ont parfois eu du mal à mesurer l’exigence demandée. Si bien que, par moment, on a fait preuve d’autosatisfaction, alors qu’avec plus d’ambitions, on aurait pu remporter certains matchs à notre portée. Du coup, on a laissé échapper des points qui, à l’arrivée, font la différence au classement. Notre dixième place est donc conforme à notre comportement.

« Lucas Digne et Gianni Bruno sont de très bonnes locomotives pour les jeunes. À eux de s’en inspirer. »


Si on regarde désormais du côté des pros, on pense forcément aux révélations de la saison comme Lucas Digne et Gianni Bruno. Qu’en penses-tu ?
Déjà, ça ne me surprend pas qu’ils en soient arrivés là. Mais cela montre surtout que le club continue à faire confiance aux jeunes et que le centre de formation remplit ses objectifs d’en sortir, malgré la dimension prise par le LOSC à tous les niveaux.

Et ton avis sur eux au cas par cas ?
Pour Lucas, on savait que sur le plan de l’investissement et de l’implication, il possédait l’équipement mental pour atteindre le haut niveau. Et comme il dispose de qualités physiques hors-normes... Il a aussi su saisir sa chance selon les opportunités qui se sont présentées à lui. Tout comme Gianni d’ailleurs, dont la très bonne mentalité a été récompensée, même s’il évolue dans un registre totalement différent. Au final, ils savent que leur salut passera toujours par le travail, l’humilité, la patience et la remise en question. Ce sont de très bonnes locomotives pour les jeunes. À eux de s’en inspirer.

Un autre élément lillois a évidemment marqué les esprits cette année. Il s’agit d’Eden Hazard, qui a récemment pris la direction de Chelsea FC…
Il est difficile de trouver les mots le concernant… C’est juste le génie, le talent à l’état pur, un joueur exceptionnel qui sera peut-être le meilleur de la décennie. Je lui souhaite autant de succès qu’il en a connu avec le LOSC. Quand on l’a vu débarqué au club à 14 ans, juste avant les métamorphoses de la croissance, on ne pouvait pas imaginer une si belle réussite. Par contre, on avait détecté chez lui un potentiel immense. Il a fallu l’accompagner le mieux possible, dans un processus fait de hauts et des bas car à cet âge, les jeunes ont besoin d’apprendre et de se brûler de temps en temps. Je n’ai pas grand-chose à ajouter, le mérite lui revient complètement car il ne s’est jamais dispersé.

Ressent-on une certaine fierté d’avoir contribué à sa réussite ?
C’est en tout cas un honneur d’avoir travaillé avec un joueur de cette envergure, qui en plus est quelqu’un de très intéressant humainement. Aujourd’hui, par rapport à son comportement et ses attitudes durant tout son passage au club, avec le respect dont il a toujours fait preuve, c’est un juste retour des choses. Les jeunes doivent le prendre pour exemple, mais comprendre aussi que c’est l’exception, qu’il est d’un autre standing, d’une autre dimension.

« L’idée de base est celle-ci : le groupe sera majoritairement composé - à deux ou trois joueurs près - de ceux qui ont fait partie de l’aventure cette saison. »


Revenons à la CFA. Quelles sont les perspectives pour la saison prochaine ?
On découvrira à la mi-juillet de quelles équipes notre championnat sera composé. Concernant l’effectif, on aspire avant tout à le consolider car il a un vécu. Après, dans le jeu, je souhaite que nous soyons plus efficaces, meilleurs dans nos choix, très bons dans les phases décisives, tout ce qui nous a un peu fait défaut cette année. Simplement, il faut réaliser que dans les trente derniers mètres, il faut avoir du talent, de la justesse, du timing, bref, tous les ingrédients qu’on retrouve au plus haut niveau.

Doit-on s’attendre à beaucoup de mouvements au sein de l’équipe ?
L’idée de base est celle-ci : le groupe sera majoritairement composé - à deux ou trois joueurs près - de ceux qui ont fait partie de l’aventure cette saison. On gardera la même ossature, en incorporant bien sûr des joueurs qui viendront du dessous.  Cette année, c’était important de disposer de garçons qui ont du métier, un bon état d’esprit et de la fraîcheur. Ç’a permis d’amener un autre regard et un discours positif dans le vestiaire. Au final, c’est une relation gagnant-gagnant avec eux car, tout étant possible en football, certains se serviront peut-être de ce projet pour rebondir ?

Merci Rachid Chihab.