En route vers la 400e ? (2/2)

PAR FRÉDÉRIC COUDRAIS

Le 10 janvier 2004, un petit nouveau débarquait sur la planète Ligue 1 sous la tunique bordelaise pour un premier match parmi l’élite à Montpellier (victoire 1-2). Douze ans plus tard, Rio Mavuba (31 ans) est toujours là, au gré d’une riche carrière avec Bordeaux, Villarreal, le LOSC et les Bleus. Et depuis 2008, la capitaine du navire lillois défend fièrement le maillot des Dogues. Hasard ou coïncidence, c’est à Montpellier qu’il devrait atteindre ce samedi la barre des 400 rencontres parmi l’élite (127 avec Bordeaux, 272 au LOSC). Forcément, ce cap est l’occasion d’ouvrir la boîte à souvenirs… Seconde partie.

N°250 : un but capital sur la route du doublé

ASSE-LOSC 1-2 (De Melo, Mavuba, J35, le 10/05/11)

« Ce but, le seul de ma saison, restera certainement comme le plus important de ma carrière. Avant ce déplacement dans le Chaudron, on sentait la pression de Marseille qui tentait de revenir sur nous. Aller gagner à Geoffroy Guichard n’est jamais simple. Au final, on s’impose 2-1 et je mets le second but. Je pense que là, ça commençait vraiment à sentir bon pour le titre. On se l’est d’ailleurs dit à l’issue de la partie. En plus, je marque d’une frappe de loin. Je me suis bien fait chambrer et je me souviens de cette communion entre nous après le but (il rit). Je prends quelques gifles, je vais vers le banc, je ne sais même pas pourquoi. Mais ça reste quelque chose de très fort. »

N°252 : deux trophées à jamais gravés dans l’histoire

PSG-LOSC 2-2 (Obraniak Sow, le 21/05/11, J37)

« Avant de gagner une coupe ou un championnat, on ne peut pas mesurer l’émotion que ça procure. Alors imagine, en gagner deux en l’espace d’une semaine (le LOSC remporte la Coupe de France contre… le PSG, 1-0, le 14/05). Ce qu’on vit à ce moment-là, c’est très rare dans une carrière de footballeur. Nous, on a eu cette chance. Forcément, cela marque une vie de sportif de haut niveau, ça crée des liens pour toujours avec tous ceux qui étaient dans ce groupe. Je me souviens que dans le vestiaire, on était dans un état second, sans réaliser l’exploit que l’on venait de signer avec ce doublé. Ce souvenir est gravé en moi pour toujours. Ce qui ressort, c’est la joie des gens, la liesse et la communion avec nos supporters. Il n’y pas de mot pour décrire à leur juste valeur ces moments, mais je suis très fier de les avoir vécus, en plus comme capitaine…»

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N°291 : une page se tourne, une autre s’ouvre

LOSC-ASNL 4-1 (Hazard X3, De Melo, le 20/05/12, J38)

« Tout un symbole, pour cette ultime sortie au Stadium : Eden Hazard, qui dispute son dernier match avec le LOSC, porte le brassard de capitaine. Et je le remplace dans le temps additionnel. Un moment fort, car il s’agit du départ de notre pépite. Depuis le temps qu’il me demandait d’avoir le brassard. Il voulait au moins une fois être capitaine, avec le numéro 10 dans le dos. Il l’a fait avec le LOSC et en plus, il a bien assumé ce rôle puisqu’il marque un triplé. Eden a su emmener l’équipe comme il le fallait. Nous avons écrit dans ce stade l’une des plus belles pages de l’histoire du club. L’année post titre avait été bien gérée car on termine troisième, décrochant au passage une nouvelle qualif (via le tour préliminaire) pour la Champions League. On a aussi lutté pour le titre jusqu’à la 37e journée. »

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N°293 : et on démarre une autre histoire…

LOSC-ASNL 1-1 (Kalou, le 17/08/12, J02)

« Je constate avant tout que c’est la troisième fois que j’évoque des souvenirs contre Nancy (sourire). Cette première au Stade Pierre Mauroy est un autre moment important dans l’histoire du LOSC. Quand j’arrive au club en 2008, j’entends parler de ce nouveau stade, comme d’autres avant moi. Et quand on me parle d’une livraison pour 2012, cela me paraît vraiment loin. Au final, on y est. Je me souviens aussi que nous étions quelques joueurs à ne pas avoir vu l’enceinte finie car nous étions en sélection. On ne s’était donc pas entraîné dedans comme le reste du groupe. Nous avions découvert l’arène le jour du match. C’est assez impressionnant de passer du Stadium à ce lieu ultramoderne. On regrette juste de ne pas avoir gagné, mais ça reste malgré tout un très bon souvenir. Je retiens également que cette saison-là, je me suis fait opérer deux fois du ménisque, j’ai donc moins joué (19 rencontres en L1). »

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N°329 : Le jour où Rio a défié Zlatan

PSG-LOSC 2-2 (Mavuba, Kalou sp, le 22/12/13, J19)

« Je pense que cela a été notre plus belle prestation en 2013-2014. Ce jour-là, même si nous sommes dans une bonne spirale, on arrive au Parc des Princes avec un statut d’outsider. Le PSG est hyper favori. Au final, on répond présent, en mettant l’agressivité nécessaire dans notre jeu pour contrarier les Parisiens. On parvient à rivaliser sur ce match, à leur tenir tête, même si on se retrouve mené au score. Et comme un symbole, je marque au Parc. Tout de suite, je me dirige vers les supporters lillois. Ça reste un moment fort, surtout qu’à la fin de cette saison-là, on termine sur la troisième marche du podium alors qu’on n’était forcément attendu à cette place au départ.  Zlatan ? (il se marre) Cela a fait le buzz, mais franchement, sur le coup, je ne sais pas qui est derrière moi. Voilà, je suis tombé sur le grand (rire)… »

N°366 : un discours qui fait mouche…

LOSC-OL 2-1 (Gueye, Lopes, le 28/02/15, J27)

« Un moment charnière pour nous, car derrière ce match-là, on a pu montrer un autre visage du LOSC dans cette deuxième moitié de la saison. Je me souviens qu’on n’était vraiment pas bien. On reçoit le leader du championnat qui mène 1-0 à la pause. On sentait une certaine tension dans le stade. Pendant la mi-temps, le coach nous parle, puis on retourne sur la pelouse et je parle également à mes partenaires. Je ne sais pas si cela a eu de l’impact, mais en tout cas, on a été d’entrée plus conquérant, plus agressif, à l’image du but marqué par Idri (Gueye). On sent qu’il y va alors que le défenseur ne l’attend pas là. Après cette égalisation, on surfe sur un nouvel élan et Rony (Lopes) met le second but. Ce match nous a fait énormément de bien pour la suite. On a pu assurer au plus vite notre maintien et derrière, on se bat même pour l’Europe… Bien sûr, nous aurions aimé finir plus haut que cette huitième place. »

N°400 : à Montpellier, là où tout a commencé…

« C’est un cap important dans une carrière. Depuis mon premier match, aller à Montpellier reste toujours un rendez-vous particulier. Alors c’est vraiment tout un symbole de franchir le cap des 400 matchs de Ligue 1 dans ce stade. J’espère que ça ne sera pas mon dernier (il explose de rire). Durant toute ma carrière, je me suis dit que ma 400e devait se dérouler à la Mosson, là où tout a commencé. Alors parfois, j’ai simulé des blessures, parfois j’étais suspendu, car je voulais vraiment que ça se passe ici. Je plaisante. Plus sérieusement, le destin me ramène à Montpellier, même si cela aurait été bien aussi pour moi que ça soit à domicile, devant notre public. Mais avant tout, je retiens l’importance du match et il sera d’autant plus symbolique si la victoire est au bout. Un succès 1-2 comme lors de mon baptême du feu ? Oui, ça serait parfait, avec deux buts de nos jeunes, ça me va. Maintenant, je continue à regarder devant. À moi de faire en sorte de pouvoir enchaîner les matchs et pourquoi pas aller jusqu’au 500e ? Ce qui est certain, c’est que j’ai encore envie de beaucoup donner car je prends du plaisir et parce que le LOSC est un club qui compte pour moi. Et petit message pour Loulou Nicollin : pour ma 400e, il peut m’offrir 400 maillots (rires). »

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Merci Rio Mavuba et rendez-vous samedi à Montpellier.