​Rio Mavuba : "Rien à leur envier"

Bonjour Rio, tu étais présent lors de ce France-Allemagne en quart de finale de la Coupe du Monde 2014 (0-1 pour l’Allemagne qui sera sacrée championne du monde par la suite). Quel souvenir en gardes-tu ?

Beaucoup de frustration parce qu’on n’avait pas le sentiment que les allemands nous avaient vraiment bougé. Ils ont ouvert le score rapidement et derrière, ils se sont contentés de gérer le match. Malgré deux ou trois situations bien captées par Neuer, il y a eu énormément de déception parce qu’on avait le potentiel pour aller jusqu’au bout. Bien que la France possédait une génération en construction, il y avait du talent et je garde donc un goût amer de cette rencontre.



De l’extérieur, malgré la défaite, on avait quand même le sentiment de sortir la tête haute… 

Oui clairement. D'ailleurs, au-delà du terrain, il y a aussi cet aspect où on disait que les supporters français n’étaient pas derrière l’Équipe de France ou qu’ils l’aimaient moins. Pourtant, nous avions vraiment ressenti un engouement populaire, surtout après le match France-Suisse (5-2 en match de poule).

 

On revoit tous cette image à la fin de ce France-Allemagne avec les larmes d’Antoine Griezmann, et toi pour le consoler…

C’était très touchant, moi-même j’étais très déçu. De voir des jeunes comme Antoine qui versent des larmes, c’est dire la frustration qui subsistait après le match. Forcément, j’étais dans mon rôle en allant lui remonter le moral. Bien qu’il y ait une déception collective, chacun la vit à sa manière. 



Toi qui as vécu ce match avec le groupe, penses-tu qu’il y aura ce soir un sentiment de revanche ou contraire, une peur de revivre la même chose ?

Je pense que cette défaite est restée dans l’esprit des joueurs. Il ne faut pas oublier qu’ils nous ont "gâché" notre Coupe du Monde, surtout que derrière ils deviennent champions du monde… Je ne sais pas si on peut parler de revanche car les effectifs ont évolué depuis deux ans. Mais évidemment, on a envie de leur faire vivre ce qu’ils nous ont fait vivre, surtout que nous sommes à la maison. C’est un vrai palier pour montrer que la France a progressé.



Que réponds-tu aux personnes qui clament que l’Allemagne est le premier "gros" adversaire sur la route des Bleus pendant cet Euro ?

Il faut se dire la vérité, les équipes que nous avons rencontrées ne font pas partie des meilleures nations, sans manquer de respect à la Suisse qui est une belle équipe, mais qui s’est fait éliminer prématurément. Maintenant, nous n’y sommes pour rien. En rencontrant l’Islande en quarts de finale, ce n’est pas de notre faute si l’Angleterre a perdu contre eux en huitième de finale ! Après, cela peut faire partie de la chance du champion parfois… Et on sait que Didier Deschamps en a (de la chance)… (rires).



Par quels ingrédients passerait une victoire française ?

Si on repense au match de 2014, on encaisse le but sur coup de pied arrêté et en général, c’est une faute de concentration. La base sera de rester bien concentré. Avec les talents qu’on possède, il y a un fort potentiel offensif, il faudra bien s’appuyer là-dessus. Je pense qu’en 2014, on était un peu timoré parce que nous étions en construction et l’Allemagne faisait office d’épouvantail. Cette fois-ci, je pense que nous n’avons rien à leur envier. Et un joueur comme Griezmann peut leur faire mal, comme il l’a déjà montré contre le Bayern Munich cette saison en Champions League.…

À l’inverse, quelles seront les forces de l’Allemagne ?
Je n’ai pas l’impression que les allemands se soient fait "rentrer dedans" durant cet Euro. Ils ont une grosse possession de balle, il faudrait donc qu’on les batte là-dessus et les faire courir un peu. Selon moi, s’il y a un joueur qu’il faut surveiller, c’est Toni Kroos. Il va falloir lui mettre une grosse pression pour ne pas le laisser jouer et distribuer des ballons aux grands attaquants que possède l’Allemagne.

Comment sens-tu ce match personnellement ?
Je suis optimiste. Cela va être difficile, bien sûr. Mais cette année, il y a ce petit "quelque chose" qui fait qu’on peut les battre, surtout qu’on joue à la maison avec nos supporters pour nous encourager. Je n’ai pas trouvé les allemands très sereins non plus. Je les ai vus jouer contre l’Ukraine et la Pologne et ils me donnent l’impression d’être moins souverains. Après on connaît les allemands, ils jouent avec confiance.

Un petit pronostic ? 

Allez… Disons 1-0 !



Allez-vous suivre ce match tous ensemble entre joueurs ?

Ce serait sympa de regarder le match tous ensemble oui, on va essayer de prévoir quelque chose. J’espère qu’il y aura un écran pour qu’on se réunisse tous.



À titre personnel, te voilà parti pour le stage de préparation. Es-tu prêt à suer à grosses gouttes ?

Déjà avant le stage, à Luchin, on a bien souffert (sourires). C’est sûr que les choses vont s’accélérer un peu mais je suis prêt à affronter tout ça.


Merci à Rio Mavuba d’avoir répondu aux questions de LOSC.fr