Gerard Lopez se projette vers l’avenir avec enthousiasme et ambition

PAR MAXIME POUSSET

La Ligue 1 pour le LOSC, c’est samedi. À la veille du coup d’envoi de la saison, Gérard Lopez s’est longuement confié sur LOSC.fr. Ambitions, mercato, projet, Europa League, contexte sanitaire… Le Président du LOSC a évoqué les grands thèmes de l’actualité lilloise et en profite pour lancer un défi aux supporters. Entretien.

Quelles ambitions pour le LOSC en 2020-2021 ?

« Saison après saison, le LOSC évolue, grandit. Étant donné la nature de ses investissements, de ses infrastructures et de son effectif, je pense que notre club est aujourd’hui structuré pour viser le podium. Ça c’est l’ambition, mais on sait tous que la seule chose qui compte dans le football, c’est la réalité du terrain. Et pour que ça fonctionne, donc pour que cette ambition se concrétise, il faut continuer de travailler à fond, toujours plus, dans tous les domaines. »


Un LOSC encore très actif sur le mercato

« Le LOSC a encore beaucoup investi sur le mercato cet été, notamment sur des joueurs qui continuent de représenter et faire grandir notre projet. On démontre la montée en puissance de notre projet depuis trois saisons, notamment en établissant chaque année de nouveaux records historiques pour le club en termes d’achat de joueurs. Cette croissance nous permet de nous projeter vers l’avenir avec beaucoup d’enthousiasme et d’ambition, forts de très bons joueurs, d’éléments établis comme de talents en devenir et que nous faisons grandir avec une certaine efficacité. Nous commençons ainsi à voir arriver chez les pros notre première génération de joueurs issus de notre formation et de notre post-formation. L’objectif est de tendre vers un équilibre entre joueurs formés, post-formés au LOSC et investissements, toujours dans le but de rendre l’équipe plus performante. »


Un groupe de plus en plus talentueux

« Recruter un joueur comme Jonathan David en cette période où les gros investissements sont plutôt rares dans le football, c’est un acte fort. Jonathan est un joueur hyper talentueux qui s’inscrit déjà parfaitement dans notre collectif. Il représente l’un des nombreux talents de notre club qui s’est encore renforcé cet été, comme l’été dernier, comme depuis trois saisons. Les arrivées de Burak Yilmaz, Sven Botman, Isaac Lihadji, Eugenio Pizzuto pour ne citer qu’eux en sont des illustrations aussi. Le LOSC continue de grandir, son effectif se renforce et développe chaque année son état d’esprit, son humilité et son goût pour le travail. Et c’est ce qui fera la différence. »

« La chose la plus importante au moment de débuter la saison consiste à former un groupe talentueux qui fonctionne bien ensemble sur le terrain et dans le vestiaire. C’est là-dessus que tout se construit. C’est là-dessus que vient se mettre en place le système, l’animation, les automatismes… C’est toujours plus simple de partir d’un bloc homogène qui se comprend et travaille bien collectivement. Au LOSC, nous avons la chance de l’avoir. Les réglages vont donc se mettre en place progressivement. »

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Le LOSC renforce son influence au sein du foot français

« Le projet du LOSC est aujourd’hui mieux compris par les observateurs du football. Les gens se rendent compte que nous avons investi 250 millions dans des joueurs ces dernières années. À part le PSG et peut-être Monaco, personne n’est à ce niveau ces trois ou quatre dernières saisons en France. Mais au-delà de l’investissement, le LOSC est aussi reconnu pour sa valeur sportive en termes de résultats, surtout avec un groupe aussi jeune. Et ça, j’en suis très fier. Je suis fier pour l’institution, fier pour le club de voir le LOSC compter de plus en plus dans le panorama du football français. »


Une préparation forcément particulière

« La préparation a été spéciale cet été, que ce soit au LOSC ou ailleurs. Elle est loin de la préparation qu’on aurait voulu avoir en temps normal. Il faut l’accepter. Il y a beaucoup de travail qui a été réalisé par le staff, Christophe (Galtier) et Luis (Campos) en termes d’organisation, de conditions de travail, de nutrition… Pour qu’elle se passe le mieux possible, car tout se joue sur des détails. Je pense que ce début de championnat va être assez particulier pour tout le monde. Je ne serais pas étonné, – derrière le PSG à qui je souhaite au passage la victoire finale en Champions League – de voir des équipes créer la surprise sur les premiers matchs, parce que chacun a connu une préparation un peu particulière, des clubs ont été plus affectés par le COVID-19 que d’autres, des joueurs sont arrivés plus tôt ou plus tard… C’est une drôle de saison qui a pris fin en mars et c’est aujourd’hui une drôle de saison qui commence. »


Répondre présent en Europa League

« L’Europa League n’est peut-être pas aussi prestigieuse que la Champions League, mais c’est une compétition au niveau très relevé, qui peut s’avérer piégeuse avec notamment des déplacements plus lointains. Il est clair qu’on aimerait réaliser de belles choses dans ce tournoi. Mon grand regret de la saison dernière restera ce manque d’expérience et de résultat en Champions League. On l’a d’ailleurs vu avec Lyon face au Bayern en demi-finale : la différence dans cette compétition se fait sur le réalisme. L’équipe qui aurait pu se retrouver menée de deux buts après 15 minutes finit par l’emporter 3-0. C’est la dure loi de l’Europe et les clubs français doivent commencer à se décomplexer. C’est comme s’il y avait un symptôme, un état d’esprit qui fait que nous sommes parfois moins conquérants en coupes d’Europe que des clubs d’autres championnats pas forcément meilleurs que le nôtre. J’espère que les parcours du PSG et de l’OL cette saison feront évoluer cela. Ce sera alors au LOSC de suivre ce chemin à l’avenir. »

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Une jauge limitée à 5 000 personnes

« Nous vivons une période assez complexe qui nous oblige à jouer avec une jauge de 5 000 spectateurs. À mon sens, une certaine logique n’est pas respectée puisqu’on nous demande de ne pas dépasser cette limite, pendant que d’autres événements se tiennent avec la même jauge dans une arène de 8 ou 9 000 places, donc avec un taux de remplissage à 70%. Ce qui est nettement plus risqué qu’un stade de 50 000 places rempli à 40 ou 50%. Il y a à mon avis un travail à faire là-dessus. On va essayer, je sais que la Ligue et les clubs s’y attèlent. Le but n’est évidemment pas de créer un environnent risqué, mais au contraire d’essayer de démontrer que cette jauge figée devrait peut-être être revue à la hausse pour des arènes de plus grande capacité, le tout dans le total respect des protocoles sanitaires. On verra. Mais moi, ce qui me manque beaucoup, ce sont les supporters et l’ambiance au stade. »


Et la suite ?

(il réfléchit longuement) « La réalité, c’est d’abord qu’on ne sait pas ce que cette pandémie va changer dans le monde. Je suis de ceux qui espèrent qu’on arrivera à une sorte de normalité au bout d’un moment. J’ai réellement l’espoir que la réalité d’aujourd’hui ne soit pas celle de demain, car cela ferait de notre vie de tous les jours un roman Orwellien. Le football se joue dans des conditions qui nécessitent un contrôle strict. Si jamais cette réalité doit s’imposer à nous pour encore plusieurs mois, alors nous devons travailler et encore travailler sur les protocoles, de façon à être capables de faire revenir les supporters au stade avec le moins de risques. Nous devons travailler main dans la main avec les autorités. »


Un défi lancé aux supporters lillois

« J’aimerais simplement dire à nos supporters que nous travaillons d’arrache-pied pour pouvoir les accueillir au stade dans les meilleures conditions de sécurité. Parce que le football sans fans, ce n’est pas le football. Les supporters font partie intégrante des clubs. Le LOSC existe aussi par et pour ses supporters. Et pour moi, de ne pas avoir tous nos supporters dans les tribunes, dans les virages, de ne pas pouvoir offrir notre spectacle à tous ceux qui composent notre tissu social et émotionnel, c’est difficile à vivre. J’aimerais donc simplement dire aux 5 000 supporters lillois qui seront dans les tribunes du Stade Pierre Mauroy samedi contre Rennes qu’ils devront faire autant de bruit qu’à 50 000. C’est un peu mon challenge, le défi que je leur lance aujourd’hui. Et je pense qu’ils en sont capables. »