Aurélien Chedjou : "Le LOSC reste à jamais gravé dans mon cœur"

PAR MEGDAN AREIAS

Huit ans après son départ, les supporters lillois ne l’ont toujours pas oublié. Aurélien Chedjou a été l’un des grands artisans du doublé coupe-championnat de 2011. De passage au Domaine de Luchin, le solide défenseur camerounais se remémore ces moments où le LOSC a fait chavirer toute une ville dans une joie incommensurable.  

Bonjour Aurélien. On fête ce mois-ci les 10 ans du doublé coupe-championnat. Quel souvenir te vient en tête lorsque tu penses à cet exploit incroyable ?

Tout simplement une bande de copains qui voulait gagner quelque chose et surtout la liesse qui a eu dans les rues de Lille. À l'époque, je me souviens des enfants, des parents, des grand-parents pleurer parce que ça faisait longtemps que le club n'avait plus rien gagné. De savoir qu'on a procuré cette joie à tant de gens, c'était vraiment quelque chose qui restera à jamais gravé en moi.
 

Le titre n’était d’ailleurs pas un objectif en début de saison...

C'est vrai, on voulait juste se qualifier en Champions League au départ. Car si mes souvenirs sont bons, la saison précédente, on manque la C1 sur un pénalty arrêté à Lorient. Après ça, on voulait disputer la coupe aux grandes oreilles. Donc on a pris match après match. Nous étions un groupe, pas juste un onze de départ. Je me souviens du match à Marseille, c'est Pierre-Alain Frau qui nous donne la victoire alors qu'il ne jouait pas souvent. C'est pour dire à quel point nous étions unis. Petit à petit, les journées passaient et on se disait : “pourquoi pas ?

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De cette période, on en ressort souvent le trio offensif mais il faut également se rappeler de cette défense solide que tu composais avec Rami, Béria et Debuchy...

Ce qui a fait la différence, c'est que le coach nous laissait jouer. Il nous autorisait à prendre des risques, à ne pas dégager à l'emporte-pièce. Il nous demandait de relancer proprement de derrière. Nous avions un Mickaël Landreau qui savait bien le faire également car il s'entraînait avec les joueurs de champ lors des séances d'entraînement. On retient beaucoup l'attaque mais, sans avoir les chevilles qui enflent (rires), c'est nous qui fournissions les bons ballons car le coach nous laissait la liberté de tenter des choses.
 

“LORSQUE JE SUIS ARRIVÉ À LILLE, ON M'A ACCUEILLI COMME UN ENFANT DE LA MAISON”

 

Quel est selon toi le moment charnière qui vous a fait comprendre que le titre était un objectif atteignable pour l'équipe ?

Je dirais le but de Rio Mavuba à Saint-Étienne parce que même aux entraînements ça n'arrivait pas ! (rires). Quand il a marqué, on s'est dit "franchement, rien ne peut nous arriver !". Je me souviens de ce but, j'étais bien dans l'axe. Lorsque j'ai vu qu'il s'apprêtait à frapper, je me suis dit "mince, pas lui, pas lui !" (rires). Et là, je vois les filets bouger !

Je me souviens d'un autre moment : c’était la grosse dispute entre Adil Rami et le coach dans le vestiaire à Monaco. On avait perdu ce match-là. Mais à ce moment, on s'est rendu compte qu'on pouvait se dire les choses, se crier dessus mais vraiment dans le sens du collectif. C'était dans l'objectif de construire quelque chose. Derrière, nous étions lancés. 
 

Dix ans après, le LOSC est à un match de pouvoir devenir à nouveau champion de France. Que penses-tu de cette équipe ?

Franchement, je prends plaisir à chaque fois que je vois les Dogues jouer. Ce sont des mecs qui ont du répondant physique. Je dirais même que cette équipe est plus physique que la nôtre à l'époque, plus compacte aussi. Boubakary Soumaré est un joueur qui m'impressionne beaucoup. Il a énormément de qualités. Je pense aussi à José Fonte qui joue comme s'il avait 22 ans. Sans parler de Burak Yilmaz, que je connais déjà d'Istanbul, la France le découvre aujourd'hui. Ce groupe est vraiment costaud. Je suis certain que nous serons champions à Angers. 
 

Huit ans après ton départ, tu restes un fidèle supporter du LOSC...

Comment ne pas l'être ! C'est ici que tout a commencé pour moi, que je suis devenu un homme. Même en dehors du football, mon premier fils est né ici. C'est ici qu'on m'a donné confiance, qu'on m'a montré que j'avais des qualités à exploiter. On m'a fait comprendre qu'en travaillant, je pouvais réaliser de belles choses. Moi qui suis passé de déception en déception, lorsque je suis arrivé à Lille, on m'a accueilli comme un enfant de la maison. Que ce soit en CFA ou chez les professionnels. Le LOSC reste à jamais gravé dans mon cœur. 

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AURÉLIEN CHEDJOU

Né le 20 juin 1985 à Douala (Cameroun)

Parcours : Pau FC (2003-2004), AJ Auxerre B (2004-2006), FC Rouen (2006-2007), LOSC (2007-2013), Galatasaray SK (2013-2017), Istanbul Basaksehir FK (2017-2019), Bursaspor (2018-2019), Amiens SC (2019-2020), Adana Demirspor (depuis 2020).
International camerounais (49 sélections, 1 but).

Palmarès : Champion de France 2011 (LOSC), vainqueur de la Coupe de France 2011 (LOSC), Champion de Turquie 2015 & 2020 (Galatasaray SK & Istanbul Basaksehir FK), Champion de Turquie D2 2021 (Adana Demirspor), vainqueur de la Coupe de Turquie 2014 et 2016 (Galatasaray SK), vainqueur de la Supercoupe de Turquie 2014, 2015, 2016 (Galatasaray SK).

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