Christophe Landrin : "Nous n’avions aucune limite"

Il était l’ailier droit virevoltant de ce LOSC magique du début des années 2000, celui qui, en passant de la deuxième division à la Champions League en deux ans, prenait part à l’un des plus mémorables parcours qu’ait connu le club lillois. Robuste, rapide et puissant, Christophe Landrin a marqué l’histoire du LOSC. Une décennie après, LOSC.fr, qui donne la parole à un ex-Dogue à échéance régulière, a voulu savoir ce dont se souvenait l’ancien numéro 24 losciste.

Christophe, bonjour. En tant que pur Nordiste, que représentait le LOSC pour toi, quand tu étais enfant ?
C’était la grosse équipe de la métropole, le club de D1 que tous les gamins du Nord souhaitaient intégrer par le biais du centre de formation. Je suivais donc ses matchs avec intérêt, car au fond de moi, porter un jour ce maillot était un rêve...

…Devenu réalité quelque années plus tard. Te souviens-tu de ton arrivée au LOSC ?
Oui, très bien. Je jouais alors à Mouvaux, le plus souvent avec les Séniors A, à seulement 16 ans. Deux ans plus tard, on m’a proposé de faire un essai au LOSC dans le but d’intégrer le groupe PH, qui représentait alors l’équipe 3. Ça s’est bien passé et j’ai rejoint cet effectif un peu juste en nombre. Je me souviens même avoir disputé des matchs sans que nous soyons onze sur le terrain !

Et la suite ?
Un jour, le coach de la réserve, Hervé Gauthier est venu nous voir jouer au Stade Max, en face de Grimonprez-Jooris. Après la rencontre, il m’a demandé de m’entraîner avec l’équipe réserve. J’ai donc changé d’école et loué une chambre d’étudiant du côté de Montebello, car je passais le bac cette année-là. Je ne pouvais pas signer stagiaire puisque la date limite était passée, alors je suis resté sous contrat amateur. Puis ma chance m’a été donnée par Vahid Halilhodzic chez les pros. J’ai su la saisir et m’installer progressivement.

L’histoire (la tienne et celle du club) est alors en marche, puisque vous montez ensuite en Ligue 1 avant de connaître une destinée européenne.
Quand Vahid est arrivé, on était 17e de D2. Petit à petit, le LOSC a remonté la pente. On a d’abord loupé la montée d’un cheveu à deux reprises (1997-1998 et 1998-1999), avant de terminer champion avec 16 points d’avance la saison suivante. Une incroyable complicité existait entre nous sur le terrain. Ces succès, nous les avons bâtis non sans souffrance, avec un travail de fou en amont. Le coach basait sa méthode là-dessus et vu que les résultats suivaient, tout le monde adhérait. Nous n’avions aucune limite.

Y compris celle de découvrir l’Europe un an plus tard. Quels souvenirs gardes-tu de cette épopée ?
On a tous les matchs contre Parme (0-2, 1-0) en mémoire, surtout l’aller en Italie. Quand tu termines troisième de Ligue 1, tout le monde te parles de Champions League. Mais c’est faux, il restait la plus grosse marche à franchir, qui plus est contre une équipe de stars. C’était presque perdu d’avance. Et puis il y a cette improbable qualification au bout, une délivrance, un souvenir extraordinaire.

« L’intensité ressentie dans les résultats et le travail était unique. Je n’ai jamais revécu ça dans ma carrière »

Quand tu repenses à ces années, quelle image te vient en premier ?
Aujourd’hui encore, deux sentiments contradictoires se mêlent. Je revois cette joie immense lorsque nous gagnons à Monaco (1-2), synonyme de troisième place et donc de tour préliminaire de la Champions League. Mais cette époque correspond aussi au moment où nous avons appris la maladie de Christophe Pignol. Le groupe avait été humainement très touché par cette mauvaise nouvelle.

Peut-on dire que tu as vécu tes plus belles émotions de footballeur au LOSC ?
(sans hésiter) Complètement ! Je me souviens d’une phrase de Johnny Ecker qui me disait de savourer ces moments, car je ne les revivrais plus ailleurs. Sur le coup, je ne le croyais pas, mais avec le recul, je peux dire qu’il avait raison. L’intensité ressentie dans les résultats et le travail était unique. Peut-être parce que mes origines nordistes lui donnaient une dimension plus intense. Mais je sais que même les autres joueurs ne sont pas ressortis indemnes émotionnellement de leur passage au LOSC.

Quel regard portes-tu sur le LOSC d’aujourd’hui ?
Quand René Girard est arrivé, il a déclaré que le club faisait partie du Top 5 français. Je pense qu’il a raison, surtout avec les équipements dont il dispose aujourd’hui. Je suis venu au Stade Pierre Mauroy la saison dernière et je n’ai pas pu m’empêcher de repenser à cette conversation que j’avais eue avec Jean-Noël Dusé (Entraîneur des gardiens de 2001 à 2007). Il disait qu’on ne verrait jamais ce stade, qu’il s’agissait d’un serpent de mer vieux de 20 ans… Cela a mis du temps, mais quand on voit l’outil, ça vaut le coup d’avoir attendu.

Tu as raccroché les crampons il y a maintenant un an. Quels sont désormais tes projets ?
Je prépare actuellement mes diplômes pour me diriger vers la préparation physique… sans doute de vieux restes de l’époque de Vahid (rires). J’ai toujours été un joueur qui aimait l’effort. C’était d’ailleurs l’une de mes principales qualités sur le terrain. Je vis aujourd’hui à Saint-Étienne, mais c’est avec un grand plaisir que je reviens chez moi, à Lille, dès que je peux.

Merci à Christophe Landrin pour sa disponibilité.

Digest
Christophe Landrin
Né le 30 juin 1977 à Roubaix
Milieu de terrain droit
Clubs successifs : LOSC (1995-2005), Paris Saint-Germain (2005-2006), AS Saint-Étienne (2006-2011), AC Arles-Avignon (2011-2012).
Palmarès : Champion de France D2 (2000), vainqueur de la Coupe Intertoto (2004), vainqueur de la Coupe de France (2006)