René Girard : "Ici, c’est une terre de football" (2/2)

Il est depuis près d’une semaine le nouvel entraîneur du LOSC. Déterminé et passionné à la fois, René Girard a pris ses fonctions au sein de la maison lilloise avec détermination et plaisir. L’occasion pour LOSC.fr et LOSC TV de faire la connaissance du nouvel homme fort losciste à travers un riche entretien en deux parties. Dans ce second acte, il se replonge sur son riche parcours mais s’ouvre aussi sur ses passions en dehors du football.

L’aventure avec les Bleus, Champions d’Europe 2000.

« En 1998, Roger Lemerre devient sélectionneur de l’Équipe de France et me prend comme adjoint durant quatre ans. Les Bleus venaient de décrocher le graal en devenant Champions du Monde. Pourtant, je pense que nous n’avons jamais eu une équipe aussi forte qu’en 2000, que ce soit au niveau du jeu ou de l’accomplissement. Je ne vais pas faire un dessin, mais fréquenter tous les jours des Zidane, Henry, Barthez, Vieira, Djorkaeff, Petit... c’est un véritable bonheur et surtout, un enrichissement total sur le plan technique, tactique. On emmagasine énormément au contact de ces gens-là. »

Ses souvenirs en tant que Directeur Technique National.

« Juste avant de rejoindre les Bleus, j’ai intégré la DTN après une pige de six mois à Strasbourg. Aimé Jacquet, avec qui j’ai partagé huit saisons aux Girondins de Bordeaux, m’a sollicité car il y constituait une nouvelle équipe. J’ai hésité, car être formateur, c’est un autre métier. Je ne pensais pas que ça me conviendrait. J’ai donc proposé d’essayer une année… finalement, j’y suis resté dix ans ! »

Des années à la formation particulièrement riches.

« Former m’a fait grandir et permis d’avoir une autre réflexion sur le jeu, les gens. J’ai choisi de rester moi-même, comme dans la vie, car je pense qu’il n’y a qu’à cette condition qu’on peut être bon. J’ai d’abord "formé des formateurs", en devenant responsable du DEPF, le diplôme suprême pour entraîner en Ligue 1, aux côtés de Philippe Bergeroo et Francis Smerecki. J’ai d’ailleurs vu passer des garçons comme Rudi Garcia. J’ai vécu une expérience remarquable, dix années superbes en termes d’échange. Ce fut une décennie réussie. »

Son avis sur le Nord et le LOSC en général.

« Il faut savoir que quand on me parle du LOSC, ça représente mes débuts de joueur professionnel, quand on se déplaçait à Henri Jooris, dans les années 1972-1973. Ça ne date pas d’hier... J’ai ensuite connu Grimonprez-Jooris. Ici, c’est une terre de football sur laquelle j’ai croisé des Georges Heylens, Arnaud Dos Santos ou Jean-Pierre Mottet. Concernant la géographie, quand on schématise un peu et qu’on compare le Nord et le Sud, on parle souvent du chaud et du froid (large sourire). La rigueur nordiste d’un côté, alors que de l’autre, c’est peut-être un peu plus cool. Finalement, on essaie de se montrer le plus performant possible, chacun avec ses ingrédients. On m’a souvent dit que je n’étais pas vraiment du midi, mais plutôt du midi moins le quart (rires). J’ai le tempérament méridional, l’accent, je suis né dans le Sud, tout en affichant une espèce de rigueur anglo-saxonne. »

Ses passions en dehors du football.

« Chez moi, j’ai quarante oliviers dont je m’occupe régulièrement. C’est du boulot : il faut les tailler, ramasser les olives. Ça me permet de produire ma propre huile d’olives pour l’année, tout en faisant plaisir à la famille et les amis. Après, le football prend tellement de temps, entre regarder les matchs, préparer les siens, qu’il est difficile de se consacrer pleinement à autre chose. Je ne suis pas quelqu’un qui se disperse et j’aime avant tout me concentrer sur mon sport. »

Merci René Girard.