Laurent Peyrelade : "On se sentait invincibles !"

Son nom sera pour toujours associé à cette incroyable équipe lilloise passée de la Ligue 2 à la Champions League en l’espace de deux saisons. Treize ans après cette formidable aventure humaine et sportive, Laurent Peyrelade n’a rien oublié de son épopée lilloise. Il raconte.

Laurent, bonjour. Ton histoire avec le LOSC a débuté à l’été 1997. Quels souvenirs gardes-tu de ce moment important de ta carrière ?
Je me rappelle que le club venait juste d’être relégué en deuxième division lorsque j’y ai signé. À l’époque, j’appartenais encore au FC Nantes mais je sortais d’une saison en prêt au Mans, en D2. Et quand le coach manceau, Thierry Froger, a été nommé entraîneur du LOSC, il m’a proposé de le suivre. Je n’ai pas hésité une seconde, même si j’avoue qu’au départ, cela n’a pas été facile de changer de vie. Jusqu’à ce que je me rende assez vite compte que le Nord est une belle région.

Quelle image avais-tu du LOSC à ton arrivée ?
Je le voyais comme un club de l’élite avec un stade de D1 et un effectif bâti pour ce championnat. Beaucoup de joueurs du groupe avaient connu la première division. D’ailleurs, nous avions commencé cette saison 1997-1998 en trombe. Mais avec le recul, je me dis que c’est peut-être ce qui nous a coûté la montée cette année-là. On s’est certainement trop vite mis en confiance. Au final, on a raté ce retour en D1 au goal-average… Et ce pendant deux saisons de suite, même si lors de la seconde, on partait de plus loin ! Ce fut un énorme gâchis. Car il y avait la place pour remonter tout de suite.

Et comme souvent dans ces cas-là, la troisième année a été la bonne…
Honnêtement, en 1999-2000, on savait qu’on irait au bout après seulement dix matchs. Le travail des années précédentes, les nouveaux joueurs, la notion de groupe, le discours du coach… bref, la mayonnaise a tout de suite pris. Une fois la machine lancée, on a réussi à surfer sur cette vague. On se sentait invincibles. Au plaisir pris au quotidien, à l’entraînement ou en matchs, je pense que cette saison a été la plus aboutie de ma carrière. Je la place même au-dessus de la suivante en Ligue 1 !

Vraiment ?
Oui, nous avions la sensation que rien ne pouvait nous arriver. Il y avait tout, le niveau de jeu, l’ambiance… On aurait pu mettre ce groupe-là dans n’importe quel club de Ligue 2 aux conditions d’entraînement limitées, il serait quand même monté. Le secret ? Je ne vais pas être très original si je parle de travail, mais c’est la vérité. On bossait beaucoup. Or quand on veut que les choses arrivent, il faut s’en donner les moyens. Et en règle générale, ceux qui travaillent dur et bien sont récompensés à un moment ou à un autre.

Lorsqu’on évoque Laurent Peyrelade à n’importe quel supporter lillois, il en ressort souvent la même image : ce but décisif à Monaco (1-2, le 19/05/01) qui contribue à la qualification du LOSC en Champions League. Est-ce ton meilleur souvenir ?
(il réfléchit) Oui et non. C’était à la fois un bon et un mauvais moment. Bien sûr, il aidait le club à gagner son billet pour la coupe d’Europe. Sur le moment, ce fut une joie immense. Dans le même temps, je savais qu’il s’agissait de mon dernier match au LOSC. J’étais à la fois triste et déçu de terminer cette aventure. Pour moi, la plus grosse émotion vécue sous le maillot lillois reste sans doute la montée ou mon but à la dernière seconde dans le derby contre Lens (2-1, le 24/10/00).

À l’époque savais-tu que le LOSC emprunterait cette trajectoire pour devenir aujourd’hui un club qui compte dans le paysage du football français ?
C’est une suite logique. Le LOSC a été un immense club de l’après-guerre, avec beaucoup d’internationaux et des titres en rafale. Le fait qu’il s’agisse d’une grande métropole lui offre aussi un important potentiel public et sponsors. On savait donc tous qu’un jour, ça repartirait. Mais on était loin de se douter qu’il se doterait d’un aussi beau stade. Pourtant, on en parlait déjà en 1997. Dix ans après, la première pierre n’avait pas encore été posée. Quand on voit le rendu, cela vaut le coup d’avoir attendu.

Quel fut ton premier sentiment en découvrant ce Stade Pierre Mauroy ?
Je suis venu ici à trois reprises. Et à chaque fois, je me suis fait la même réflexion : "qu’est-ce que j’aurais aimé jouer ici, avec cette équipe". Le simple fait de penser à cela me rajeunit (sourire). Cette enceinte est vraiment magnifique, c’est un outil fantastique pour le LOSC qui se positionne désormais comme un grand club français, non seulement par cette structure, mais aussi grâce à son centre de formation et son camp d’entraînement. Il n’a plus rien à voir avec ce à quoi il ressemblait à la fin des années 90.

Quel regard portes-tu sur la saison accomplie par les Lillois ?
Elle est forcément positive. Parvenir à lutter pour un strapontin en Champions League derrière les deux mastodontes que sont le PSG et l’AS Monaco, c’est énorme et surtout mérité sur l’ensemble de la saison. Sans ces deux clubs précités, le LOSC aurait même été armé pour jouer le titre. René Girard a su tirer le meilleur de son groupe. Il a fait au mieux avec les moyens mis à sa disposition. Chapeau !

Merci à Laurent Peyrelade #WeAreLOSC

Laurent Peyrelade

Né le 07/04/1970 à Limoges (87)
Attaquant

Clubs successifs : ESA Brive (1990-1993), Pau FC (1993-1994), ESA Brive (1994-1995), FC Nantes (1995-1996), Le Mans (1996-1997, prêt), LOSC (1997-2001), Sedan (2001-2002), Le Mans (2002-2005)

Entraîneur Adjoint du Mans en 2009, Laurent Peyrelade est aujourd’hui à la recherche d’un poste d’éducateur dans un centre de formation