75 ans LOSC : François Bourbotte, le premier capitaine

PAR PATRICK ROBERT

Visage émacié et anguleux, joueur de haute taille, François Bourbotte était un défenseur comme les années 40 et 50 en produisirent beaucoup. Rigoureux, dur sur l’homme, professionnel exemplaire. Il accomplit une fort belle carrière, uniquement dans le Nord-Pas De Calais, à une époque où l’on ne s’expatriait pas, où l’on répugnait même à jouer trop loin de sa contrée natale !

Né le 24 Février 1913 à Loisonsous- Lens, François Bourbotte commença le football à Vendin-le-Vieil, avant d’attirer l’attention d’un grand club formateur du Bassin Minier : l’E.S. Bully. En 1932, il remporta la Coupe de France Juniors, ancêtre de la Gambardella et le grand demi longiligne se montra tellement à son avantage qu’il fut invité à rejoindre les rangs du S.C. Fives. Il y fit sa première apparition en équipe pro en 1936, à l’âge de 23 ans. Titulaire indiscutable et précieux équipier, il fit évidemment partie de la première équipe du LOSC, après la fusion de 1944, lui l’international aux dix-sept sélections et qui a participé à la Coupe du Monde 1938 en France.
 

300 FRANCS DE CHAMPAGNE. LA COUPE EST PLEINE

 

Joueur fidèle et expérimenté, François Bourbotte fut le premier capitaine du LOSC, nommé par l’entraîneur anglais George Berry. C’est à ce titre qu’il souleva la première Coupe de France gagnée par le LOSC, le 26 mai 1946 contre le Red Star (4-2). Malheureusement, cette belle histoire d’amour allait être bêtement gâchée. Ce 17 novembre 1946, l’équipe du LOSC revient de Paris où elle est allée battre le Stade Français (2-0). Dans le train, on rit, on chante, on joue aux cartes sous l’œil bienveillant de M. Wauquier, Trésorier du club. À un moment, les joueurs commandent du champagne pour arroser la victoire ! La note du wagon restaurant est de 300 Francs. … que M. Wauquier, soucieux des deniers du club, refuse catégoriquement de payer. “Ce n’était pas prévu !” tente-t-il de justifier. Le climat se tend, le ton monte, quelques noms d’oiseaux volent dans les compartiments. Le grand Bourbotte se lève et s’écrie de sa voix caverneuse : “De toute façon, nous n’avons pas besoin des dirigeants. C’est nous qui gagnons les matchs. Pas eux !

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BOURBOTTE, PREMIER DÉTENTEUR DU… BÂTON DE BOURBOTTE

 

p21_Bourbotte-1_1.jpgLe joueur est convoqué le lendemain devant le Comité Directeur. Abasourdi, il s’entend infliger une suspension de contrat… sauf s’il consent à rédiger une lettre d’excuses. Pour qui connaît François Bourbotte, on ne transige pas, on ne s’excuse pas… Donc, six mois après avoir fièrement brandi la Coupe de France, le capitaine lillois quitte le LOSC et s’en va terminer sa carrière de joueur à la J.A. Armentières. À partir de 1950, il se tourne vers le métier d’entraîneur. Jusqu’en 1956, il tiendra les rênes de l’US. Boulogne. François Bourbotte meurt le 15 décembre 1972. Il n’avait pas encore 60 ans.
Aujourd’hui encore, son nom continue d’occuper l’actualité du football français en raison du Bâton de Bourbotte, un trophée-témoin virtuel et honorifique qui se gagne en battant son détenteur. Le capitaine du LOSC, premier champion d’après-guerre, en fut donc rétrospectivement le premier propriétaire et point de départ.