Renato Civelli, l’Argentin en Nord

PROPOS RECUEILLIS PAR JONATHAN MARTIN

Entre son mètre 93 et ses 89 kilos, on ne peut pas dire qu’il passe inaperçu. Et si vous ajoutez à cela un tempérament de feu sur le terrain, le cocktail est plutôt explosif ! Renato Civelli a la gagne dans les veines. Quoi de plus normal pour ce Sud-Américain qui a tout du défenseur central aguerri et très précieux ? On en parle, à cœur ouvert, avec le principal intéressé.

Renato, dans un premier temps, comment vas-tu, toi qui as connu quelques soucis de cheville dernièrement ?
Je vais beaucoup mieux, merci. J’avais déjà rencontré ce problème à Caen (1-2, le 05/12) puis face à Troyes (1-3, le 23/01). Mais je n’ai pas pu soigner cette blessure à cause de l’enchaînement des matchs. Je me suis de nouveau blessé à Montpellier (3-0, le 27/02). J’ai ainsi subi ma troisième infiltration en deux mois, je pense donc que ce sera la dernière car ce n’est pas une solution à terme. Le staff médical m’a averti que ça pouvait abîmer le cartilage. Parfois, il faut faire des concessions car ça peut aussi se répercuter sur l’après carrière. Alors je dois faire attention.

Revenons sur ton arrivée l’été dernier au LOSC. T’attendais-tu à vivre une telle saison ?
Déjà, quand je signe dans un club, c’est pour jouer. Mais dans l’esprit, je ne pars pas titulaire. Par contre, je me donne les moyens de le devenir. Après, au niveau des résultats, je ne m’attendais pas à vivre une saison aussi difficile, c’est vrai. Et comme je suis quelqu’un qui a malheureusement du mal avec la défaite… ça me touche au plus profond de moi, j’ai du mal durant 2-3 jours. À l’inverse, quand on gagne, je ressens une joie immense.

Comment expliques-tu que l’exercice 2015-2016 soit aussi périlleux ?
Il a fallu s’adapter ! N’oublions pas que beaucoup de joueurs sont arrivés à l’intersaison estivale. Et ce n’est pas surprenant que ça prenne du temps pour apprendre à se connaître. Pour autant, je pense qu’on a des capacités. Regardons simplement le classement : nous n’avons pas perdu contre les sept premiers, hormis le PSG (1-0) lors de la 1ère journée. Cela veut dire qu’on a les qualités pour mieux figurer. Mais comme nous ne sommes pas les seuls à vouloir voir plus haut, ça se joue au mental et à l’envie.

Vous avez changé la donne en 2016, non ?
Honnêtement, je trouve qu’on est dans une certaine continuité, même si dans le contenu, on est un peu mieux, oui. Ça ne se ressent pas toujours dans les résultats, mais il nous reste huit matchs et on peut encore très bien finir. Nous sommes dans la course pour remplir nos objectifs, en plus d’une finale de Coupe de la Ligue à disputer. Pour autant, on a eu du mal à confirmer à chaque fois qu’on a eu l’opportunité de faire le break. Là il nous reste des possibilités, à nous de les saisir.

Celle qui s’avance face à Toulouse en est une. Qu’attends-tu de ce match ?
Je pense qu’après Paris, Lyon et Nice, le Téfécé est la quatrième équipe qui joue le mieux au ballon en Ligue 1 d’un point de vue offensif. Après, il y existe certainement un déséquilibre défensif qui explique leur position au classement. Sauf qu’avec l’arrivée de Pascal Dupraz, les Toulousains vont certainement retrouver cette stabilité qui leur manquait peut-être. Alors faisons attention. Je ne sais pas s’ils vont jouer leur survie face à nous, mais c’est vrai que les matchs passent et qu’il y aura de moins en moins d’opportunités de se sauver. C’est à nous de faire le match qu’il faut.

"Comme nous ne sommes pas les seuls à vouloir voir plus haut, ça va se jouer au mental et à l’envie."

Renato, on te voit souvent user de ta voix sur la pelouse…
(il sourit) Oui, je parle beaucoup sur le terrain, c’est vrai. Je conçois le football ainsi. Je pense qu’il est essentiel de communiquer. En Argentine, on me disait toujours qu’il ne fallait pas parler… mais plutôt crier ! Car quand tu te retrouveras au Monumental (le stade de River Plate situé à Buenos Aires), avec 50.000 personnes, ton partenaire ne t’entendra pas. Et ce n’est pas faux. Il y a un tas de buts qu’on évite ou qu’on aurait pu éviter grâce à cela. Je comprends certains joueurs qui disent que je parle trop, ça ne me dérange pas. Moi je n’ai jamais trouvé que c’était le cas. En tout cas j’essaie toujours de garder un discours positif.

Revenons un peu sur ton parcours. Peux-tu nous en toucher quelques mots ?
Je suis né à Pehuajo, au milieu de la Pampa, à 375 km de Buenos Aires. Petit, je faisais déjà beaucoup de sport : du basket, du hand, du hockey sur gazon, mais pas de rugby car en banlieue, ça n’est très populaire. Après, je suis issu d’une famille de sportifs. Mes trois frères et ma sœur en pratiquent à un bon niveau. Bruno a été handballeur pro en Espagne, en Italie et en Hongrie ; Luciano a été footballeur pro à Ipswich et aujourd’hui il l’est à Banfield (première division argentine) ; quant à ma sœur, elle est architecte, mais elle faisait du hockey et de la natation.

Parlons de ta position de défenseur central. Tu as affirmé à l’émission J+1 sur Canal + Sport que ça n’était pas vraiment ton poste de prédilection. C’est vrai ?
(il esquisse un large sourire) Disons que ça m’arrive de jouer avec des amis et de me placer devant. C’est le propre du foot, non ? La plupart des joueurs aiment avoir le ballon, faire des petits ponts, des gestes techniques. Au regard de mes qualités et de la position que j’occupe en pro, ça n’est hélas pas possible. Maintenant, je prends du plaisir quand même, ne vous en faites pas ! Il n’empêche que j’ai envie de marquer car ça apporte à l’équipe. D’autant que cette année, à chaque fois qu’on ouvre le score, on récolte les points car on n’encaisse pas beaucoup de buts. Donc oui, j’ai envie d’aider l’équipe en débloquant mon compteur. Mais je serais encore plus content de terminer européen que d’avoir quatre buts à mon actif… (clin d’œil amusé)